Mark Stewart › Edit

Je sais, je suis en passe de sauter directement du premier single du Pop Group au dernier album solo de son chanteur, Mark Stewart. C’est un bien curieux grand écart, que se propose d’ailleurs de documenter le film à sortir prochainement sur sa personne : "On/Off – from the Pop Group to the Maffia". Un titre qui donne le ton d’un parcours parfois obscur, sans la moindre once de compromission, dont certains moments méritent de figurer ici (et assurément certains en particulier accompagné de la fameuse Maffia). Un drôle de personnage, royalement ignoré des médias, qui semble avoir toujours la même rage au ventre depuis ses débuts en 78, et qu’on croyait disparu de la circulation depuis "Control Data" de 96 ! "I was crazy, right from the very start" éructe-t-il sur Almost Human. On retrouve la mise en son agressive de guérilla urbaine déjà usitée par Stewart dès l’intro, prenant un tournant plus festif sur Rise Again. L’héritage des Clash ou de crew de production comme la Bomb Squad (Public Enemy) qu’on croyait perdu, resurgit ici. Malheureusement l’album patauge un peu dans une mélasse indécise jusqu’à The Puppet Master, où Stewart prend enfin le mic à sa façon bien particulière. Peut-être le seul morceau à encore évoquer le Pop Group. Strange Cargo et Secret Suburbia relèvent encore le niveau d’un cran, secrétant une ambiance de ghetto clandestin et de cyberpunk très réussie. Hélas, l’ennui revient assez vite au galop sur des titres très big beat (genre daté par excellence) comme Freak Circus, qui semblent vouloir mélanger tout et n’importe quoi sans assise mélodique ni réelle folie comme peuvent le faire Cop Shoot Cop ou les Revolting Cocks dans un style proche, par exemple. Il y a bien une reprise des Yardbirds (Mr You’re a better man than I), avec Ari Up des Slits, mais elle suscite bien peu d’enthousiasme. Edit, probablement nommé car constitué de "cuts" de longues jam sessions, ne manque certes pas de rugosité et de rudesse, mais plutôt de groove et d’homogénéité. Mais à jouer avec le feu comme le fait Stewart, on ne peut forcément pas réussir à tous les coups.