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Ali Farka Touré › Radio Mali

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NevrOp4th      mardi 13 juillet 2010 - 15:53

cd • 16 titres • 68:45 min

  • 1Njarka0:44
  • 2Yer Mali Gakoyoyo4:50
  • 3Soko5:08
  • 4Bandalabourou6:44
  • 5Machengoidi2:43
  • 6Samarya5:30
  • 7Hani4:21
  • 8Gambari6:26
  • 9(Njarka) Gambari3:23
  • 10Biennal5:11
  • 11Arsany5:18
  • 12Amadinin7:10
  • 13Seygalare5:13
  • 14Trei Kongo5:27
  • 15Radio Mali2:46
  • 16Njarka (Excerpt)1:04

informations

Enregistré au Mali entre 1970 et 1978 par Boubacar TRAORE et Jean-Claude. Enregistrement originaux produits par Radio Mali. Post-production et mastering : John HADDEN et Nick ROBBINS.

line up

Ali Farka Touré (guitare, voix, violon njarka, percussion), Bra Nabo (violon), Nassourou Sare (ngoni), Fangha (violon njarka). Chœur et percussion non-identifiés sur 6.

chronique

Cet homme était un fleuve ; les pays sur ses rives avec leurs canaux, leurs récoltes ; leurs légendes qui rôdent en attendant de s’incarner ; et puis, plus loin du bord, ce désert où l’on voit venir, à des lieues à la ronde, tout ce qui s’aventure, passe au loin ou s’approche. Né tout en haut de la boucle du Niger, grand épandeur de vie entre les sables, Ali Farka Touré, très jeune, a parcouru le Mali, s’imprégnant de rythmes, de langages, de fables ; il s’est mis à apprendre, lui que sa naissance n’avait pas fait musicien : la vitesse des parlers, les variations infimes et primordiales d’un accent porté ci ou là ; le battement qui sourd à la marche nomade ; les chants d’apaisement aux veillées des cultivateurs. Quand il franchit, plus tard, d’autres frontières, on ne voulut voir en lui qu'un maître du blues africain. Ce à quoi il répondit toujours : "Ils ont les feuilles, je détiens les racines". Il affirmait aussi, plus impénétrable : "le bleu n’est qu’une couleur"… À l’écoute de ce recueil, enregistrements glanés sur le vif avec un matériel somme toute rustique, bien avant la gloire mondiale, on comprend le rapprochement. Et l’on adhère plus encore au déni. Certes, il y a bien accointances. Au-delà même des questions de gammes, de modes, de mesures par douze ou seize. Il y a dans ces accords en arpèges, cette voix de tête, ces mélodies en boucles obnubilées et ces véloces variations, ce même détachement surnaturel, ce flegme métaphysique des blues très anciens, ceux que la cire ont saisi de justesse au début d’un autre siècle, juste avant que s’éteignent ceux en qui ils couvaient. Cette fraîcheur mystique, cette ivresse méditative qui rend plus proche et plus bruissante la profondeur des nuits aux surfaces immobiles. Mais une différence frappe l’oreille et l’entendement. C’est que ces chants-là n’ont pas été brisés. Leur flux n’a pas été interrompu, arraché à leurs cours, réduits à presque rien avant de ressurgir, en bribes pétrifiées où perçaient d'autres surgeons. Ils disent les citées sacrées, la litanie des lignées apprises par cœur, depuis les héros fondateurs, grands découvreurs du ciel, jusqu’au dernier-né qui marche encore à peine ; le sillage de la pirogue, qui porte librement l’amant à son aimée. Ces chants continuent -en Songhaï, en Peul, en Tamascheq- une épopée vivante, actuelle, sans cesse modifiée, enrichie, changée par les temps où résonnent les mots du conteur ; sa voix n’est pas celle de l’individu errant, déraciné, tout juste libéré du nom d’esclave mais pas du poids de sa misère. C’est plus que la voix d’un homme. C’est la voix de peuples mêlés, planteurs, guerriers, chasseurs, Touaregs en caravanes qui semaient derrière eux des villes (Tombouctou…) ; celles d’Empires défaits par les armes, tranchés par des frontières d’Europe mais qui, par les sous-terrains, n’ont jamais cessé d’envoyer partout des émissaires de leurs savoirs, de leur sagesse nourricière, de leur gloire à peine éteinte. De palais en village, d’un côté à l’autre de l’eau. Touré lui-même se disait véhicule, messager pour la voix des Esprits, élément conducteur plutôt que créateur. Et de fait sous ses doigts, dans sa gorge, s’accordent et dialoguent, plutôt qu’ils ne s’affrontent, le calme des mosquées et celui, plus mystérieux, immémoriale, redoutable peut-être, des êtres sis aux fond des ondes. Cette musique n’entend pas nous divertir. Elle veut nous traverser, passer par nous comme un courant. Elle entre par nos pores, étire nos minutes et alentie nos gestes. Un calme incandescent lentement nous emplit. C’est vers nous-même que le flot nous porte. Cet homme était un fleuve. Sa voix est une énigme. Le bleu est une couleur et nous cherchons la rive.

note       Publiée le jeudi 1 janvier 2009

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NevrOp4th Envoyez un message privé àNevrOp4th

Chouette découverte et excellente chronique !

Note donnée au disque :       
varg Envoyez un message privé àvarg

dernier disque posthume sorti il y a peu en compagnie de Toumani Diabate qui lui rendra hommage lors d'une serie de concert. le 18 mai à Paris. j'en serais.

saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Un artiste que j'ai découvert avec des copains, enfin surtout un qui est fan, et qui aime le ragga, et ça m'a surpris tant cet art de la guitare est poussé dans son plus beau dépouillement, doublé par la superbe voie d'Ali. Un blues un peu siphoné, trop de calumet je crois lol