D.F.A. › Lavori in corso

Trépidant. Les quatre veronais de D.F.A. impressionnent par la qualité de la musique qu'ils proposent, à la mise en place irréprochable. Et je dirais même nécessaire à l'accomplissement d'un tel travail. "Lavori in Corso" est un premier album étonnant de maturité, contrastant singulièrement avec l'amateurisme à peine avouée de tas d'autres prétendants à la cause progressive qui se sont lancés dans la bataille en pensant que leur dose de bonne volonté, seule, suffirait à combler leur cruel déficit. Complexe. "Work Machine" nous prend à la gorge dans un tourbillon de notes et de changements de rythmes incessants. L'écoute de Gentle Giant semble avoir été importante. "Trip On Metro" nous le rappellera encore. L'esthétique aux couleurs fusion fièrement affichée nous parle aussi ; Silvio Minella ne prétend pas marcher sur les plates bandes d'Allan Holdsworth, cela ne l'empêche pas pour autant de nous montrer toute l'étendue de ses capacités en tout point remarquables. Ambitieux. Le groupe s'est tourné vers Alberto Piras, chanteur de Deus Ex Machina, pour produire leur disque. La parenté est évidente, ne serait-ce que dans la prétention affichée. Le niveau, on l'aura compris, est très élevé. Trop ? Inspiré. La force des D.F.A., c'est de demeurer le plus mélodique possible pour empêcher que l'oreille ne se perde dans ce dédale de notes. Pour autant, il faudra multiplier les écoutes un nombre conséquent de fois que pour parvenir à les siffler. Mais là n'est sans doute pas l'objectif visé. "La Sua Anima" marque une pose champêtre après l'épreuve. Faillible. "Lavori in Corso" possède toutefois son talon d'Achille. Comme souvent, c'est le chant. Particulièrement cruel sur la première plage, fort heureusement, D.F.A. s'abstient d'en remettre une couche sur la seconde moitié de l'album. La production, elle aussi, laisse à désirer. Tous les éléments y sont, mais compactés à l'extrême alors qu'une telle musique demande à ce que le champ auditif puisse s'ouvrir davantage. Perfectible.