Hermeto Pascoal › Montreux Jazz ao Vivo

"La musique brésilienne est d'une richesse exceptionnelle. Elle comprend des volets extrêmement variés. Le groupe de Hermeto Pascoal a réussi à faire un assemblage de styles les plus différents, que ce soit du jazz ou de la musique contemporaine, mais en gardant une essence et une base brésilienne absolument unique". Ce sont sur ces quelques mots d'introduction que débute ce témoignage essentiel du passage du sorcier brésilien au Festival de Montreux en 1979. Que des compositions originales, soutenues par une capacité d'improvisation époustouflante. L'énergie y est aussi. Ce qui ne gâche rien. Dans l'intention et pour les couleurs qu'elle charrie, cette prestation pourrait nous renvoyer aux heures de gloires de l'argentin Gato Barbieri, voire du guitariste mexicain Carlos Santana (percussions et saxophones y donnent leur pleine mesure, comme sur "Forro em Santo Andre" ou le bien nommé "Sax e Apalusos"). C'est sans compter que l'univers musical d'Hermeto Pascoal est bien plus vaste. La question cruciale était de savoir ce que ferait le brésilien de ses penchants pour l'expérimentation à tout va ? Il faut bien admettre qu'il y a peu d'instants de ce genre à se mettre sous la dent. Toutefois, ce sont dans les larges passages improvisés et les solii, nombreux, (au clavier majoritairement, mais aussi au clavinet, à la flûte et au chant) que cette audace légendaire transparaît. Pour avoir joué et collaboré avec Miles Davis, établir un parallèle entre ce live et les nombreux autres publiés par le trompettiste noir américain eut été séduisant. Si la densité d'information est identique de part et d'autre, la comparaison s'arrête là. Car, d'un côté, Miles Davis cherche l'épure à travers les paysages tourmentés qu'il traverse la tête haute, alors que Hermeto Pascoal serait plutôt du genre à alimenter en permanence la bourrasque de notes qui s'abat sur nous sans crier gare. L'impro au clavier "Quebrando Tudo" dans le plus purstyle "Be-Bop Tango" à la George Duke en est un parfait exemple. Frank Zappa et ses Mothers, période "Roxy & Elsewhere". Le meilleur des deux mondes ? Un peu trop démonstrative à mon goût. Mais une expérience singulière et généreuse pour le moins.