Nomeansno › 0 + 2 = 1

Les frères Wright persistent et signent. "Wrong" visait juste. "0 + 2 = 1" remet les compteurs à zéro. Pas la peine de se disputer pour savoir lequel de ces deux albums représente la quintessence du groupe canadien. C'est un fait certain ; à l'aube de cette nouvelle décennie, les Nomeansno sont tout simplement au sommet de leur art. Leur intégrité n'a d'égal que leur farouche volonté à ne faire aucune concession. C'est bien en cela que le groupe inspire le respect car il a su redonner son sens premier à l'esprit punk, débarassé de l'esthétique je-m'en-foutiste dans laquelle le genre est si longtemps resté cantonné. Après l'entrée en matière trompeuse de "Now", où Elvis Costello fait des appels du pied aux Clash, on s'aperçoit tout de suite que cette fois nos duettistes vont la jouer fine. Si "Wrong" était exubérant de par la violence froide qu'il dégageait, son digne successeur va enrober son propos dans un habillage plus présentable en apparence seulement, mais peut-être encore plus efficace que jamais de par son esprit retord et sournois. Ils nous le confient sur "The Fall" : "The end is nothing / And you begin with nothing much / It starts with something / A gentle touch, a vicious punch". Tout est là. Tout est dit. Déployer puissance et énergie, c'est à la portée du premier venu équipé du matériel ad hoc. Encore faut-il le faire à bon escient et ne pas bourriner dans le vide. La brutalité pure et dure ne rend pas plus intelligent. Or, c'est précisément ça les Nomeansno : un gros muscle qui pense. "0 + 2 = 1" enfile quelques morceaux de bravoure qui vont forger la légende du groupe canadien. Je ne vais pas tous vous les citer tant le déroulement de l'album paraît couler de source à partir du moment où on y a laissé traîner nos esgourdes. C'est presque une seconde nature chez nos joyeux drilles que de rendre compliqué ce qui semblait si simple au départ. Le binôme magique multiplie les plans rythmiques percutants et obsessionnels, névrotiques et déchaînés... Je pense que vous le saviez (déjà).