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The Legendary Pink Dots › 9 lives to wonder

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Sartoris      vendredi 23 décembre 2022 - 14:40
Kagoul      vendredi 26 février 2016 - 20:33
Max50      vendredi 20 novembre 2015 - 09:27
fab22      mardi 21 avril 2015 - 15:21
mroctobre      samedi 8 septembre 2012 - 02:30
Crépuscule      dimanche 3 octobre 2010 - 21:35
ewins      mardi 22 juin 2010 - 11:43
Autre-Huche      mercredi 10 mars 2010 - 16:27
Wendy Scabtree      jeudi 25 février 2010 - 00:54
MrMoonlight      mercredi 12 août 2009 - 10:48
Sam Hall      dimanche 17 décembre 2023 - 21:05
Klozer      samedi 3 septembre 2022 - 19:21
Klarinetthor      mardi 29 août 2017 - 21:25
floserber      dimanche 10 juillet 2016 - 15:05
no      mardi 9 décembre 2014 - 17:26
nicliot      mercredi 9 mars 2011 - 22:50
E. Jumbo      mercredi 28 avril 2010 - 11:57
taliesin      lundi 10 août 2009 - 20:32

cd • 13 titres • 58 :29 min

  • 1Madame Guillotine5:31
  • 2On Another Shore6:24
  • 3Softly Softly2:05
  • 4Crumbs On The Carpet4:55
  • 5Hotel Z7:45
  • 6Oasis Malade2:58
  • 7A Crack In Melancholy Time5:35
  • 8Siren5:31
  • 9The Angel Trail2:01
  • 10Nine Shades To The Circle10:22
  • 11A Terra Firma Welcome4:00
  • 12(Silence)0:42
  • 13Find A Bin To Put It In0:35

informations

Produit par les Pink Dots et Raymond Steeg

L’édition vynile contient un titre bonus, ‘The Uncanny 18th Side’, de 14min10, portant la durée totale de l’album à 72 :33.

line up

Martijn de Kleer (guitare éléctrique et acoustique, batterie sur la 9, tympani sur la 8), Edward Ka-Spel (Prophet Qa'Sepel) (voix, claviers, lyre détruite), Ryan Moore (basse électrique, basse fretless, basse acoustique, batterie sur 1, 2, 11), The Silverman (claviers + machines), Niels van Hoorn (Niels van Hoornblower) (saxophones, clarinette, flûte)

Musiciens additionnels : cEvin Key (batterie sur la 3, 4, 7, 8, 10 "special guest")

