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U2 › Achtung baby

cd • 12 titres

  • 1Zoo Station
  • 2Even Better Than The Real Thing
  • 3One
  • 4Until The End Of The World
  • 5Who's Gonna Ride Your Wild Horses
  • 6So Cruel
  • 7The Fly
  • 8Mysterious Ways
  • 9Tryin' To Throw Your Arms Around The World
  • 10Ultraviolet (Light My Way)
  • 11Acrobat
  • 12Love Is Blindness

extraits vidéo

informations

Produit par Brian Eno et Daniel Lanois - Enregistré au Hansa Ton Studio, Berlin et aux Windmill Lane Studios, Dublin. - Mixé par Flood et Steve Lyliwhite selon les titres.

line up

Paul Hewson/Bono Vox/The Fly/MacPhisto etc... (chant), The Edge/David Evans (guitare, piano, choeurs), Adam Clayton (basse), Larry Mullen Junior (batterie)

chronique

  • « i’m ready for what’s next »

J’aurai personnellement été d’avis de ne chroniquer que ce U2-là. C’est vous dire le respect total que j’ai envers ce disque. A bien des égards, il s’agit de l’album allemand de U2. Pour sa froideur d’abord ; sa relative lourdeur comparé aux autres, ses incursions electro (avec beaucoup d’avance sur le reste du rock, c’est un fait), son univers à part, véritable chantier de reconstruction, à l’image de Berlin. De toute évidence, U2 avait demandé à Eno de recréer pour eux l’ambiance de la trilogie berlinoise de Bowie, ce rebond inattendu qui relança pour toujours sa carrière. Je me souviens encore de ma toute première écoute de Zoo Station : "merde, c’est quoi ça, je croyais que j’avais mis un cd de U2 ?". D’où sortaient ce jerk spatial et distordu, ces chœurs plus trafiqués que du Daft Punk, ce plan complètement Toolien en intro, cette profondeur de son à la lumière aveuglante, comme une ville ultramoderne dans laquelle on pourrait se perdre ? Zoo Station, désolé de vous le dire, ça me faisait immédiatement penser à Babylon Zoo. Un truc futuriste et carton-pâte, alors qu'il ne s'agissait en fait que de la gare routière de Berlin. Even better than the real thing achevait mes préjugés et relançait la machine de plus belle. "bon, je rêve où il commence à me plaire le grand cono, là ? Je le reconnais plus… où est passé le geignard de Joshua Tree ? ‘give me one more chance, you’ll be satisfied’, ouais ouais, mais quel beau parleur ce mec. Le pire c’est qu’on a envie de le croire, c’est ça qui est fort. The Edge dira fort à propos qu'il s'agissait du "son de 4 types en train d'abattre le Joshua Tree". On revient, heureusement pour nos sens égarés, dans les clous avec un One sous perfusion McCartney qui porte ma foi bien son nom (s’il fallait n’en garder qu’une de U2… Sur leur album à sauver qui plus est). Cela dit, dans le genre slow ultime pour une dernière danse dans un sous-marin qui bouffe ses dernières réserves d’oxygène, on lui préfèrera le chef d’œuvre qu’est Trying to throw your arms around the world, sur lequel la diction alambiquée de Bono atteint des sommets. On croirait, à son écoute, entendre les crépitements lointains d’un feu d’artifice, tandis qu’un crépuscule bleu et rose s’étend sur le Sahara. Oups, j’ai failli sauter Until the end of the world. La façon dont Bono y contraste avec ces hauteurs guitaristiques, avec la compacité de cette production chargée à bloc, la façon dont il y balance, clope au bec "You were acting like it was the end of the world" a quelque chose de Han Solo, quelque chose d’une vieille classe hollywoodienne, un peu macho, qui serait vouée, plus tard, à disparaître. Inépuisablement riche, Achtung Baby est un album plein de sentences qui tapent, à l’image du pantalon couvert de miroirs de Bono (qui fréquente souvent les mêmes friperie que Jim Morrison, il faut croire) : “A woman needs a man / Like a fish needs a bicycle” “When you close your eyes, you can feel the enemy” ou encore “it’s no secret that ambition bites the nails of success”. Toutes ces paroles, souvent profondes, et faisant partie intégrante du personnage sardonique campé par Bono, ne seraient rien sans la manière de les chanter, indéniablement réussie. C’est à peu près l’opposé de l’intensité concernée et poétique de Ian Curtis : Bono est hâbleur, gouailleur, frimeur, et surtout sensuel à l’excès (écoutez le suffoquer comme Prince sur Even better than the real thing, par exemple). L’écho porté sur sa voix maniérée, couplé avec le foisonnement des guitares mirobolantes, donne l’impression d’un enregistrement live, avec un Bono perché à des centaines de mètres au dessus de la foule, cabotinant en équilibre sur une structure métallique, au mépris du vertige et du bon goût… A force d’adoration des foules à une dimension encore rarement vue, le chanteur allait muer non pas en papillon, mais en The Fly. Un alter-ego salvateur à ce stade de megastar absolue, dont il est paradoxalement l’archétype, le cliché qui en est tellement outrancier et irréel qu’il en désamorce tout le sérieux. L’homme aux lunettes de mouche, au costume de cuir noir qui n’apparaît que la nuit et sous les projecteurs… Une démarche post-moderne, mais qui s’arrange bien pour susciter la fascination de milliers de gens qui fantasment dessus bel et bien au premier degré (j'omets ici volontairement de vous parler de MacPhisto, 2ème alter ego du chanteur). Bref, avec Achtung Baby, U2 arrivait avec un "package" à la Bowie, un concept aussi bien visuel que sonore et qu’il faut analyser en ayant toutes les cartes en main… Clips et live aussi. A suivre, donc. Autre artifice qui fait toute la différence ici : la pro-du-ction. Impossible de faire comme si on en foutait, le duo de producteurs avait ici atteint la maturité de sa relation avec U2, acquise au fil des ans. Lanois pour le côté orfèvrerie sonore aux multiples couches, et bien entendu Eno pour ses mythiques stratégies obliques, sorte de méthode instinctive et dadaïste en studio qui aura sauvé bien des géants en mal de renouveau. Même sur des compositions très faibles comme So Cruel ou Acrobat, la sauce prend grâce à ces cascades de guitares omniprésentes, mais aussi grâce à cette batterie mixée comme pour un album de breakbeat, et ce même sur les ballades (So Cruel en particulier). Et quand ce son ultra travaillé rencontre un The Edge soudain pris d’un accès de funkitude le temps de The Fly (essaie de suivre ce solo Ash Ra Tempelien jusqu’aux tréfonds de l’univers, pour voir) et de Mysterious Ways (autre meilleur morceau du groupe, qui vient cette fois rappeler Can), eh bien, c’est la panique in da club, comme ils disent. Le plus fortiche est peut-être qu’à part ces deux titres, tout le reste du disque n’est au final que du U2 classique, épique et emphatique, mais servi par cette production si imbattable… Il y a bel et bien moult synthés années 80 sous ces effets par camions, sous ces percus africaines pour faire cool. Véritable pied de nez au nivellement par le bas du mainstream des années 80, ainsi qu’à un Bowie qui reprendra foi en l’expérimentation peu après (coïncidence ?), le carton du disque sera hénaurme… Mais plus encore le sera son influence sur les groupes à venir. Coldplay, The Killers… La liste des vaches à stades est longue… Fort heureusement pour le monde, des petits malins nommés Radiohead avaient aussi pris ce disque en pleine poire (Thom Yorke, 22 ans). Résultat après maturation : Ok Computer, Kid A. D’où croyez vous que venait ce virage à 180° en pleine gloire ? Cette invasion de sons électroniques sans raison ? Ce violoncelle en solo dans l’écouteur gauche de votre casque sur Airbag (Who’s gonna ride your wild horses) ? Cette coda sur There There (idem) ? Ces fins d’album sous lexomil, portées par un orgue dénué de tout espoir, où la vie semble s’écouler lentement de vos veines (Love is blindness) ? Etc etc… On pourrait trouver ainsi plusieurs idées par morceau. Ce qui ne fait en rien de U2 un plus grand groupe que Radiohead, remarquez. Ça fait simplement de Achtung Baby un album dont on ne se lasse pas, et qui prend sa réelle valeur au fil des ans…

