Vous êtes ici › Les groupes / artistes › T › Tiamat › Wildhoney
Tiamat › Wildhoney
- 1994 • Century media records 77080-2 • 1 CD
cd • 10 titres
- 1Wildhoney
- 2Whatever That Hurts
- 3The Ar
- 425th Floor
- 5Gaia
- 6Visionaire
- 7Kaleidoscope
- 8Do You Dream Of Me?
- 9Planets
- 10A Pocket Sized Sun
informations
(J'ai la réédition digipack - très jolie - avec en bonus un CD live et des versions différentes des morceaux sur le premier disque, ainsi qu'une sympathique reprise de Pink Floyd)
line up
Johan Edlund (chant, guitare), Johnny Hagel (basse), Lars Sköld (batterie), Magnus Sahlgren (guitare), Waldemar Sorychta (claviers), Brigit Zacher (voix)
chronique
Aujourd’hui Raven est très Candy, il a décidé d’inaugurer sa nouvelle émission gutsienne "Mes meilleurs disques Glucose". Premier volet. Il s’adresse à toi sur un plateau 100% romance, la caméra le suit jusqu'au sofa (d’un somptueux fuchsia), lentement, voluptueusement… *générique rose bonbon, fondu enchaîné, lumières tamisées, musique douce, regard ténébreux* D’abord, très chères spectatrices, un peu de contexte si vous le voulez bien. Tout comme Paradise Lost a One Second, ou Samael a Passage, Tiamat a Wildhoney. Carrière entamée sous de sombres auspices, puis virage glucose à grand renfort de claviers sans perdre une once du charme ténébreux, au moment où ça devenait un peu vain de jouer les vilains alors qu’on se sent une marguerite pousser dans la poitrine. Astral Sleep puis Clouds furent la libération encore timide de cet amour bridé, dégoulinant, pour d'autres horizons. Wildhoney en est le climax. Peut-être le plus beau disque Tiamat, et bien que le suivant plus porté sur le côté atmo soit encore plus chochotte que celui-ci, pour ne pas dire gay comme un pinson, il n’a pas le savant mélange qu’on a ici : ce sont les mêmes étoiles, mais sans la nuit qui va avec. Wildhoney puise encore dans l’ambiance occulte des précédents, pour équilibrer le trop plein de sucre. Leur album séraphique, mélancolique, romantique, fleur bleue, eau de rose, rosée du matin, tout ça. Un album qui, lorsque les riffs doom/death/heavy la mettent en veilleuse, donne envie de s’allonger dans un parterre de jonquilles en se faisant besogner par une amazone tandis que les mésanges bleues aux exquises intentions nous apportent à la bouche de leurs becs délicats grappes de myrtilles, cerises et autres griottes, et que les coccinelles d’un œil attentif prennent soin de nous décorer les orteils en s’amassant dessus. Mmmmh. Aaaaaaah. Et pourtant, le ciel est orageux, au-dessus... et des serpents se frayent un chemin entre les hautes herbes. C’est vrai, que ce disque est immodérément doucereux, too much, exalté, des mélodies jusqu’aux paroles, mais comment résister à cette amourette qui dégouline de passion ? Moi j’peux pas. Eh ! Je suis romantique, aussi. Comme moi, le chanteur de Tiamat est un corbeau, mais pas de ceux qui jouent les vautours (enfin ça, c’était avant Clouds, non ?) – un corbeau naïf, bien que parfaitement capable de distiller une ambiance malsaine, et sombre comme un cachot, j’en veux pour preuve ce titre d’ouverture bien menaçant, avec cette voix bien crevarde dans le couplet qui part soudain dans un beuglement death complètement rétamé (faut l’entendre beugler "HONEYMOOON", le gars). Un naïf, avec des paroles qui peuvent être… naïves à mort, gnan-gnan, neuneu, même quand ça te parle infusion de psilocybes ou trip sous datura, naïves, mais toujours très émotionnelles ("I hold you in my arms, dimmed by scarlet morning red, I whisper in your ear : "Do you dream of me ?", brrrr). Ce mec, c’est Michel Berger, prisonnier dans le corps d’un doomeux. Terrible challenge, donc, que de faire sortir le romantisme le plus sincère de cette gorge de brute écorchée. La naïveté, bébé, la pure, la vraie, celle qui jamais ne lâche la main de la noirceur, la bonne noirceur qui met du baume au coeur, celle des goths, celle qui fait son nid dans le saule pleureur du désespoir (c’est un rire que j’entends, là ?) Les paroles sont parfois naïves comme pas possible oui, mais le gars il te les déclame avec une telle conviction, oserais-je dire foi, presque mystique, qu’on se garderait bien de ricaner, d’ailleurs on ricane pas, t-t-t-t-t ! Hé, oh ! Tâte moi ta joue, et ose me dire qu’une larme grosse comme le poing n’y fait pas son lit, toi, hôte de ces lieux sombres et expérimentaux avide de malsain, d’horreurs en tout genre, de génocide, de haine. La haine c’est pour les faibles, seul l’amour triomphera, tu le sais. Parce que Wildhoney c’est beau, parce que ça fait chialer, comme un bon mélo de Clint Eastwood, ou le passage dans le Cercle des Poètes Disparus quand le mec se suicide (tu remets l’ambiance ?) Aucune résistance devant ça, devant ce chant plein d'ivresse et de ferveur, devant ces riffs prodigieux. Parce que même quand ça se vautre dans des envolées sympho-chose comme sur "The Ar" avec des chœurs en cellophane, c’est tuant, parce que ça vire martelage indus l’air de pas y toucher. Parce que c’est tuant, tous ces sons fourmillants, toutes ces petites touches subtiles, la richesse et la clarté de la prod pour parler scientifiquement, font aussi pour beaucoup de cette beauté, même les passages Microcosmos / Ushuaia, oui, même Vangelis, voire Era. Que ça laisse béat, ce gros côté onirique prononcé qui s’éveille de l’ombre, avec ces berceuses nocturnes sublimes, ces arabesques de guitares latines qui t’envoûtent et de laissent dans un rêve moite comme du Midnight Summer Dream, on se croirait à Barcelone au milieu d’une forêt Scandinave, des cigales au pays du Neutrogena. Ou plutôt dans une clairière sous les étoiles, nu dans un parterre de muguet laissé vierge par les chevreuils, où l’on a alors tout le loisir de se perdre dans ses rêves. C’est beau. Et quand ça part dans le mauvais goût total, ça l’est peut être encore plus ! Ecoutez-moi ce "Gaia" et osez me dire que ça fout fait pas tout plein de frissons partout. Kitsch ouais, mais tout ça sans perdre une once de grâce (bien au contraire), à grands renforts de coulis de synthés 100% Air Wick brise fraîcheur printanière pour un envol Goth très… comment dire… extatique ? Non, mieux que ça : titanique... Jack !... Jack !... Je vole Jack ! Je vole !!!... Et vas-y que je te balance un solo FM 100% Yngwie Malmsteen par-dessus, embraye plus loin sur une espagnolade puis termine sa course avec du Pink Floyd bien grenadine. Certains ont Katatonia, d’autres ont Anathema, d’autres (plus rares, et heureusement) ont Him. Moi j’ai Wildhoney. Oui, je l’avoue. J’ai tutoyé les anges avec ce disque… Oui, je me suis surpris à dire "j’aimerai mon prochain, et je t’aimerai, toi, ma douce, jusqu’à ce que l’amour nous sépare." Oui, j’ai bandé pour une fleur, un fruit, enivré par le soupir langoureux des chérubins – et appris à entrevoir la beauté dans cette mirabelle, appris à goûter le miel sauvage de Tiamat. Je savais déjà que grâce et kitsch ne sont pas deux choses inconciliables, mais j’ai appris une chose importante à l'issue de cette idylle : le kitsch peut ne pas être vulgaire, et n’être que grâce. Cet album n’a rien de vulgaire, même s’il est très porté sur le sirupeux, à un point indécent. Il est juste beau, comme une nuit d’amour à la lueur des bougies, comme une déclaration d’amour sur des draps encore mouillés par la sueur alors que l’aube se lève, dont le souvenir résonne dans ta tête comme une caresse rassurante les jours où le gris est couleur dominante. J’ai appris autre chose grâce à cet album, aussi, quelque chose que je subodorais déjà, en romantique éperdu, mais que mon amour pour les démons avait fait vaciller… Ce n’est pas du sang, qui coule en moi. Il y’en a qui ont du miel dans les oreilles… Moi, il n’y en a que dans mes veines.
note Publiée le vendredi 6 février 2009
Dans le même esprit, Raven vous recommande...

