Aucan › s/t

Qui dit gibier dit chevreuil. Qui dit Chevreuil dit Ruminance. Non, je ne m’apprête pas à vous parler nature. Encore moins à vous fournir les détails du menu qui a égayé mon dernier souper de réveillon. Je vais vous parler de Aucan, trio italien, deux guitares, une batterie, qui vient de publier un premier album éponyme en partenariat avec le label African Tape. Ces derniers se partagent la production avec le guitariste Tony C, tête pensante du groupe nantais Chevreuil, et du label Ruminance ; je précise pour ceux qui n’auraient toujours pas saisi l’allusion... On connaît l’esthétique du label, et le goût avéré de celui-ci pour une musique instrumentale complexe mais rageuse. De fait, Aucan est la meilleure chose qu’ils aient signé depuis des lustres, Chevreuil se contentant de faire du surplace à force de brouter toujours la même herbe. Bien que le point de convergence demeure encore et toujours les illustres Don Caballero, la grande chance d’Aucan, c’est de débouler juste après que Battles ait déblayé le terrain, leur succès public et critique ayant entraîné un réel engouement pour cette musique avant tout exigeante et cérébrale. Seulement voilà, tout ça sent quand même un peu trop l’opportunisme à plein nez ; si les italiens manipulent aussi quelques synthés histoire d’avoir un son quelque peu analogue, certaines parties sentent au mieux comme des tentatives vouées à l’échec de sonner un tant soit peu original, au pire comme du réchauffé ("Ac Ha B", le très Tortoise "Satellite"). Une démarche louable en soi qui s’évertue à rendre hommage à un style plutôt que de tenter d’en explorer les limites. À moins que celles-ci aient déjà été atteintes depuis belle lurette...