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Cluster › Cluster

cd • 3 titres • 44 :24 min

  • 115 :33
  • 25 :38
  • 321 :17

informations

Enregistré aux Star-Musik Studios, Hambourg, Janvier 1971 - Produit par Cluster et Conny Plank – Digital Remaster par Souichirou Nakamura à PEACE MUSIC, Tokyo, Japon en 2007

Réédité en cd sous le nom de « Cluster 71 » sur Sky et Captain Trip. – Pochette de l’édition Captain Trip (ci-présente) réalisée par Dieter Moebius.

line up

Conny Plank, Hans-Joachim Rœdelius (orgue, violoncelle, générateur audio, amplificateur, helias), Dieter Moebius (orgue, guitare hawaïenne, générateur audio, amplificateur)

chronique

Après le départ de Conrad Schnitzler, Kluster devient Cluster. On a souvent décrit cette formation comme un duo : Moebius/Roedelius. Ça sonne bien et ça fait "jumeaux de l’espace". Or il existe un 3ème membre du groupe, qui sera crédité en tant que tel sur ce premier album, puis vite retiré du line-up officiel pour n’apparaître qu’en tant que producteur – parfois compositeur - sur le reste de leur disco… Il s’agit de Conny Plank, qui remplace Schnitzler au poste du professeur foldingue. Cluster est donc le seul groupe dont ce légendaire homme de l’ombre fit un jour partie. La musique de Cluster est pétrie d’électronique analogique, de guitares trafiquées méconnaissables, là où celle de Kluster flirtait avec l’industriel bruitiste le plus sec et le plus improvisé. Cluster semble réfléchi, posé, mais pas encore planant. Il reste encore trop inconfortable. Les oscillations entre le silence de la Zone et le bruit des ordinateurs vintage poussés à bout (ces énormes tours de boutons, cables et autres prompteurs) se font dans l’inquiétude, la fébrilité. Les guitares modifiées ronronnent comme des machines qui ne s’arrêtent jamais, résonnant dans une ville souterraine où nulle âme ne vit depuis des lustres. C’est comme si leur but avait été de s’affranchir de toute sonorité évocatrice terrestre, fusse-t-elle le bruit d’un marteau piqueur résonnant au fond d’une usine désaffectée. La musique de Cluster est subtile, ambivalente et incertaine, sans-cesse changeante, prodiguant de nouvelles sensations à chaque écoute. On est bien loin de la musique parfois statique et toujours très évocatrice de Tangerine Dream. Cluster prône l’abstraction et l’artificiel plutôt que la célébration du cosmos, du temps ou de la nature. Une Kosmische Musik plongée dans l’azote, d’où toute phase ou phrase aux contours définis brille par son absence. Le son du non-dit, de l’anti-figuration. Chaque titre est "construit" comme une montée en puissance, une densification des bruits et des vrillements analogiques… La frontière entre sons concrets et nappes de synthétiseurs primitifs n’existe pas ici. On trouve même de superbes textures de guitares vers la fin de 15 :33, annonçant pratiquement le shoegazing. Et 7 :38, avec ses bruits de tôles brûlantes et son brouet de machines qu’on torture, n’est-ce pas de l’indus bruitiste avant la lettre ? Les grésillements au début de 21 :17 , quant à eux, auraient pu être entendus dans un disque de noise-ambient minimaliste actuel… Ils laissent place après quelque temps à une sorte de tchou-tchou de locomotive, entre vieux son analogique rassurant et percolateurs extra-terrestres. La fin est redoutable : de multiples alarmes semblent résonner en vain dans un vaisseau à la dérive, qui finit par se disloquer dans l’irréguliers cahots synthétiques, entre le crissement des astéroïdes contre la paroi métallique et la destruction du cockpit dans des gerbes d’étincelles. Une fin d’album tétanisante, qui, poussée a volume maximum, révèle une propension bruitiste alarmante… Les grands frères de Cabaret Voltaire et de Throbbing Gristle ? Difficile de comprendre ce que Schnitlzer leur trouvait de "trop commercial", à part l’abandon de l’improvisation totale (pour un résultat encore plus extrême !), et du fameux "K" germanique dans leur nom… Condition sine qua non pour signer sur Philips ? Toujours est-il que la maison de disque se mordra les doigts d’avoir sorti un tel ovni total, et les virera promptement peu après, horrifiés… Ils partiront se réfugier chez Brain, label culte du krautrock fondé par des dissidents du Ohr de Rolf Ulrich Kaiser, rejoignant ainsi Klaus Schulze et Neu ! (également produits par Plank, qui fera le lien) Facile de comprendre pourquoi cet éponyme a été réédité sous le nom de "Cluster 71" : ils étaient les premiers à plonger dans l’ocean of noise, et tenaient à ce que ça se sache.

Très bon
      
Publiée le jeudi 17 septembre 2009

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    SEN Envoyez un message privé àSEN

    RIP Dieter Moebius ! Après Edgar Froese c'est pas une bonne année pour les légendes du Krautrock !

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Est-ce que quelqu'un a écouté les nouvelles éditions des trois premiers KLUSTER (Klopfzeichen, Zwei-osterei et Eruption) chez Bureau B, personnellement j'ai les éditions Hypnotic depuis leurs sorties en 1996 et question son je n'en suis pas tellement content, je crois me souvenir que c'étaient des rip de vinyles avec un dépoussiérage numérique, alors si c'est pour racheter la même version avec seulement la pochette d'origine comme seul plus, non merci !

    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    J'ai une petite préférence pour l'album suivant mais celui-ci est très bon quand même. Je suis soufflé par la modernité des sonorités et des textures, on croirait entendre du shoegaze par moment. Ça pourrait facilement sortir aujourd'hui tant ça n'a pas du tout vieilli.

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    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Oui, le projet Harmonia (la rencontre entre une moitié de Neu! et la totalité de Cluster) est réellement excellent et dans le même ordre d'esprit, outre la première face du Neu! 75, il y a les autres Cluster aussi ("Sowiesoso" surtout), certains Roedelius ("Durch die wuste" et "Jardin au fou") ou les Cluster & Eno tous sortis dans un mouchoir de poche de 3/4 ans (entre 1975 et 1978)

    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Tiens, Harmonia figure dans les projets liés mais aucun disque chroniqué. Je me réécoute "Deluxe" en ce moment et en dehors de quelques sonorités du pire goût (surtout sur le premier titre) c'est du très bon (en dessous cela dit de leur premier album dont j'ai un souvenir ému).

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