Tappi Tíkarrass › Miranda

Certaines personnes sont destinées à faire de la musique; Björk Guðmundsdóttir est de celles-là. En 1979 (elle a 14 ans) elle chante dans une formation baptisée Exodus avant de partir fonder avec le batteur un projet éphémère, Jam-80. C'est en 1981 qu'est prise la décision de créer quelque chose de plus sérieux; naît alors Tappi Tikarrass (signifiant plus ou moins 'boucher le cul de la salope'), groupe punk mâtiné d'influences cold wave (les Cure des débuts) et pop. Björk y assure le chant d'abord en compagnie de Eyþór Arnalds avant de le remplacer totalement lors du départ de celui-ci. Malgré un potentiel certain, le groupe ne sortira qu'un mini et un album, avant que Björk ne parte rejoindre K.U.K.L.. Si j'avoue que la performance de Tappi Tíkarrass ne m'avait que moyennement convaincu dans le film 'Rokk í Reykjavik', 'Miranda' m'a vite remis les pendules à l'heure. Voilà un disque réellement séduisant combinant avec adresse un feeling tendu entre punk rock ('Miranda', 'Skrið') et quelque chose de plus sombre ('Sokkar', 'Með-Tek') que l'on pourrait qualifier de cold wave, sans oublier quelques essais typiques de la vague new wave (les claviers dissonants de 'Lækning', la rythmique funky froide de 'Beri-Beri') et des titres plus calmes et mélancoliques ('Get Ekki Sofið'). Si l'on a pu reprocher à K.U.K.L. d'être trop expérimental, Tappi Tikarrass en revanche développe un bon sens de la mélodie, permettant à Björk de mettre en valeur l'aspect le plus mélodique de son chant ('Hvítibjörn', par ex.); pas besoin d'être devin pour deviner que cette petite jeune fille est bourrée de talent. La musique est bonne elle-aussi, pleine de ce charme post punk rêvant de concilier accroche pop et expression torturée sans concessions...On songe aux Cure, aux Banshees, à Talking Heads...'Miranda', un album que se procureront les fans de post-punk, ceux de la diva islandaise ou simplement les passionnés de la scène underground d'Islande.