Ah, PSF... Psychedelic Speed Freaks. Que saurions nous des musiques transversales japonaises, et plus particulièrement du rock (pas du J-Rock, non.), sans son existence ? Le label est connu pour avoir accueilli Kan Mikami à une époque où ce dernier était au creux de la vague depuis longtemps, alors que lui-même pensait n’avoir plus aucun public, ainsi que pour avoir hébergé les projets les plus fous du légendaire Keiji Haino (on parle presque de légende vivante, en fait…). Ils présentaient ici, à une époque ou tout cela était encore trop lointain pour être à la mode (91), un florilège du paysage psyché japonais, le 1er volume de la série de compilations Tokyo Flashback. Il est presque étonnant de ne pas y trouver Kawabata Makoto (Acid Mothers Temple) tant les groupes présents semblent jouer dans la même cour. Keiji Haino, telle une sommité spectrale, crainte et respectée, apparaît deux fois sur la compilation, dont une avec son groupe Fushitsusha. C’est d’ailleurs le meilleur titre de la compil, un inédit puissant et vertigineux, riche et imprévisible, contrairement à la plupart des autres morceaux… Et l’intervention de cette batterie, miam ! High Rise, lui, fait souffler une tempête de sable sur les amplis, avec un son délicieusement pourri, pour les charognards du psyché que nous sommes (cette musique étant morte et enterrée avec les idéaux hippes, c’est bien connu…)… Tiens, est-ce une voix que j’ai entendue, vers la 7ème minute ? Un type s’est égaré dans cette avalanche de décibels. Il y a aussi Ghost, les seuls du lot à avoir depuis rencontré un semblant de reconnaissance (Haino mis à part, encore une fois, parle-t-on bien de reconnaissance ou de crainte mêlée de respect ?). A l’époque, ils étaient encore dans la relecture improvisée de musique religieuse asiatique, et ça avait le mérite d’être hermétique et sans compromis. White Heaven vient nous proposer un hypothétique point médiane entre une rock song bien rythmée façon 70’s de facture plus classique et un morceau bruitiste comme ceux de Marble Sheep ou High Rise. Intéressant. Jusqu’ici, des têtes relativement familières aux fans de psyché japonais… Moins connus, les Verzerk font un genre de sludge/stoner répétitif (en 91 !), qui martèle le même plan ultra-basique sur 5 minutes avant de décoller à des hauteurs grisantes… Et Kousokuya ? De la musique pour sorcières japonaise, également encore ancré dans la tradition, avec cette castagnette qui marque un tempo lent façon théâtre japonais. Il faut prendre cette compil’ pour ce qu’elle est : un panel des différentes facettes du psychédélisme japonais, sans plus de prétention que celle de la découverte. Tous les groupes sonnent comme sur une démo, manque de moyens oblige (qui se soucie du rock japonais à l’époque ?). On se quitte sur un Keiji Haino qui a du mal à faire ses étirements du matin, comme d’hab’.