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Magazine › Real life

  • 1978 • Virgin V 2100 • 1 LP 33 tours

cd • 9 titres • 41:24 min

  • 1Definitive Gaze
  • 2My Tulpa
  • 3Shot By Both Sides
  • 4Recoil
  • 5Burst
  • 6Motorcade
  • 7The Great Beautician In The Sky
  • 8The Light Pours Out Of Me
  • 9Parade

informations

Produit par John Leckie - Enregistré en Mars/Avril 1978 au Virgin Mobile et aux Abbey Road Studios - Ingé-son : Hayden Bendall

line up

Barry Adamson (basse), Howard Devoto (chant), Dave Formula (claviers), Martin Jackson (batterie), John McGeoch (guitare, saxophone)

chronique

  • cold wave / early post-punk

Je ne veux pas plomber l’ambiance d’emblée, mais la musique du premier album de Magazine n’est pas digne de sa monstrueuse pochette. Pourtant, plomber l’ambiance, c’était justement la spécialité d’Howard Devoto, fondateur et leader des Buzzcocks, groupe formé pour expier l’enthousiasme maniaque suscité par le légendaire passage des Sex Pistols à Manchester en 76. Il leur claquerait la porte l’année d’après, dès que le succès commençai à pointer le bout de son nez (c'est-à-dire très tôt !), les laissant à un punk/pop bien prolo, et emportant avec lui deux chansons composées avec Pete Shelley… pour fonder Magazine, avec des musiciens bien plus à l’aise techniquement. Devoto est alors de toute évidence inspiré par Roxy Music, depuis le line-up atypique de son groupe (pour du punk, s’entend), avec synthé jouant par-dessus les grattes et saxo, jusqu'à son look androgyne, qui le faisait pour le moins ressembler au Brian Eno glam du début des 70’s. Alors, ou est ce que ça coince ? La face A déçoit à mort, faisant presque croire à une grande imposture (Sex Pistols bis ?) tant la réputation de Magazine les précède… C’est mou, fade, pompeux (comble pour du punk !), certes bien exécuté mais… Personne n’aurait donc vraiment écouté cet album tant surestimé ? Heureusement, la face B prend le contre-pied pour sauver du naufrage un album qui jusqu’ici n’avait rien à dire, et encore moins à inventer. On plonge soudain dans un genre de cabaret/train fantôme dirigé par ce gros drag-queen refoulé de Devoto… Les structures hésitent, puis trébuchent, changent d’avis à mi-chemin (The great beautician…), les synthés se font transylvaniens à la Stranglers comme sur le sombre Motorcade aux lyrics dignes de Radiohead, qui pose la première ambiance prenante de l’album, ça pue la soirée dramatique, nuit d’ivresse, accident, ils sont parfaits, tout ça. The Light Pours Out Of Me est un tube power punk bien plus marquant que le supposé terrible Shot By Both Sides. Et on termine sur une triste Parade amoureuse, le grand jeu, avec saxo œil de velours et piano plein d’affect, où Devoto achève de démythifier ce sentiment auquel les punks préféraient la haine, chantant - sans varier d’un poil son ton hargneux malgré le slow qui se joue en fond - des choses comme « Il fait si chaud ici, qu’est ce qu’ils essayent de manigancer ? » ou « Parfois j’oublie qu’on est censé être amoureux, parfois j’oublie ma position ». Consolation: sur My Tulpa, il chante « You can touch yourself anytime ». Pas mal pour un mec ayant fait partie des « Vrombites ». Trêve de grivoiseries, Real Life est un album souffrant d’une production un peu faiblarde (d’un John Leckie encore débutant) coincé le cul entre deux chaises, entre 77 (le punk) et 79 (le post-punk) en somme. Entre rage et sophistication. Entre assaut guitaristique et ambiances égrenées par les synthés. Shot By Both Sides, quoi (décidément…). Il a le mérite d’introduire sur le devant de la scène John McGeogh, futur brillant guitariste des Banshees de Siouxsie, qui co-signe ici 4 titres avec Howard Devoto, maître incontesté des lieux. Il a aussi le mérite de se dépêtrer d’une situation loin d’être facile. En 77, le punk avait tout détruit. No future. En 78, le futur était bien là (malheureusement vu le Thatcherisme qui se profilait à l’horizon) et il fallait reconstruire. Real Life, comme un retour à la vraie vie, justement, après l’étourdissement de la destruction, eut le mérite de poser la première pierre. Des débuts difficiles, en fait. Il n’y a qu’à voir l’ouverture poussive de l’album, on dirait du rock français, c’est dire ! Bref, c’était là le premier jalon vers un rock plus construit, plus introspectif, plus riche en sonorités, mais néanmoins bâti sur les cendres du punk. Une certaine idée de la direction à prendre, même si, finalement, le post-punk vu par Gang Of Four ou Joy Division se révèlerait bien plus excitant et audacieux. Le terme a pourtant été employé pour la première fois par un journaliste qui voulait décrire Magazine…

