Atom Infant Incubator › Copula

Un squelette de monstre conjoint, une colonne vertébrale à l'intérieur du livret avec une vertèbre associée à chaque titre : côté visuels, Atom Infant Incubator va droit à l'essentiel et promet de bons moments. Musicalement, on a le droit à une version sordide de Mercantan : atmosphère sinistre et bouillonnante, nappes minimalistes mais efficaces, souffles acousmatiques se diffusant tels des vapeurs délétères de part et d'autres de l'auditeur ; l'heure n'est manifestement pas à la rêverie ni aux activités érotiques en dépit du titre de l'album : la tension est telle sur des titres comme Segment 3-4 qu'il devient difficile de savoir où s'arrète l'esthétique et où commence le véritable cauchemar. On respire lorsque les synthés nous donnent à saisir un son un peu vieilli et reconnaissable ; on retient son souffle lorsque reviennent les segments les plus abstraits aggravés d'overdubs ressurgissant de l'outre-monde pour mieux nous happer dans leurs rets. On termine la promenade avec la désagréable impression d'avoir traversé un cimetíère en ayant ouvert tous les cercueils afin d'apprécier les différents états de décomposition et la variété de couleur des chairs pourrissantes, tout en se demandant si l'on a bien tout remis en place ou si l'odeur qui nous poursuit provient d'ailleurs que sous nos semelles. Dans le genre, on a fait bien plus original ; on a aussi fait bien moins saisissant.