Sickoakes › Seawards

"Yanqui U.X.O.", c'était en 2002, soit sept and déjà, et on attend toujours la suite ... Une manière comme une autre de combler cette attente qui, tout doucement, s'apparente à la douce illusion de caresser de vains espoirs, serait de s'enfiler l'intégrale des Godspeed You Black Emperor ! On pourrait aussi se rabattre sur la catalogue Constellation mais ce qu'ils produisent aujourd'hui s'écarte singulièrement de l'esthétique qui les porta aux nues il y a peu. Reste alors le choix de la découverte, alors pourquoi donc ne pas jeter son dévolu sur "Seawards", premier disque des suédois de Sickoakes ? Combo instrumental resseré autour de guitares énigmatiques et d'une section rythmique parfaitement rock, les paysages musicaux visités arborent par endroits la larmoyante tragédie des cordes ou le chant lyrique des cuivres, faisant ressurgir les ombres de A Silver Mt.Zion et Do Make Say Think ; on reste en famille. Plan large sur de vaste étendues qu'un épais brouillard redessine à coup de gomme, brisant les perspectives dans un flou artistique où tout finit par se dissoudre. Pour un album post rock, "Seawards" tient quand même des propos plutôt modéré. Il faut faire preuve d'une réelle patience pour voir devant nous le film se dérouler sans précipitation et sans heurts. Même quand la machine tend à s'emballer ("Oceans on Hold"), ce n'est que pour mieux tromper l'auditeur, à présent figé dans un moment de tension indéfiniment gelé. En dépit des inévitables longueurs, inévitables car inhérentes au genre proprement dit, ce sont véritablement dans les longs plans séquences lugubres et comateux que nos suédois délivrent le meilleur d'eux-mêmes ("Wedding Rings & Bullets In The Same Golden Shrine Part II"). Cela ne fait pas de Sickoakes un groupe incontournable, loin s'en faut, mais un décent représentant d'une école musicale qui hésite encore entre grands silences et long discours.