Vous êtes ici › Les groupes / artistes › T › Tangerine Dream › Atem
Tangerine Dream › Atem
informations
Produit par Tangerine Dream – Enregistré par Dieter Dierks à Stommeln-Koeln en décembre 72 et Janvier 73 – supervisé par R.U. Kaiser
Artwork par Edgar Froese – Photos par Monique Froese et Marcel Fugere
line up
Peter Baumann (orgue, synthétiseur VCS 3, piano), Christopher Franke (orgue, synthétiseur VCS 3, percussions, voix), Edgar Froese (mellotron, guitare, orgue, voix)
chronique
- kosmische musik
On peut aimer ou ne pas aimer la musique d’Edgar Froese, mais il faut reconnaître que cet homme savait peindre de sacrées pochettes. Traumatisé par Dali, il illustre ici l’ambiance de la plage titre : une respiration, une intro monumentale au mellotron, façon Indiana Jones dans le desert de Jordanie, et la vie hors du temps d’un bébé immergé dans son œuf aux couleurs surnaturelles (Jerome Froese en fait. J’m disait bien qu’il avait les bajoues d’son Vater). Le groupe s’éloigne ici progressivement du style de Zeit, double album à part, sans percus et radical… à partir de là, les formats seront raccourcis. Atem, la dernière balise avant le grand changement, est un disque dominé par le Mellotron, aux ambiances moins neutres et plus organiques. La pièce-titre en fait d’ailleurs un excellent usage ; longtemps après l’intro évoquée plus haut, elle s’achève sur une liturgie souterraine : tandis que les machines gargouillent et se lamentent comme à leur habitude, sans structure ni mélodie apparente, le mellotron crache en sourdine ce qui semble être un chœur de voix lugubre, comme un murmure caverneux, une sorte de mantra quasiment inaudible, sauf au casque… Très étrange. La face B l’est peut-être encore plus, avec ce Fauni-Gena à l’orchestration typique des BO de films SF des années 70, longue déambulation dans une forêt immobile, aux lourds rideaux de brume, et se terminant par ce qui ressemble déjà à une séquence. Pourtant les seuls rythmes présents dans cette période pré-séquenceur étaient alors des percussions. Circulation of events est encore plus inquiétant, totalement étranger après des premières notes pourtant familières et rassurantes. Le groupe est ici peut-être influencé par Cluster, qui égrenait des ambiances similaires. L’album se clot sur Wahn, où Froese et Franke pètent une durite après tout ce calme, et partent dans un début de cérémonie chamane avant le travelling arrière final sur cette planète tribale, revenant au mellotron orchestral de l’intro. Un opus qui fige le line-up classique du groupe, et la fin des intervenants extérieurs, malgré la parenthèse "Green Desert", enregistré en aout 73 sans Peter Baumann, qui ne sortira qu’en 86. Atem, lui, sera distribué par Polydor en Angleterre, grâce au nez creux de Rolf-Ulrich Kaiser (que j’appellerai dorénavant RUK), qui mettra son logo "Kosmische Musik" sur la galette, ce qui rendra furieux Edgar Froese, qui rompra pour de bon avec RUK dans la foulée. Pourtant, c’est en tombant sur ce disque que John Peel - le légendaire DJ anglais et l’un des plus infatigables découvreurs musicaux de notre siècle - tombera amoureux de Tangerine Dream. Il sacralisera Atem album de l’année et le passera en boucle dans son émission (imaginez ça aujourd’hui, pour voir). Résultat : fuyant le label Ohr et la mainmise abusive de RUK, TD se retrouve accueilli à bras ouvert par Virgin (qui rééditera les premiers TD) dès 74 et vend des Phaedra par camions. Avant cela se produit un évènement peut-être plus important encore : Chris Franke acquiert à son tour un Moog 3P, le même que Fricke leur avait "prêté" (il était carrément venu jouer, ce qui se comprend vu que la complexité des réglages que nécessitait l’engin) pour Zeit. C’est celui de Mick Jagger, que le chanteur avait revendu aux ingénieurs du studio Hansa, à côté du mur de Berlin (les mêmes qu’utiliseront Bowie et Iggy Pop plus tard). Les ingénieurs, pas plus doués que Jagger pour réussir à comprendre l’imposant appareil, appelèrent Franke à la rescousse et lui demandèrent s’il pensait qu’on puisse enregistrer des tubes avec cette chose. Franke, comprenant sa chance, lança un "Laissez tomber" de derrière les fagots, et c’est à lui que revint la machine, pour une somme probablement rondelette malgré tout. Après des mois de prise de tête pour faire fonctionner le bidule, Franke découvrit un de ses nombreux modules : le séquenceur, qui permettra à la musique du groupe, qui manquait alors un peu de rythme et de structure, de gagner un squelette qui la rendra bien plus accessible. The rest is history, et disponible dans l’armoire du grenier de votre papa, entre Santana et l’album à la vache. Si si, cherchez bien.
Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...

dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Atem" en ce moment.
notes
Note moyenne 15 votes
Connectez-vous ajouter une note sur "Atem".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Atem".
- Aladdin_Sane › Envoyez un message privé àAladdin_Sane
Un disque étrange (comme toute la première partie de carrière du groupe) mais qui n'est pas déplaisant à défaut d'être vraiment remarquable. La première partie du morceau "Atem" est vraiment réussie.
- strokkur › Envoyez un message privé àstrokkur
Totalement génial, une symphonie magnifiquement lugubre et statique (quelle claque ça devait de découvrir ça à l'époque, en sortant le vinyle de sa pochette et posant le saphir...)
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
THE Tangerine.
- Note donnée au disque :
- Demonaz Vikernes › Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes
Un disque intéressant, plus abouti qu'Alpha Centauri, même si toujours difficile d'accès. Je me serai aisément passé de la première moitié de la dernière piste.
- Note donnée au disque :
- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
Pourquoi une note aussi sévère? C'est pas très explicite dans la chro ce que tu lui trouves...
- Note donnée au disque :