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Richard And Linda Thompson › I Want to See the Bright Lights Tonight

  • 1974 • Island 9266 • 1 LP 33 tours
  • 1993 • Island IMCD160 • 1 CD

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EyeLovya      dimanche 30 juillet 2023 - 22:31
nicliot      jeudi 14 février 2013 - 22:14
Alptraum      mardi 26 octobre 2010 - 22:23
Grandgousier      vendredi 23 octobre 2009 - 13:34
Coltranophile      mercredi 30 septembre 2009 - 13:11
Raven      jeudi 2 juillet 2009 - 02:31
Guy Liguili      samedi 1 novembre 2008 - 04:15
Dioneo      vendredi 24 octobre 2008 - 11:48
gregdu62      jeudi 16 juin 2022 - 10:41
Aladdin_Sane      mardi 9 mars 2021 - 17:14
Mountain of Judgement      dimanche 15 novembre 2009 - 21:14
Solvant      mercredi 19 août 2009 - 23:41
Everlasting      vendredi 24 octobre 2008 - 11:23

10 titres - 36:45 min

  • 1/ When I Get to the Border
  • 2/ The Calvary Cross
  • 3/ Withered and Died
  • 4/ I Want to See the Bright Lights Tonight
  • 5/ Down Where the Drunkards Roll
  • 6/ We Sing Hallelujah
  • 7/ Has He Got a Friend
  • 8/ The Little Beggar Girl
  • 9/ The End of the Rainbow
  • 10/ The Great Valerio

informations

Enregistré au Sound Techniques Studio, Londres, par John WOOD. Produit par Richard THOMPSON et John WOOD.

line up

Timi Donald (batterie), Pat Donaldson (basse), Brian Gulland (krummhorn), Simon Nicol (dulcimer), Linda Thompson (voix), Richard Thompson (guitare, voix), John Killpatrick (anglo concertina et accordéon), Royston Wood (chœurs), CWS (Manchester) (harmonie).

chronique

  • pénombres et flamboiement

Dix embuscades, sans échappatoire. Regardez-les ces couleurs, ces nuances subtiles. Écoutez comme ils brillent, ces arrangements parfaits dans leur pleine concision. Admirez-les, ces mélodies sans défaut, fluides, légères, élégantes, jamais insignifiantes. Entendez-le, ce fin guitariste, jouer dans un même élan de l’Inde et du Celte, parcourir toutes les musiques populaires sans jamais les nommer, sans que rien ne s’y étale de son incroyable science. Soupesez s’il y eut jamais musique plus propre à recevoir le nom de folk, au sens premier du terme (musique du peuple, des peuples) ; et à la fois si loin, tellement au-dessus de toute vulgarité. Traces de gospel, éclats d’harmonie municipale (pour une fois accordée), gigue tout en piqués. Enchantements… Mais voilà : il y a les mots. Chacun de ces écrins renferme un coup de lame. Sec, précis, sans appel. Admirable et fascinant en son inéluctable trajectoire. De l’assassinat considéré comme l’un des Beaux Arts. Les deux époux (Richard et Linda Thompson viennent de convoler) se convertiront bientôt au soufisme, branche mystique de l’Islam, contemplative et portée aux louanges exaltées de l’Œuvre Céleste. Mais pour l’instant rien ne trouve grâce à leurs yeux. Leurs voix alternées portent, pire que des anathèmes, de simples et tristes constats, de plates et effrayantes histoires. Rien n’est épargné. L’amour du prochain, l’amour propre, l’amour tout simplement ; la foi, la vierge et la vieille fille, la beauté des jeunes gens et les vertus sociales ; l’alcool, ça et là, est excuse et fuite ; les fêtes sont de piètres et brèves consolations, tentatives dérisoires avant le retour aux sourdes routines. Et la peur si veule d'être seul, au nom de quoi l’on s’abaisserait à n’importe quel objet présentable ou prestigieux, justifié du dehors... L’enfance même n’est pas sauvée. La misère, petite fille en loques, crache son ironie aigre sur un public ravi, juste un peu honteux de n’en être pas. Le pire c'est qu’il n’y a là aucune affectation tragique. Les voix ne dérapent ni ne déraillent jamais, ne tremblent pas, égrènent leurs tristes contes comme si de rien n’était. Celle du mari, grave et un peu rude, trahit seulement une colère rentrée, pas explosive mais bien calée, compacte et musculeuse. Celle de l’épouse, d’une clarté sans tâche, froide, résignée, séduisante comme un coin de verre acéré, n'a même pas cette humanité. L’époux y trouve l’arme la plus conforme à ses noires macérations, à ses impassibles assauts. Neuf index durant défilent misères et faiblesses quotidiennes, sans aucune trace de commisération, sans indulgence. Richard et Linda endossent l’un après l’autre les rôles et les désillusions. Immigrant défait, brisé à même la terre d'accueil ; ivrognes englués dans leurs brumes, qui n’amusent même plus la galerie ; jeune femme flétrie, délaissée. Petite mendiante au cynisme achevé. La somme des misanthropies culmine en ce End of the Rainbow, impitoyable adresse à un nourrisson, posée telle quelle sur une mélodie pure et poignante. Et qui édicte en substance ce simple message : cesse de vivre car il n’y a rien. Ces neuf chansons sans issues suffiraient à faire de ce disque un chef d’œuvre, un achèvement de noirceur à la beauté nocive. Mais il y a plus. Le dixième morceau inverse la symétrie. L’accompagnement est dépouillé au possible (une guitare sans rien d’autre, au début), sombre, ambigu (ces passages de mineur en majeur…). Mais quand surgit la voix, forte et plus dure que jamais, c’est un chant d’élévation, plus terrible sans doute que les neuf malédictions qui précèdent. Le Grand Valerio c’est l’acrobate, le danseur de corde de Zarathoustra. Celui qui reçoit l’amitié, l’amour de l’imprécateur. Le seul qui n’agace son regard, parce qu’il a fait du danger son métier. Le péril est sa grâce et ses phrases sont énigmes. Il faut vivre comme lui, non pas malgré, mais par-delà, au-dessus du dégoût. Il n’est de chemin possible que la corde tendue. La vie, en ce lieu, n’est qu’élans, points de balancement et confiance intrépide. Toute erreur est menace de chute. Proposition sublime et terrifiante. Il faut s'en saisir ou bien descendre. En bas patientent les eaux amères, en neuf pièces profondes où s'enfoncent, sans fin, les damnés ordinaires.

