David J › V for Vendetta

Après vous avoir parlé de Love and rockets, Dali's car, Tones on tail, il eût été logique de vous parler de l'oeuvre de Peter Murphy en solo, ou au moins de Daniel Ash, histoire de poursuivre en beauté l'examen des collaborateurs de Bauhaus. J'ai pourtant décidé de glisser cette galette de David J. d'abord. Pourquoi un tel choix ? Pour lui rendre sa place tout d'abord. Le discret bassiste a été, on l'oublie souvent, l'un des deux piliers de Bauhaus, lui qui a écrit ou co-écrit une bonne partie des textes et des musiques avec Daniel Ash. Il n'avait de loin pas le charisme de son chanteur, ni le look obscur de son guitariste et pourtant ses lunettes noires, ses costumes sombres dissimulaient un talent certain, exploité hélas de manière inégale en solo, notre homme ayant toujours aimé expérimenter. 'V for Vendetta' n'est pas de ces essais douteux, jugez plutôt. En 1983, son pote Alan Moore contacte David pour lui proposer de composer une musique destinée à l'accompagnement de paroles extraites d'un épisode de sa bande-dessinée baptisée 'V for Vendetta'. Le musicien explique qu'il ne lui a fallu qu'une heure pour composer le titre principal, à la grande surprise de son ami ! Cette B.O. imaginaire se complètera au fur et à mesure, des morceaux tels que 'Overture' ayant été enregistrés en 2005 alors que d'autres avaient été gravés en album bien avant. Tout démarre avec l'instrumental 'Overture' combinant thème de piano et arrangements de cordes à effet mi-décadent mi-dramatique avant de glisser vers une atmosphère très cabaret. 'This vicious cabaret', chanté cette fois, n'est d'ailleurs pas sans évoquer quelques travaux de Marc Almond, Andi Sexgang, voir plus tard Deadfly Ensemble. David J. se révèle un chanteur intéressant même s'il est évident que son timbre n'a pas les particularismes des artistes cités auparavant. 'V's theme' éveillera une étincelle chez les fans de Bauhaus car les bases de la mélodie évoquent le thème de 'Who killed Mr.Moonlight'. 'Incidental' de par ses roulements de tambour (le frangin Kevin Haskins est venu prêter main forte) a tout du spectacle de cirque mais un cirque d'ombres, décalé, comme en témoignent les suites dissonantes, les cassures, les reprises du thème. A l'origine, pour 'Song for the kitt kat keller', David J. voulait une chanteuse avant de finalement de pousser la chansonnette lui-même. Comme il a eu raison ! Il est parfait dans cette pièce de pur cabaret avec des écarts jazzy. Pour conclure nous est proposée la version démo de 'This vicious cabaret', celle-là même qui fut écrite si vite. Personnellement, j'adore cette petite B.O, hélas bien courte, mais constituant une belle carte de visite des possibilités solo de celui qui resta toujours dans l'ombre au sein des divers projets auxquels il participa activement pourtant.