Samael
Passage
She'll be called Moonskin... and she will have the beauty of the marble

Samael
Eternal
Can you give as much as you can take ? Can you love as much as you can hate ?

Paradise Lost
One second
You won't feel the warmth of friends around you - Say just words to me
dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Wildhoney" en ce moment.
tags
- glucose (8)
- Chro qui tue (345)
- usine à tubes (97)
- pochette by Necrolord (36)
- pochette fleur (156)
- pochette papillon (29)
- gothologie (104)
- pochette orange (334)
Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Wildhoney".
notes
Note moyenne 27 votes
Connectez-vous ajouter une note sur "Wildhoney".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Wildhoney".
- stickgrozeil › Envoyez un message privé àstickgrozeil
Comment ça? Je découvre que je n'avais jamais commenté cet album? C'est un 6 boules ultra mérité pour un chef d'oeuvre de doom atmosphérique (enfin, LE chef d'oeuvre). Et dire que Edlund va se saborder juste après et sortir son disque ultime avec A Deeper (mais qui n'aura quasiment plus rien à voir avec le doom)...
- Note donnée au disque :
- Potters field › Envoyez un message privé àPotters field
Découvert en même temps que le And then came silence de Serenity (dont la pochette n'est pas sans me rappeler celle-ci d'ailleurs), le Wolfheart de Moonspell et le Purgatory afterglow de Edge of Sanity. Ces quelques mois avaient été riches en émotions. Ah et The gallery de Dark Tranquillity aussi !
- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
Précisément
- Note donnée au disque :
- Wotzenknecht › Envoyez un message privé àWotzenknecht
A deeper kind of slumber tient mieux la longueur, trouve-je
- Note donnée au disque :
- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
Ouais, moi aussi 6 boules à la première écoute. 50 écoutes plus tard sur deux -trois ans, on l'écoute pas trop souvent si on veut qu'il fasse effet
- Note donnée au disque :