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Léo Ferré › Et... basta !

  • 1974 • Barclay 920.449 • 1 LP 33 tours

détail des votes

Membre Note Date
sourdicus      dimanche 9 janvier 2011 - 13:46
Raven      samedi 3 octobre 2009 - 19:53
Galinha      jeudi 19 décembre 2013 - 14:16
NevrOp4th      jeudi 15 octobre 2009 - 13:32
floserber      samedi 3 octobre 2009 - 17:07

cd • 1 titre • 35:17 min

  • 1Et... basta !35:17

informations

1973

L'édition originale chroniquée ici ne comprend que le titre "Et... basta !". Sur la réédition CD a été ajoutée, en complément de programme, la chanson "Ni dieu ni maître", ce qui permet certes de finir d'une manière moins abrupte, mais qui affadit un peu l'entreprise extrême d'un disque contenant uniquement la fameuse plage-titre.

line up

Marc Chantereau (percussions), Léo Ferré (voix, piano, claviers), Juan Carlos Cedron, Paco Ibañez (guitares)

chronique

Avec "Il n'y a plus rien", Léo Ferré parvenait à un équilibre miraculeux entre manifeste rageur et chanson en bout de course, magnifiée par le désespoir ; entre étalage de douleur intime et hauteur de vue souveraine. Que faire, que dire après des sentences qui avaient tout brûlé derrière elles et promettaient de ne laisser que le vide ? Rien, sans doute. Le silence eût été la seule posture honnête. Mais le vieux lion est encore plein de vie, il ne veut cesser de rugir. Alors il ouvre encore sa gueule... et l'équilibre est rompu. "Et... basta !" est donc un saut dans le vide, ni plus ni moins. Une sorte de gros "fuck you" balancé à la face de la société (ça, on connaît) mais aussi à la face de sa maison de disques, de son public, de l'auditeur lambda. Plus de musique, mais, simplement parlé, lu ou improvisé, son journal intime en impressions poétisées, sa vie, ses réflexions, anecdotes, coups de gueule, sous une forme plus ou moins allégorique. Léo nous parle... il s'accompagne de temps en temps d'un piano, dont les harmonies très libres et les souples mélodies en filigrane n'ont pas été sans me faire penser à du Keith Jarrett des débuts en solo, aussi incongru que cela puisse paraître. Et cette douceur charme d'ailleurs l'oreille. Parfois, un orgue ou des espagnolades à la guitare prennent le relais. Souvent, il n'y a que le silence dans l'arrière salle. Le poète est seul face à nous, ou plutôt, face à ses propres démons, tant le souci de "plaire" à quiconque semble bien être son dernier ici. Voilà ce qui fait la force de cette galette (je vous balance trente-cinq minutes de mon journal intime et je vous emmerde) tout en en faisant également la limite. Intime, trop intime... certains se sentiront fatalement abandonnés sur le seuil. Il y a un moment fugace du disque où apparaissent les vagues contours de ce qui aurait pu être un autre chef-d'oeuvre halluciné : lorsqu'on entend les chuchotis du chanteur en re-recording se répondre à lui-même soliloquant. Mais le monologue nu revient sans tarder pour ne plus cesser. En ce qui concerne le contenu ? Une histoire de morale entre lui et lui-même, l'artiste qui oui ou non se prostitue, mai 68 oui ou merde, les femmes ("Te marie pas !" vocifère-t-il-il encore en 1973, et il se remariera l'année suivante.) Bien sûr, il y a de vrais moments d'émotion, lorsque la voix de Ferré se gonfle comme la vague et vient se briser contre les rochers de la révolte, ou s'échouer sur la plage des tristesses du passé (eh oui, moi aussi je suis un grand poète, je sais). "Dépoitraillez-vous et venez vous réchauffer au sein de ma métaphore." Certains frissonneront, certains adoreront entendre cette complainte (parfois drôle, d'ailleurs) délivrée "entre-quat'z-yeux" ; et je les comprends parfois, lorsqu'au moment précis où j'écoute ce disque, je me sens par telle sentence de Léo dans une communion d'âme avec lui. Mais ces moments sont trop rares, ou trop changeants. Comme il le dit lui-même : "les souvenirs n'ont pas de talent ; ils végètent dans un coin du cerveau". Cependant, pour ses fulgurances et son côté jusqu'au-boutiste, je ne peux mettre moins de 4 sur 6 à ce disque. "Ni Dieu, ni maître, ni femme, ni rien, ni moi, ni eux, et basta !"

note       Publiée le samedi 3 octobre 2009

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    (la note me paraît un bon compromis même si amha il s'agit d'un de ses plus 'gutsiens'... se l'enfiler en entier relève un peu du masochisme, je le ressors le + souvent pour n'en prendre que des bribes étant donné que c'est écartelé avec des évasions fugaces dans tous ses mondes intérieurs; perso je me délecte de chaque coup de canif quand d'autres auront tôt fait de lui hurler "mais tu vas fermer ta gueule à la fin !" Ferré frappe dans tous les sens, parfois dans le vide, mais le plus souvent dans le bide...)

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    "Je suis un migratoire, un migratoire, Je suis un vieux corbeau qui court après une charogne comme un chien de course après le leurre, Je suis un vieux corbeau de la plaine où je vais m'englânant des trucs dégueulasses, de vieilles graines d'homme qu'on a trop employées. Je suis un vieux corbeau qui court après une corbeaute"

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    Arno Envoyez un message privé àArno

    Je ne savais pas qu'il était monégasque...