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Sole And The Skyrider Band › Sole And The Skyrider Band

  • 2007 • Anticon ABR 0078 CD • 1 CD digipack

cd • 13 titres • 55:19 min

  • 1A Sad Day For Investors
  • 2Ghost Assassinating Other Ghosts
  • 3Nothing Is Free
  • 4The Bridges Let Us Down
  • 5A Hundred Light Years And Running
  • 6The Shipwreckers
  • 7Sound Of Head On Concrete
  • 8Magnum
  • 9The Bones Of My Pets
  • 10In Paradise
  • 11One Egg Short Of The Omelette
  • 12On Cavalry
  • 13Stupid Things Implode On Themselves

informations

line up

Sole/Tim Holland (MC), William Fritch (basses, guitares, orgue, melodica, saxophone, glockenspiel, mandoline, clarinette, flûte, claviers), Bud Berning (basse, guitare, samples, programmation de batterie)

chronique

  • alternatif > emo / post rock hip hop

Délivrance, exorcisme ou abandon. Dès l’ouverture, avec son riff saturé et le flow réverbé à mort de Sole vomi sur un beat implacable, les choses ont pas une gueule de porte-bonheur. Du gros son cradingue pour aguicher encore et toujours les mêmes amateurs de prods lo-fi ? De la poudre aux yeux ? Pas vraiment… Tim Holland et Bud Berning du Skyrider sortent d’une période pas très joyeuse de leur existence, et les abîmes dont les deux hommes ont réchappé sont très palpables dans cette ambiance saumâtre, désespérée, où la lumière s’extirpe de la crasse, des mélodies qui ne tiennent parfois qu’à un cheveu jaillissent du doux chaos électrique. Il y’a une grâce véritable qui surgit de cette matière difforme, une beauté dans cet album souvent étouffant, épuisant - épuisé. Et qui nous prend à la gorge. Les choses n’étaient déjà pas bien gaies sur les précédents solos de Sole (hum), mais elles prennent une allure bien plus sérieuse ici, le petit nerd a trouvé les moyens de ses ambitions, est passé à un niveau de noirceur supérieur. Plus lourd, plus tenace, plus... réel. Quand je dis lourd, certains n’hésiteront pas à me rétorquer qu’à côté des deux derniers Dälek tout ça est bien mignon, ce à quoi je rétorquerai à mon tour qu’en matière de hip-hop actuel rien n’est comparable à Dälek, et que pour une prod Anticon puisque c’en est une, on tient là un sérieux calibre. Entre les instrus écorchés, les nappes de riffs moroses où se noie le MC, une production à plusieurs niveaux réellement bluffante dans laquelle on pourra percevoir écoute après écoutes des nuances nouvelles, des subtilités qui jusqu’alors nous avaient échappé, on a bien du mal à faire mine de pas se sentir pris là-dedans, envoûté par ces vagues successives, touché au cœur par la beauté qui ressort de ses saturations, dissonances, crépitements, ces échos de western, de crépuscule texan ("The Shipwreckers"), de bluegrass spectral, de Sixteen Horspower, les passages plus morriconiens ou à saveur très post rock, ou folk, les touches de piano et de violons qui accentuent le côté tragique, quand ça ne vire pas au dub occulte (l’excellent "Nothing Is Free"), le tout renfermé entre les deux titres les plus lourds et désespérés du lot, une ouverture et une clôture en forme de crucifixion. La différence avec le passé est palpable même si les personnes allergiques à Sole camperont sur leurs positions. Son flow n’a pas vraiment changé mais l’homme qui est derrière, oui. Les détracteurs du MC n’ont jamais été – ne seront jamais - à cours d’arguments pour lui trouver tous les défauts possibles. Oui, son flow est maladroit, oui encore, on peut objectivement le considérer comme un piètre rappeur comparé à des bêtes de course comme Sage Francis. Tous ces défauts, ces faiblesses, cette apparente fadeur, ce manque de puissance, de charisme, il en fait une force, un atout. Ce n’est pas le flow d’un rappeur m’as-tu-vu ou agressif, ce n’est tout simplement pas le emceeing d’un rappeur mais d’un homme qui se fantasme rappeur, et le devient finalement, par la force de la volonté, comme un anorexique auquel on demanderait de faire des séries d’haltères et qui s’acharnerait à soulever sans succès la barre, encore et encore, jusqu’à finalement y parvenir dans un cri de douleur – le flow d’un petit mec au bout du rouleau, faible mais bourré d’émotion, de détresse, de volonté, qui balance tout ce qu’il a sur le cœur, dans les tripes et dans la tête, d’une voix essoufflée, toujours à la limite de l’épuisement. "Everybody’s dead" répète-t-il au bord de la syncope sur "Magnum". Toujours sur le fil. Chétif, faiblard, rachitique, certes - mais ne lâchant jamais prise, surprenant même les plus septiques avec quelques envolées vocales illuminées, où il s’emporte dans des diatribes fulgurantes. Un MC investi, des productions cousues mains, soignées. Pas ou peu de programmation et de machines. Des nappes de guitares, des rythmes très secs assurés par la batterie, et des arrangements à la fois classieux et lo-fi dans une harmonie nouvelle, le funèbre et la lumière marchant main dans la main. Sole a pu mettre ses démons en boîte avec cette collab. Le MC a peut-être senti qu’il commençait à tourner en rond, et ce projet inédit redonne un sang neuf à son univers, il ne laisse plus l’impression d’un petit intello vaguement rebelle et agaçant jouant les durs mais d’un rappeur au sens noble, un mec qui surjoue certes mais capable de mettre ses tripes sur la table avec force et de trouver l’état de grâce à plus d’une reprise. Si les prods de l’écurie Anticon n’ont pour la grande majorité pas survécu à leur hype (relative), cet album gardera j'en suis sûr une place de choix dans ma discothèque, parce qu’il offre quelque chose d’assez unique et qu’au bout d’une vingtaine d’écoutes je n’ai toujours pas l’impression d’en être venu à bout, d’en avoir épuisé les richesses, ce qui n’est pas vraiment le cas de la plupart des autres galettes du label à fourmi, qui pour beaucoup passé l'impression de fraîcheur et de nouveauté lassent rapidement. On pourra tirer notre chapeau au Skyrider Band, qui y est pour beaucoup dans la réussite du projet. Un hip-hop émotionnel, étrange et organique. Vivant. Ecorché.

note       Publiée le samedi 21 février 2009

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    ptetre pas une bonne idée, si t'es allergique au flow de Sole et en plus aux sonorités post rock, le com' de damo est un peu vrai bien que ça soit quand même + sombre que 90% des prods anticon amha, et qu'il y'ai quand même d'autres influences (country, folk, noise rock)

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    Je hais ce mec, mais monsieur le chroniqueur m'a donné envie, maintenant je l'aime, c'est con

    Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

    Pas mal, la tournée qui allait avec était sympa aussi, le skyrider band étant composé de deux multi instrumentistes assez impressionnant. Après, ca revêt un coté post rock un peu mielleux qualifiable aisément de "peut mieux faire". Pas encore la mornifle en somme.

    kama Envoyez un message privé àkama

    Mon pref de sole, mais clairement pas un disque a écouter le matin. Crépusclaire et tragique.

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