'Incunabula', tu te souviens ? Ce premier album d'Autechre, sonnant délicieusement rétro et futuriste avec ses strates mélodiques, ses lignes de basses qui n'en finissent plus et ses rythmiques hachées qui en ont fait un étendard de la vague IDM anglaise... eh bien tu vois, Seal Phüric (notez le calembour) l'a plongé au fond d'une cuve contenant le logo 'danger bactériologique', tu sais, celui qui rappelle la guerre froide et les essais biochimiques douteux, qui rappelle l'Agent Orange et ces nuages radioactifs qui contournent miraculeusement nos frontières pour irradier d'autres pays. Deux ans plus tard, il le sort sous forme musicale, le coquin, et infecte tes oreilles par un album aux vapeurs délétères, par des relents acides de chose à la fois en décomposition et en constante évolution - parce que ce n'est pas un Incunabula version cadavre que t'écoutes, c'est une version mutagène en cours de transformation, c'est un truc qui bouillonne et colle sous tes bottes comme du tarmac fondu, c'est du vomi qui se forme et se reforme devant tes sens ébahis. T'as jamais vu un rêve aussi beau et tourner aussi mal, les odeurs nauséabondes te font vaciller, tu regardes avec un égal sentiment de fascination et d'intense dégoût cette danse de matière organique qui t'hypnotise, te révulse, t'attire et finalement t'asphyxie...