Hermeto Pascoal › Lagoa da Canoa, Municipio de Arapiraca

Depuis "A Musica Livre de Hermeto Paschoal", il y a plus de dix ans de cela, Hermeto Pascoal ne ratait jamais une occasion de faire fondre interventions animales dans le contexte musical qu'il s'amusait à créer. Avec "Lagoa da Canoa, Municipio de Arapiraca", notre brésilien met la main sur un moyen diablement plus efficace encore à même d'assouvir son obsession : le sample ! Vous lisez bien. Et nous ne sommes qu'en 1984. Hermeto Pascoal est bel et bien ce que l'on peut appeler un visionnaire. Prenez "Papagaio Alegre", par exemple : Pascoal bâtit toute une mélodie à partir du simple cri d'un perroquet. Les courtes pauses "Tiruliruli" et "Vai Mais, Garotinho" optent pour le même procédé, la source, elle, étant différente : les commentateurs sportifs ! Et Dieu sait si au Brésil commenter un match de la Selecaõ s'apparente à un véritable récital. Curieusement, mis à part cette prouesse quasi anachronique, il n'y a rien de fondamentalement renversant sur cette nouvelle livraison du magicien albinos. "Ilza Na Feijoada" et "Santa Catarina" démarrent l'album en trombe, mais celui-ci s'englue assez rapidement dans une suite de titres sans relief véritable, à moins que ce ne soit mon écoute intensive et soutenue de l'oeuvre se Pascoal qui m'ait poussé à une certaine forme de saturation ? Non, je ne pense pas. "Monte Santo", plus grave avec sa voix récitée, marque une pause avant ce déballage de fusion latino qui se décline sous différents angles de vue. "Spock Na Escada" et "Mestre Radamés" ont encore leur petit effet, grâce notamment à une écriture subtile qui permet à Pascoal de tirer avantage des formidables musiciens qui font partie de son groupe. Mais les trois derniers titres, dont le limite caricatural "Frevo Em Maceio", nous empêchent de quitter l'album sur une note réellement enthousiaste. Bien, mais sans plus.