Très bon
      
Publiée le mardi 17 mars 2009

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Oui mais One.

Et Even Better Than The Real Thing qui envoie jusqu'à la stratosphère, et au-delà.

Et, et... etc...

Chaque titre peut sortir du lot à un moment ou un autre, selon l'alignement des astres, même si c'est vrai, Acrobat et Love is Blindness sont plus brutes et écorchées.

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Dane Envoyez un message privé àDane

Sans parler des titres plus connus et comme je l'ai écrit il y a 10 ans, les 3 derniers titres sortent du lot pour moi. Pas qu'ils soient meilleurs mais ils apportent une autre profondeur.
Je ressens "Tryin' To Throw Your Arms Around The World" comme une sorte de pause toute calme avant ces morceaux qui me semblent planer au-dessus du reste. "Acrobat" est la meilleure des 3.

(Sinon pour revenir à la découverte de "The Fly" par Code-12, pour moi c'était le clip au top 50, j'avais 10 ans et je me souviens avoir été capté mais il a encore fallu que U2 infuse une bonne année et la découverte de "Pride" pour m'y mettre).

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Complètement, c'est mon titre favori, avec 'The fly'... Cette guitare est parfaite et Bono n'en fait pas des caisses vocalement, totalement pertinent... Merci pour la piqûre.

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Code-12 Envoyez un message privé àCode-12

Ah, U2. Cela faisait longtemps et je suis sur que cela manquait à tout le monde.

Petite relecture du jour de 'Acrobat'. J'adore le caractère paniqué de ce titre. Et tout y participe : le chant paranoïaque de Bono, la guitare énervée de The Edge (rare !) et le jeu stressé de la batterie. Un titre anxieux qui met mal à l'aise, donc réussi !

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Beau ? Yes !

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