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Horace Andy › Dance Hall Style

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kalcha      vendredi 27 mars 2009 - 00:54
Solvant      mercredi 25 mars 2009 - 23:49
floserber      mardi 24 novembre 2009 - 20:11
sergent_BUCK      jeudi 20 août 2009 - 04:07
Dioneo      jeudi 26 mars 2009 - 19:59
dimegoat      mercredi 20 août 2014 - 14:58
Seijitsu      dimanche 9 octobre 2011 - 01:58

cd • 6 titres • 41:01 min

  • 1Money Money6:17
  • 2Lonely Woman6:25
  • 3Cuss Cuss7:06
  • 4Stop the Fuss7:16
  • 5Spying Glass5:12
  • 6Let's Live in Love8:45

informations

Enregistré et produit à la fin des années soixant-dix par Lloyd ‘Bullwackie’ BARNES au studio Bullwackie’s, Bronx, New York.

line up

Horace Andy (voix, basse, guitare), Jah T (basse, guitare), Myrie Dread (basse, piano, orgue), Henry ‘Snowhite’ Seth (batterie), Junior Delahaye (batterie, ingénieur du son), Toney Allen (guitare), Ras Menelik (percussion), Owen Stewart (piano, orgue)

chronique

  • sleepy inna bronx version

À l’ouverture, un grondement vous aspire. Lointain comme un vide qui soudain se dilate. Pas moins anxiogène. L’écho vrillé d’on ne sait trop quoi, d’abord. Et puis la pompe, la rythmique hydraulique. Accords plaqués en remontant sur le deux et le quatre. Écho partout, cymbales crissantes, mix sans fond. Le son déjà classique du dub ? L’Inchangée Profondeur du genre, formules appliquées au quart de gradation près sur les potentiomètres, depuis le temps des Fondateurs ? Pas vraiment. Non. Tout de suite, il se passe autre chose. Ces trémolos de guitare, par exemple, avec leur groove en sourdine, presque asphyxié. Et puis comme un détail dans le son, un éclairage qui évoquerait l’Île aux Trésors comme un souvenir voilé, une absence, une gêne vaguement douloureuse. De fait on est ailleurs. En plein Bronx, à vrai dire. Chez Bullwackie, précisément. En bon producteur jamaïcain (certes bien délocalisé), ledit Lloyd Barnes importe ici ses manières et méthodes de parfait contrebandier. Pas un simple pirate, non. Un passeur en alerte, un commerçant habile. Un brouilleur de pistes. En l’occurrence il taille entre ses murs d’accueil (une affaire, sans doute, de rares mètres carrés) une enclave de Sound System. Comme au pays ? Non, bien sûr, pas tout à fait. Comme nombre de ses compatriotes, il adapte et se fond, hybride et maquille. Implante ses réseaux, les ramifie ; jauge les Locaux pour en faire des auxiliaires ; répartie les cargaisons ; pèse et redistribue, les mêlant à ses fonds de cale, les marchandises du cru ; substitue les denrées, affine les échanges et les permutations. Plus que d'autres, il colle à ses racines. Pas de hip-hop embryonnaire, ici, pas de souches trop manifestement mutantes. Il n’empêche. Dans cet espace inouï que creuse le dub, partout où il s’implante, s’engouffre un air différent. Plus sec, plus vicié. La tension des rues alentours, avec leur misère plus sale, plus poussiéreuse, plus suie. Ici point de mangrove où s'isoler, se cacher. Aucune langueur tropicale. Et ce parti pris d’allonger les morceaux en d’interminables ‘discomixes’ (ces versions destinées aux dancehalls -tiens donc- et qui alternent sans coupures passages purement dubs, aux voix effacées ou triturées, et couplets ou refrains maintenus dans leur entière intelligibilité) qui, curieusement, amplifient et distordent le malaise, la hantise, la nervosité du flux sans jamais les diluer. Et puis bien sûr, il y a cet impossible organe. Unique, toujours étranger, autre. Haut perché, chevrotant par phases mais exempt du falsetto très soul qui ailleurs illumine, érotise l’anomalie (chez Junior Murvin, chez Cedric Myton des Congos, chez Desmond Dekker bien avant ceux-là…). Délicate, oui. Mais on ne peut la nommer douceur, pas tout à fait, cette qualité toute spéciale de l'interprétation. Ensommeillée souvent, parfois jusqu’à la torpeur. Mais jamais totalement apaisée. Conscient du gemme singulier qui lui tombe entre les mains, ‘Wackie décide d’en magnifier l’étrangeté. Ce timbre étonnant, il ne cherche pas à le polir. D’une piste sur l’autre il le multiplie, superpose les lignes, trace des parallèles et lie des entrelacs. Le chanteur harmonise avec lui-même, en duos, en trios. En mineur, souvent. Les effets prolongent encore son phrasé traînant, ondulé. Et ses histoires, ses mises en garde, ses appels ou ses suppliques, rayonnent d’une aura d'inquiétude à nulle autre semblable. Du spleen en sillons que rien ne vient abréger. Sans remède envisagé. Clairement, le très secret Horace n’est pas ici en ses lieux familiers. Trop de bruit dans cette ville. Toute latitude, pourtant, lui est laissée. Il choisit son répertoire, couche les favorites d'entre ses chanson telles que lui les entends. Des instruments, même, lui passent entre les mains, afin qu’il leur insuffle lui-même la couleur. Mais sans doute, ses rues lui manquent, et le refuge des collines proches. La promesse même du bonheur, des caresses, se teinte d’un mélancolie à vif. Les incitations à l’Unité ont quelque chose de noué, d’insidieusement retenu, comme l’espoir ou la menace d’une émeute ou d’un esclandre. Non, ce dub-là, proche cousin de l'originel mais à la musculature plus lourde, tendue d’un plus puissant voltage, bourdonnant d'un stress jusqu'alors inconnu, n’enrobe rien. Le luxe tout relatif des moyens, la modernité des équipements (par rapports aux studios des pionniers) n’amortit pas le choc. Il expose au plus nu cette bizarre beauté, souple dans sa marche, chaloupée, mais rêche sur la peau, au tympan ; âpre sous la langue et pourtant veloutée. Fragile et assurée. Ce son-là ne noie pas l’énigme. Il nous la livre, telle quelle, opaque et sans excuse. Ainsi se coule en nous l’ambiguë séduction.

