Aliftree › Clockwork

Je ne chronique pas tout ce que j'écoute. Fort heureusement. Fin de l'année dernière, j’avais écouté la compilation "Freshly Composted" d’une oreille distraite mais rarement bousculée dans ses derniers retranchements. Y figurait déjà "Mai", single chanté en français par Aliftree, titre léger et anecdotique à ranger dans la case Axelle Red wanna be. Pas pour moi. C’est le hasard d’une pochette suggestive qui m’offre aujourd’hui l’opportunité de me replonger à nouveau dans le projet de ces enfants de la canebière sous un angle d’attaque pour le moins différent. Car "Clockwork", disque varié pétri d’influences diverses, se veut multiple, et sa carte de visite bien finalement bien trompeuse. Démarrant sur le jazzy house "Aurevoir", poursuivant avec le bluesy "Way Down South" aux accents post modernes, s’abandonnant à des essais plus trip hop dans leur dialectique façon Martina Topley-Bird à l’image de "Reality", ou encore se perdant dans les dédales des expérimentations électroniques en toute fin de parcours (le titre caché qui suit le long silence d’après "Dead Flowerz"), les Aliftree, d’une cohérence surprenante en dépit du compte rendu que je viens de vous faire, parviennent à faire le grand écart entre différents styles, différents genres, entre Gotan Project et Château Flight, Zero 7 et The Cinematic Orchestra, en prenant toujours soin d’enrober leur esthétique dans un drapé soyeux qui respire le raffinement et l’élégance. "Clockwork" n'est certainement pas indispensable, mais il est tout de même nettement moins inoffensif et transparent qu'il ne m'était apparu de prime abord. Comme quoi, ça vaut parfois la peine d'aller au-delà de la superficialité des choses...