chronique

On reconnaît les grands disques à cette propension qu’ils ont à vous obséder des mois durant, puis à rechigner à se laisser disséquer, chroniquer ou analyser, comme si l’exercice risquait de leur faire perdre tout leur charme et leur mystère. Il m’est difficile, délicat, même, de parler de 9 Lives to Wonder; même si c’est un plaisir intense que de le partager… Paradoxal, n’est ce pas ? Que faire d’une œuvre comme celle-ci ? Une idée me vient : lecteur, fuis vite cette chronique qui ne fera que te gâcher le vertige et la stupeur de la découverte ; ignore étiquettes (dark folk ? groupe maudit ? balivernes), conseils, directives, et plonge toi la tête la première dans cette merveille aux reflets étranges. Pour ceux qui restent, voici mes impressions : 9 Lives to Wonder est un aller simple pour les rives solitaires de l’Inconnu. Les instruments y résonnent dans un espace imaginaire, où l’air est pur et l’eau transparente. Et empoisonnée. Peut-être leur disque le plus calme, le plus planant, flottant, navigant pourtant autour de thèmes inquiétants que Ka-Spel résumait par l’expression "The politics of agony". Superbement arrangé, 9 Lives to Wonder se veut un refuge contre le monde. Madame Guillotine illustre les dires de Ka-Spel : il s’agit bien sur d’un commentaire sur la barbarie humaine (quoique…), désespoir palpable qu’épouse un carillon lointain, qu’on entend résonner là-bas, sur l’autre rive… Le brouillard qui faisait toute la sève de cette première chanson se dissipe derrière nous avec l’arrivée d’une basse élastique et adroite… ‘On another shore’. C’est là que j’ai compris : personne n’a jamais foulé ce pays-là, personne n’a jamais atteint une telle… beauté. ‘Now crawl right up to me, my captain’, nous sussure la voix. On croît rêver. Nous sommes la caravelle, glissant entre des rimes comme murmurées par les roseaux, comme si les rives inconnues elles-mêmes parlaient. Drôle de jeu de rôles. On pose le pied à terre avec ‘Softly Softly’, toujours guidé par cette flûte sublime en guise de lapin blanc, qu’on serait prêt à suivre en enfer. Elle nous lâche d’ailleurs en pleine extase au milieu d’un banquet un peu cinglé (Crumbs on the carpet)… Frayeurs, songes et cannibalisme sont au programme de la suite. Onirisme et putréfaction servis sur un plateau de cristal. La production est à se damner, chaque instrument est à sa place, en harmonie, pour mieux se perdre dans la fange de ces vibrations bruitistes qui polluent littéralement la musique du groupe. Sauf que jamais pollution n’a été aussi belle, aussi fascinante, dangereuse et surréaliste. Ka-Spel, notre Donovan méphistophélique, lévite quant à lui plusieurs mètres au dessus du monde. De là-haut, il nous raconte son ivresse. Elle est glauque, puis tendre (The Angel Trail, fleur bleue et épris), toujours littéraire, Carollienne. On boit ses paroles comme du petit lait, sans savoir qu’on est pris dans sa toile. La section rythmique, pour finir, est parfaite (on retrouve Cevin Key, de Skinny Puppy, à la batterie), tapis roulant végétal pour la narration tout en murmures et visions soudaines de Ka-Spel, souvent appuyée par des bruits qui surgissent d'un recoin sombre, comme celui d’un couteau planté dans le cœur (9 Shades to the circle, comptine pour adultes qui ne mène nulle-part) ou encore la chute d’une saynète déstabilisante qui parodierait presque les spoken words occultes de Boyd Rice (Oasis Malade… où l’on retrouve Tanith, l’un des personnages récurrents de la faune Pink Dots… Rire ou frémir, telle est la question). Autre figure récurrente – autre arcane devrait-on dire – l’Hôtel. Hotel Z est un macchabée vicieusement lové en milieu d’album qui vous insémine des larves de tristesse en un plan séquence que n’aurait pas renié Akira Yamaoka. Mais a-t-il seulement autant de choses à raconter que les Pink Dots ? Ici, on est face au Gouffre, et pourtant ça pue le renfermé. Le piano semble venir du fond des ages. Une sorte de madrigal isolé au milieu de cette banquise noire intervient soudain, comme une fantaisie morbide, annonciatrice du médiéval et habité Siren… élégie pour un amour perdu, oublié dans les limbes, à l’image de cette musique qui pourrait aussi bien appartenir aux troubadours du moyen-age qu’aux hippies des années 2040, tout comme elle est associée à la scène gothique ou dark folk du vivant du groupe. Je me bornerai personnellement à dire qu’il s’agit de chansons, certes interprétées avec une grande liberté et habillées de visions très puissantes, mais dans tous les cas intemporelles… C’est comme si les Pink Dots n’avaient pas besoin de psychotropes, ils les secrètent déjà dans leurs cerveaux. La musique est bien à la hauteur des titres, comme ce menaçant et trouble A Crack in Melancholy Time, elle coule tout simplement dans la pièce ou dans le casque, impossible de penser aux ficelles, d’isoler un élément plutôt qu’un autre… On ne fait que s’étonner, se pâmer et rêver, sans la moindre once d’effort d’écoute, même la première fois… Oh bien sûr, il existe d’autres perles dans l’immense production des Dots, et ceci n’est qu’un premier coup de pioche. Mais un coup de pioche idéal. Le disque se termine magnifiquement avec la redescente en douceur qu’est A Terra Firma Welcome… Enfin, devrait se terminer, car ces délicats sadiques n’ont pu s’empêcher de rajouter une mini outro qui hérisse le poil (Find a bin to put it in), voire un genre de condensé ambient disloqué de tout l’album, avec ce Uncanny 18th Shade qui occupe la face D sur la version vinyle, un de ces medleys un peu coupable de remplissage mal dissimulé. Qu’à cela ne tienne, le reste, c’est de L’OR. L’or des voyageurs, pestiférés et gitans. L’or insaisissable, celui qu’on ne peut acheter (d’ailleurs ce disque est un peu un oublié, même parmi la discographie du groupe). Musique de l’égarement, du non-retour. Les Legendary Pink Dots font de la poésie sonore, cet art que tout le monde ignore scrupuleusement, et qui finira bien par recouvrir le monde. Sombre et expérimental n’a jamais aussi bien rimé avec "beauté fatale".

note       Publiée le lundi 10 août 2009

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Sartoris Envoyez un message privé àSartoris

Le voyage parfait pour quitter le boulot, parcourir la grisaille ferroviaire et savoir qu'en arrivant chez soi, on sera dans un autre monde.

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

Il y a peu de mauvaises choses chez le groupe de Ka-Spel, mais celui-ci est un peu à part. un peu plus implacable et moins rêveur, enfantin que d'autres. Respect!

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Kagoul Envoyez un message privé àKagoul

Quelle belle chronique pour un disque hors du monde et du temps ! Un de mes Dots favoris. C'est fou malgré les années on ne se lasse jamais de leurs productions.

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fab22 Envoyez un message privé àfab22

mes 1ers contacts avec les dots, lors d'un concert en 1994 à lyon, ils jouèrent l'intégralité de cet album ; un choc visuel et auditif A jamais le meilleur des pink dots à mon avis

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salida Envoyez un message privé àsalida

UN album qui vous enveloppe tout doucement pour vous faire planer au dessus de tout...