No Tears › Obsessions

'Afraid of' qui débute ce disque est trompeur; le rythme est entraînant, les claviers en cascade évoquent la tristesse un peu lunaire des Cure à la fin des 80's...Nostalgie des années new wave ? Peut-être bien...Certes, il y a bien la voix et son timbre grave légèrement écorché mais ça fait partie du jeu. Un jeu ? Vraiment ? Dès 'Joie minimale',
on perçoit que les choses pourraient se révéler plus sérieuses; les accords se font plus inquiétants, le son de la basse plus nocturne, la batterie roulante...'Obsessions' révèle alors la direction à prendre, celle d'une descente dans l'obscurité, non par défaitisme mais bien pour s'approcher davantage du coeur du mal pour lui cracher à la face, lui extirper les réponses aux questions que les années n'ont su exorciser. Qu'importe si la quête échoue, il faut se prouver qu'on n'a plus peur et que quoiqu'il arrive, on
retournera vers la lumière, aussi terrible soit-elle. 'Obsessions' est un disque plein de
force; plus cohérent que son pourtant fort bon prédécesseur, il s'aventure intensément du côté noir du post punk, avec quelques attaques rapides ('Paradoxe'), s'arrêtant parfois davantage sur les atmosphères (les bons 'Réincarnation' ou 'Possession'). La facilité serait de conseiller ce disque aux nostalgiques de Joy Division et The Cure mais la démarche de No Tears me paraît aller plus loin; les musiciens n'ont plus vingt ans et si leurs compositions gardent intacte une forme d'intensité et de noirceur, c'est peut-être que face aux mêmes questions, le regard s'est fait moins craintif , plus hardi...Chacun jugera mais quoiqu'il en soit, le cap du second album est franchi avec brio, ce qui n'est jamais gagné d'avance même avec les années d'expérience.