note       Publiée le jeudi 23 octobre 2008

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oui, ça fait immanquablement "effet grosse chute d'inspi" quand tu commences par Bright Lights et que tu enchaînes direct sur Hokey Pokey "pour voir" ou dans l'élan d'enthousiasme de la découverte - ou quand tu y viens longtemps après ayant fait tourner et retourner celui-là (ça avait aussi été mon cas). Il n'est pas (Hokey Pokey) si mauvais que ça au fond mais en comparaison je trouve qu'il sonne "forcé", aussi bien sur les morceaux où ils creusent la veine misanthrope que sur les tentatives probables d'alléger un poil l'ambiance. Je trouve aussi que les parti-pris d'arrangements Music-hall et (vaguement) country ne lui réussissent pas trop, là où sur Bright Lights ils pouvaient un peu tout se permettre de ce côté-là aussi sans que ça grippe...

Quant à Poor Down Like Silver je suis assez d'accord aussi, on sent que ça part déjà vers autre chose et il y a de très belles choses dessus, celles que tu cites ou Beat the Retreat, entre autres, et à mon sens il se révèle davantage aux écoutes que Hokey Pokey... Bon, puis ces portraits au recto/verso de la pochette sont magnifiques, en passant, quoi.

Message édité le 31-07-2023 à 16:07 par dioneo

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gregdu62 Envoyez un message privé àgregdu62

Duo découvert via Guts. Histoire de ne pas rester cantonné à ce superbe album j'ai tenté d'autres opus. J'ai eu du mal avec "Hokey pokey" qui a suivi (bon, une seule écoute) mais excellent "Poor down like Silver" (1975). Surtout pour les morceaux 'Night Comes in" et 'Dimming of the day/Dargai' qui termine l'album.

Message édité le 29-07-2023 à 19:59 par gregdu62

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oui c'est un guitariste qui ne s'est pas figé sur son jeu/sa musique des années 60/70 contrairement à d'autres, aussi - Clapton et compagnie... Tous ses albums ne sont pas géniaux loin de là - certains ont nue production qui aplatit un peu trop tout, aussi - mais le mec a toujours cherché à faire des disques différents l'un de l'autre, je crois, n'a jamais "arrondi les angles" de ses idées, mêmes celles qui au départ pouvaient paraître un peu bizarres... Ah, et puis contrairement à d'autres aussi il ne s'est pas "aigri" avec l'âge, au contraire ! Partant de l'amertume de sa jeunesse (qu'on entend ici et après, et déjà parfois dans Fairport), il a trouvé un certain humour, un lâcher-prise, on dirait, qui font que sur des disques plus récent il ne sonne pas du tout vieux hippie désabusé... Et ça c'est cool. (Et rare).

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

De rien Dioneo. C'est vrai que cet album (le seul que je connaissais jusqu'à présent est merveilleux à plus d'un titre). J'ai déjà entendu quelques titres solo de Richard Thompson, notamment en live, c'est vraiment un guitariste exceptionnel dont la discographie appelle certainement une plume comme la tienne. Bon courage ;-)

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Il y a du très beau aussi, dans les suites (sur Poor Down Like Silver notamment) mais bon... J'avoue que pour moi, celui-là reste assez unique, impossible à refaire - d'ailleurs ils n'ont pas essayé, et tant mieux. Mais n'empêche : il faudra que je continue d'en parler, de toute façon, oui, de cette disco... Ça viendra. (Et de certains de Richard sous son seul nom, aussi - parce que c'est pas forcément "accessoire", voire pas du tout, son après-Fairport, à lui... Et puis les Sandy en solo, aussi. Et puis... Bref - c'est malin ! Va falloir donc que j'y retourne, à tout ça,, maintenant ! Merci bien, hein, Alladin ! (Bon, en vrai d'accord : j'ai pas trop besoin qu'on me pousse, pour en reprendre un tour)).

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