Vlkodlak › Proklety Kãmen

Avec ce premier album complet, les Suisses de Vlkodlak marquent un pas important dans l'affirmation de leur identité; leur précédent mini bien que prometteur restait légèrement marqué de l'étiquette 'folk/black metal'. Ici, en dehors du chant parfois growlé, plus grand chose de metal, le groupe a insisté sur l'aspect néoclassique et folk des arrangements. Le piano occupe notamment une place importante dans le mouvement des compositions, lesquelles dégagent une atmosphère qui m'évoque volontiers une version sombre d'un bal populaire dans une taverne au coeur de l'hiver, entre espoir et tragédie ('Zapichnuty Mec'). 'Proklety Kãmen' dégage plus de force que son prédécesseur, peut-être, paradoxalement, de par des orchestrations épurées, presque intimistes, qui enveloppent le disque d'un voile nocturne. Plus d'électricité, la guitare est acoustique uniquement, la rythmique guide subtilement l'auditeur dans des accélérations, des breaks, des montées qui ont tout des variations que l'on retrouve dans la voix d'un conteur qui ménage ses effets. Car les chansons de Vlkodlak sont des contes, cruels, emplis de créatures effrayantes, mais également de belles portes vers l'imaginaire avec ce délicieux frisson qui parcourt l'échine. Ecoutez donc le beau 'A sprengisandi' (légende islandaise) rehaussé des choeurs féminins de Babayaga, 'Star of destiny', 'Asgard' ou 'Caradras'...De mon point de vue, la musique de ce disque est à l'image de la pochette, servie par une production dépouillée mais très correcte, elle vous convie au coeur de l'obscurité de manière intime, subtile, à la rencontre de vos propres démons.