Violet Stigmata › Twilight of the fortune tree

'Twilight of the Fortune Tree', c'est un peu l'album qui se la joue 'gros dur' pour mieux dissimuler sa fragilité. En effet, si les compositions se distinguent par la richesse des riffs (dont certains n'hésitent pas à loucher du côté du hard rock), l'auditeur attentif saura percevoir derrière cette apparente âpreté du son la douleur de blessures profondes; nul pathos, juste cette tristesse marquée par l'incompréhension (ce n'est pas un hasard si chaque musicien dédie ce disque à la mémoire de un ou plusieurs disparus). L'attaque pourtant n'a rien de fragile, 'Let it go', 'I, stranger' posent très vite les atmosphères; la patte Violet Stigmata est rapidement identifiable mais les guitares se dévoilent plus crues, plus violentes. Ne venez pas grossir le rang des idiots qui clament 'Violet Stigmata a viré metal', rien à voir, le son a suivi une évolution logique qui d'un deathrock pêchu s'autorise des avancées vers le hard rock tel que le pratiquait Black Sabbath (l'excellent 'Brainshock' propose d'ailleurs un clin d'oeil par l'utilisation d'un riff de 'Black Sabbath' dans l'intro). 'Days of decline' fait pourtant vite comprendre que cette puissance dissimule aussi pas mal de tristesse, une mélancolie que l'on retrouvera dans plusieurs éléments (l'orgue de 'Un loup pour l'homme', le feeling de 'Nails noise nightmare', l'aspect funèbre de 'Exit life'). Cette bataille des éléments, cette tension entre la colère et la quête de douceur donne une force incroyable à 'Twilight of the Fortune Tree', laquelle trouve sa conclusion dans un exorcisme poussé jusqu' à l'absurde (l'expérimental 'Obscurity oscillator' et ses vingt minutes d'explorations de la palette des sentiments humains). Si en apparence, le sonorités sont plus dures, les compositions restent audacieuses dans leurs orchestrations, alternant volontiers couplets dépouillés et attaques sur les refrains; le clavier survole de temps à autre l'ensemble comme un feu follet, les inspirations deathrock cèdent le pas aux tentations hard rock et vice versa. Le disque, du coup, se trouve moins évident que l'on ne pensait à apprivoiser, révélant ses multiples secrets au fur et à mesure des écoutes, titillant des sentiments auxquels on n'aurait pas songé de prime abord. La sincérité, voilà l'arme ultime; c'est pourquoi les productions de Violet Stigmata ne stagnent jamais et se révèlent chaque fois plus passionnantes.