note       Publiée le mercredi 25 mars 2009

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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En pleine lecture d'En Dehors de la Zone de Confort de Melissa Chemam - bouquin sur les "scènes" (musicale, graffiti notamment mais plus largement aussi, la "social scene" comme disent les anglophones...) de Bristol, qui tourne pas mal autour de la Wild Bunch et de Massive Attack ("forcément", on a envie dire, un peu)... Ça m'a donné envie de ressortir cet Horace au son si particulier. Et qui colle parfaitement à l'atmosphère ciel blanc/couvert, lumière filtrée mais presque un peu aveuglante de ce jour dans le deux-cinq. Bien m'en a pris, ces considérations atmosphériques mises à part ou non : je ne m'en suis pas lassé, de ce reggae à synthés air-liquide plongés dans la perspective dub et ses rebonds, reflets, difractions.

Message édité le 08-06-2022 à 10:44 par dioneo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Ah par contre perso le grunge "en général" passe toujours pas mal - pas eu cette phase de ras-le-bol, quoi. J'ai rarement envie d'écouter Nevermind, c'est sûr, mais même le reste de Nirvana, peut y avoir moyen. (Et j'avais un peu "raté" certains trucs à l'époque, ou pas creusé - Soundgarden - et toujorus pas sûr que ce soit pour moi ou Alice Enchaîne... Et là par contre si, j'ai été content de m'y risquer plus, plus tard).

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

Ah ca fait du bien d'etre arrive trop tard, parfois, a quelques annes pres. Je n'ai pas ce degout du grunge et du triphop comme vous pouvez l'avoir apres indigestion. La seule fois que j'ai ete un peu bombarde par MA, c'est avec Dr House. Et encore, ils ont vite remplace Teardrop par un ersazt assez bien fait pour un ersatz

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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(Je m'en doute, pour le shoegaze... C'est que tu uses "parfois" du mot, un peu, quoi... Au bout de quelques champs, quoi, eh eh...). Après ouep, comme toujours question de goût. Moi j'aime beaucoup cette atmosphère particulière donc... Je le réécoute encore régulièrement, avec grand plaisir.

Et Mezzanine, faudra quand-même que je retente mais c'est vrai que pour le coup c'est moi qui direct n'avait pas tant que ça accroché dès sa sortie, faut dire (alors que j'avais bloqué sur les deux premiers, qui maintenant ne sont plus forcément "ceux pour quoi on les connaît", le plus).

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Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Même si c'était du shoegaze, je n'aimerais pas ce disque parce que les compos/climats m'emmerdent pas mal. Mais je comprends l'argument du matraquage, cela m'a dégoûté de certains trucs (comme Nirvana cité plus bas). Mais je dois toucher du bois, car Massive Attack ne m'agace pas et pourtant, Mezzanine a été sur-diffusé à l'époque et même par la suite.

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