note       Publiée le mardi 8 septembre 2009

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Note moyenne        18 votes

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TribalCrow Envoyez un message privé àTribalCrow

Finalement, je rejoins l'avis de Dariev. Cet album a son style à lui avec son côté "Punk Prog Art Rock Glam qui n'en n'ai pas". Impressionnant au début, certains titres se révèlent parfois un peu poussif, le début notamment. Malgré les coups de génies comme "The Light Pours Of Me" ou "Motorcade", Real Life est juste un bon album qui introduit ce grand groupe avec ses grandes personnalités. Les 2 suivants seront beaucoup (et de beaucoup) mieux.

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Harry Dickson Envoyez un message privé àHarry Dickson

"Shot by both sides", Constat amer mais fier du sort infligé au nouveau groupe de Devoto post-Buzzcocks : trop punk pour les tenants d'un rock prog établi sérieux comme un pape et vraiment trop mielleux pour les punks canal historique (des claviers ? et puis quoi encore ?) Pris entre les feux des deux parties antagonistes, juste au centre de deux styles supposés opposés mais là, parfaitement assumés, et accouchant ainsi d'un nouveau genre, Post-Punk aujourd'hui, New Wave en France hier. After Punk entre les deux, que sais-je encore ? Oeuvre majeure et fondatrice du nouveau rock anglais 80's et influence cruciale pour le jeune Ian Curtis et son petit groupe joyeux. Même remarque que pour les Buzz : les autres LPs sont très bons. Plus Cold aussi. J'aime tout particulièrement le dernier (avant la très longue pause), "Magic, Murder And The Weather", donc Messieurs, pleeeeeeeease.

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22goingon23 Envoyez un message privé à22goingon23

Je me repasse leur 3ème opus The Correct Use Of Soap (1980) et quelle débauche sonore : ça croone, ça jazz en free, ça funk, ça électronise et tranche. Il fut produit par Hannett qui le considère comme son meilleur travail en tant que production technique. Il a raison le maître tant il laisse de place et d'espace à chaque intervenant : une musique en prismes

Note donnée au disque :       
NevrOp4th Envoyez un message privé àNevrOp4th

Wow! Première écoute dans l'après midi et le choc. Vraiment excellent. Sa passe nickel. J'y retourne. ^^

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Et puis un peu ailleurs aussi, même sans planquage d'orchestre... Un truc comme Moving Away from the Pulsebeat, faut écouter ce qu'il font de sa syncope, par exemple. (Avec cette caisse claire qui bouge sans arrêt, là...). Et ce qu'ils amusent à caser en variations - en profitant pour qu'il en rentre plus, vu qu'ils jouent tellement plus speed qu'on attendrait sur des machins comme ça - en enchaînements de parties, dans des chansons parfaitement pop (I Don't Mind, même I Need à la rigueur, avec son solo de basse tout en mélodie... J'irais jusqu'à la bonne blague de Boredom avec son solo sur une note qui donne l'impression de jouer autre chose alors que ce sont les accords, derrière, qui changent le relief).

Bon, je ne parle pas des textes, je ne crois pas que c'était le propos de départ, pour le coup, spécialement, au chapitre de la simplicité-ou-pas (Dada... ?). Mais je trouve que ça joue aussi pour, cependant, la chaussetrappe.