Scanner › Rockets, Unto The Edges of Edges

Cela fait maintenant plus de quinze ans que Robin Rimbaud trimballe la carcasse de Scanner dans ce dédale toujours mouvant des musiques électroniques, dans un paysage sonore déconstruit où il ne fait pas bon vivre. Son goût prononcé pour l’exploration du côté obscur l’a plus d’une fois amené à collaborer avec des artistes fascinés, tout comme lui, par cet aspect des choses, qu’il s’agisse de l’illbient de Dj Spooky aux musiques concrètes et d’avant-garde développées par David Shea. Un créneau musical qui, peu à peu, s’est transformé en véritable ghetto dont personne ne ressort et dans lequel finalement personne ne désire pénétrer. On avait donc laissé Scanner vaquer à ses errances sans se soucier de son sombre devenir. "Rockets, Unto The Edges of Edges", son dernier album en date, ne change pas fondamentalement d’orientation. On retrouve d’ailleurs bien souvent ces sonorités électroniques un peu datées, ces beats crasseux millésimés sur une grande majorité des titres qui composent ce nouveau disque. Mais les moyens mis en œuvre cette fois pour y parvenir laissent entrevoir un subtil glissement dans l’approche de la musique. "Sans Soleil" introduit un chant murmuré et des notes de guitares acoustiques jouées par le légendaire Michael Gira des Swans, participation des plus symboliques il faut bien l'avouer, alors que la lente plongée en apnée "Anna Livia Plurabelle" déploie toute sa noirceur en accompagnement des volutes vocales prodiguées par la chanteuse classique Patricia Rosario. Trois fois rien, il faut bien l'admettre, mais les premiers signes d’une révolution intérieure ouvrant la voie à de nouvelles pistes que Robin Rimbaud devrait peut-être creuser à l’avenir. À condition qu’il ne mette pas quinze ans de plus pour finaliser cette lente évolution ...