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Joni Mitchell › Song to a seagull
lp • 10 titres • 38:00 min
- Side 1: "I Came to the City"
- 1I Had a King3:37
- 2Michael from Mountains3:41
- 3Night in the City2:30
- 4Marcie4:35
- 5Nathan La Franeer 3:18
- Side 2: "Out of the City and Down to the Seaside"
- 6Sisotowbell Lane 4:05
- 7The Dawntreader5:04
- 8The Pirate Of Penance2:44
- 9Song to a Seagull 3:51
- 10Cactus Tree 4:35
informations
Produit par David Crosby - fin 1967 - Ingé-son : Art Cryst
line up
Joni Mitchell (chant, piano, banshee, guitare), Lee Keefer (Banshee)
Musiciens additionnels : Stephen Stills (basse sur Night n the City)
chronique
- journal intime
Lorsqu’on parle de folk Canadien, la première figure qui vient instantanément à l’esprit est incontestablement Neil Young. Au point d’en oublier parfois Joni Mitchell, tout aussi indémodable et appréciée de toutes les générations que le loner, et dont la carrière n’a rien à envier à celle de son ami, ni en longévité ni en abondance. Un an avant le premier éponyme de ce dernier, elle se lançait dans l’aventure avec cet étonnamment abouti premier disque, dont elle a elle-même conçue la pochette, psychédélique au premier regard, puis se révélant extrêmement personnelle si l’on s’attarde sur les détails (le genre de trucs impossible sur la version cd), reflétant tout à fait le contenu de ses paroles et, par là même, de sa vie. Car Song to a Seagull est un véritable journal intime gravé sur sillon. Une impression renforcée par le chant susurré de la demoiselle, qui décolle parfois dans des aigus un peu exagérés, ce qui me permet d’évoquer le seul gros défaut de l’ensemble : la production approximative de David Crosby (« en gros, j’ai juste appuyé sur record »), avec ses hausses de volume précipitées sur les refrains, probablement dû à un procédé un peu spécial : Joni chantait à côté d’un piano ouvert pour capter les vibrations des cordes entraînées par sa voix. Sauf qu’on devine qu’elles ne vibrent qu’à un certain volume, donc sur les refrains. Encore que cela peut accentuer le côté un peu naïf et humble de ce disque : il ne s’agit après tout que de Joni, assise sur des coussins en face de nous, ou à quelques mètres dans un salon de thé minuscule et aux murs en bois, seule avec sa guitare et sa voix si particulière (on aime o on déteste). Le dépouillement lui va si bien. S’il fallait donner un exemple de poésie hippie débarrassée de tous les effets et idéaux irréalistes de l’époque, ce serait Song to a Seagull… Et puis il y a ce jeu de guitare, sa marque de fabrique, à la complexité en rupture totale avec l’absence d’arrangements, qui atteint son paroxysme sur la face B (l’ovni The Pirate of Penance, où les voix s’entrelacent de la plus étrange manière). Ou devrais-je dire : sur « Out of the city and down to the seaside ». Car Joni Mitchell a choisi de donner un nom à chaque face : la première racontant sa fuite d’un bien étrange château (I Had A King), celui de son premier mari Chuck Mitchell, pour rejoindre les lumières dansantes de la ville (Night in the City, indispensable interlude pop sur un disque 100% acoustique), avant de s’enfuir à nouveau vers le bord de mer en taxi (le sombre Nathan La Franeer). Il est question de toute une galerie de personnages croisés sur le chemin, qu’on devine bien peu fictifs, et auxquels Joni semble rendre hommage l’un après l’autre sur Cactus Tree, le morceau final. En fait, l’univers de Joni Mitchell est si riche et, encore une fois, si profondément intime, qu’il en devient impossible à décrire. A peine la musique se termine qu’on croit avoir rêvé… Il faut dire que le vocabulaire très ciselé employé ici n’aide guère pour résumer le tout. Disons que vous vous retrouvez, le temps de 10 chansons, dans une chambre de fille, remplie d’objets fragiles et étranges que l’on ose toucher, voire regarder, et qui réveillent des images d’étoffes, d’algues, de voiliers et du meurtre d’un certain pirate… Peut-être même qu’un de ces protagonistes vous rappellera quelqu’un. Il n’y a pas 36000 scénarios possibles : soit tout cela vous semblera terriblement banal, soit vous vous sentirez flattés qu’elle ait choisi votre oreille pour y murmurer ses histoires de départ et d’amourettes volées… Et il y a quand même un petit chef d’œuvre, il s’appelle Michael from Mountains, et dévoile un talent pour les mélodies brodées encore trop méconnu. Plus féminin, à fleur de peau et rêveur que ça, ça va être difficile de trouver. Parfaitement intemporel.
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- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Jusqu'à "Mingus" inclus, tu perdras pas ton temps, à mon avis. Ce qui ne fait pas de chaque album un chef d'oeuvre. Pas le but, non plus, tu me diras.
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- coronavirus › Envoyez un message privé àcoronavirus
Je ne connais pas le reste de la carrière de Joni Mitchell, mais je compte bien m'y mettre dès l'occasion se présentera. Les noms que tu as cités dans ton commentaire Coltrano sont matière à partir sur le bon chemin de la découverte.
Et pour l'appellation "Folk inofensive" c'est peut-être à mettre en opposition avec une folk plus contestataire à la Bob Dylan/Joan Baez? Ça m'a fait réfléchir hier, je dois l'admettre sans toutefois trouver une réponse
Alors, oui cet album sonne très poétique et sentimentale , un peu emporté par des sentiments amoureux, très fleur bleu quoi.
En tout cas c'est doux comme du miel. Délicieux
Message édité le 12-02-2025 à 15:13 par coronavirus
- Note donnée au disque :
- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Tout pareil. Beaucoup de mal à comprendre ce commentaire. J’aime bien Mitchell période Hissing/Hejira- on peut entendre déjà quelques inflexions en ce sens sur « Court and Spark »- mais c’est là où elle est le plus «inoffensive ». Don Juan….et Mingus sont à part. Drôles d’albums, ces deux-là, et pas toujours convaincants. Son orientation Jazz s’est faite sur un mode très «Californien » (San Francisco n’était plus San Francisco, faut croire), avec les Crusaders et des Larry Carlton et consorts. Ça donne un son rond, plus aseptisé et qui ronronne par moments. Ça reste hautement recommandable mais je reviens bien plus souvent à celui-ci et surtout « Clouds », Tin Angel étant peut-être sa plus belle chanson.
- Note donnée au disque :
- coronavirus › Envoyez un message privé àcoronavirus
Inoffensif oui mais ça tue . Vision du jardin d'Eden mais sans la misogynie de Dieu
- Note donnée au disque :
- mangetout › Envoyez un message privé àmangetout
Quelle voix quand même !!! Et Dieu que j'adore le "folk inoffensif"...