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Dillinger › CB200

cd • 10 titres • 29:22 min

  • 1CB2002:34
  • 2No Chuck It2:52
  • 3Cokane in my Brain2:44
  • 4The General2:58
  • 5Power Bank3:02
  • 6Plantation Heights2:52
  • 7Race Day3:35
  • 8Natty Kick Like Lightning2:27
  • 9Buckingham Palace4:11
  • 10Crankface2:37

informations

Enregistré par Ossie & Ernest HOOKIM. Enregistré à Channel One, Jamaïque. Produit par Jo Jo HOOKIM.

line up

Aston "Family Man" Barrett (basse), Benbow (batterie), Dillinger (voix), Sly Dunbar (batterie), Bobby Ellis (trompette), Vin Gordon (trombone), Ossie Hibbert (claviers), Betram "Ranchie" McLean (basse), Earl "Chinna" Smith (guitare rythmique), Tommy McCook (saxophone), Trinity (chœurs)

chronique

  • inna rub-a-dub style

Il y a des lieux et des instants. Soudain tout se noue, tout se tisse pour tendre vers une grâce essentielle. Les éléments les plus grossiers se mêlent en fibres serrées, élégantes dans leur rudesse qui se fait simplicité, évidence. Et les cris, les bruits de la rue se parent d’un raffinement insoupçonnable, altier, magnifiquement proportionné. L’urgence pousse les formes les plus populaires, celles qui doivent s’épandre au plus vite, s’écouler en masse et sans délai, aux audaces les moins attendues, à l’incessante surprise, aux derniers retranchements de l’invention. Une simple chanson devient un hymne et l’éphémère achèvement de l’idée se retrouve en vente libre. L’air du temps échappe aux outrages, quitte à disparaître sous le jour suivant, tapi, prêt à rejaillir du fond des décennies futures. Ça s’appelle Motown à Detroit (Michigan) ; STAX à Memphis, (Tennessee) ; ZE Records, Downtown New York (NY) ; Factory à Manchester (UK). Ou Channel One. Kingston. Jamaica… Il y a d’abord ce single brut et racé, de ceux à quoi l’on ne doit rien ajouter ou retrancher sous peine d’irréparable, de retour au générique, aux tics de genre. Une chanson parfaite, parfaitement cinglée. Cokane in my Brain. Une ligne de basse entêtante, propulsive. Un drive de charley funky, limite disco, mais absolument dégraissé. Et presque rien d’autre, au début. Ne serait ce fameux contretemps (le skank), ici léger comme les fumées urbaines au trottoir d'un Brooklyn d'immigrés. Un mixage sec, brut, presque sans effets. Et par dessus, bien en avant, cette voix tendue et presque exaltée, qui balance d’une même traite questions et réponses. Qui débite ses bouts rimés et les rattrape au bond, en une poésie purement rythmique, en abstractions compactes et menaçantes. L’exultation aux artères dilatées. La Folie aux sinus et au cortex ravagés d’un feu glacial. Ailleurs sur le disque le débit, le timbre puissant du toasteur se déploient et se rétractent, se durcissent ou s’étirent en une virtuosité serrée, sans ornements, jeu de muscles et de nerfs, instinct et intellect rendus indiscernables. Mais cette fois les effets enveloppent, immergent, fondent le flot à un dub extrêmement dense, moins foisonnant qu’ailleurs à la même époque, dans les même parages. Point de vastes espace enluminés, comme chez le Roi Tubby. Pas de ténèbres insondables, on n'est pas chez Lee Perry. Mais un son exceptionnellement plein dans sa concision, un groove pesant qui ne s'encombre d'aucune précaution, se passe de tout effet d'annonce. Basse et batterie, guitare ou clavier cisaillant les temps pairs. Quelques éclats de cuivre liquéfiés par la reverb, qui filent en rigoles hors du mix ou se subliment en vapeurs, aspirées par les roulements centrifuges. Le son d’une époque, oui. Mais de celles, si rares et si brèves, où le marché, la production et ses chaînes happent soudain l’histoire souterraine, la vie qui sourde aux bas-fonds des villes et brûle aux frondaisons des collines alentour pour les recracher au visage du monde. Les riddims décalqués puis à peine maquillés, les fragments de vers saisis au vol d'autres hits puis retaillés, malaxés, triturés, deviennent autant de mots de passe, de signes dévoilés, un instant fugitif, aux yeux des profanes et des initiés. De messages furtifs, opaques ou aveuglants. Peu importe, au fond, l’emphase biblique où viennent s’ancrer les appels à la sédition. Peu importent, aussi, ces fins de morceaux tronquées, abruptes, qui nous laisse en suspens jusqu’à la prochaine entame. Il y a ces assonances affolés, ces coq-à-l’âne absurdes et emboîtés sans respirer, en véloces figures d'un plaisir sans excuse. On ne sait plus si l’on doit rire ou s’effrayer. L'insondable patois d'un temps et d'un taudis lointains ne parvient pas à étouffer la rage posée qui électrise le flux. Que l’intenable rasta nous vante la puissance de sa Honda toujours briquée, nous abjure d'incendier Buckingam et le Vatican, nous propose de fumer de la weed ou d’abattre Babylon en compagnie de Bruce Lee et de Jim Kelly, qu'il fasse la bête ou prêche l'élévation spirituelle, l'excitation s’imprime en nous, coulée de plomb aux frottements feutrés. C’est celle d’un lieu et d’un moment qui ne se rencontreront plus. L'instant d'un acte neuf, le souffle d'une seconde qui le reste à jamais : ça vit bien plus fort que tous les Classiques.

note       Publiée le lundi 9 mars 2009

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Bon OK, je sais, je vais pas vite... C'est à cause de.

    Note donnée au disque :       
    blub Envoyez un message privé àblub

    Rhooh, mais le prend pas comme ça, je m'excuse! j'essayais d'être drôle mais tu connais ma maladresse (pour rester poli)! on l'attend tous avec impatience ta chro, tu le sais...

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    OK...

    Pour la peine je le fais pas.

    Et même, j'arrête d'aimer ce disque.

    Et même, je le brûle.

    Ainsi que toute la partie jamaïcaine de ma discothèque.

    Bravo, Blub ! Et merci.

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    blub Envoyez un message privé àblub

    "À suivre ? Va savoir." mouahahahaha, comme s'il y avait un quelquonque suspense! fait des mois qu'on sait que tu vas le faire, ça commence limite à dater même! hahaha j'adore ton humour décalé et second degrés! t'es le meilleur!

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Clair ! Une des très très grandes prods de Lee Perry à cette époque, Heart of the Congos !

    Et puis ces voix, quoi...

    À suivre ? Va savoir.

    Note donnée au disque :