This Is The Kit › Krulle bol

Il tombe des pétales de roses fanées depuis mes enceintes. Elles tombent sur moi avec une lenteur sensuelle, plan large dans un flou Hamiltonien, suspendant le temps en autant d'instants volés. Hébété, j'apprends à trouver du plaisir dans ce présent en fuite perpétuelle, les yeux qui scintillent, les oreilles qui frétillent et le cœur qui palpite de plus belle. Est-ce cela qui arrive quand on tombe amoureux ? Je ne sais pas si la beauté existe vraiment ou si il s'agit juste d'un concept érigé par l'homme dans l'unique but de l'aider à surmonter l'adversité du monde alentours. Quoi qu'il en soit, il s'échappe de cette nonchalente demi-heure une simplicité bouleversante qui confine à la beauté. Une certaine érotisation de la musique s’opère à travers cette suite de douze formats miniatures, s’ouvrant sur le ciel comme on s’ouvre aux rêves en quête d’amour impossible et d’idéalisme mal placé. On sent le sol se dérober sous nos pieds, on lévite, on est sous le charme. Extase. La musique dénudée de This Is The Kit révèle un corps au teint diaphane qui joue à ne pas se laisser toucher. Un voile entre elle et moi, un beau voile dans la voix, à la fois suave et cristalline ; c’est Kate Stables, déjà aperçue au sein de Morning Star, qui, avec This Is The Kit, prend sa destinée en main et nous fait rendre les armes le sourire en coin, le regard enjoleur et complice. Multi instrumentiste à la sensibilité à fleur de peau, ses chansons jouissent d’apports minimum mais judicieusement répartis que cela soit à la guitare acoustique ou au banjo. Effet maximum. "Krulle Bol" charrie avec lui un parfum enivrant où il est bon de s’oublier et de se blôtir dans les bras d’une musicienne qui perpétue avec grâce la grande tradition des grandes artistes folk britannique, Sandy Denny, Celia Humphris (Trees), Alison O’Donnell (Mellow Candle) et Linda Thompson. Troublante artiste. Touchante découverte.