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Keiji Haino › "C'est parfait" endoctriné tu tombes la tête la première...

cd • 1 titre • 44:41 min

  • 1"C'est parfait" endoctriné tu tombes la tête la première n'essayant pas de comprendre quelque chose si tu te prépares à la décision d'accepter tout compris/endre en toi-même cela se résoudra44:41

informations

Enregistré live au Star’s Pine, Tokyo, 31 mars 2002.

line up

Keiji Haino (voix, boîte à rythme, effets)

chronique

  • boîte à rite

Un Fanatique, Keiji Haino ? Un Endoctriné ? Il y eut des époques, ça ne fait pas de doute, où l’on aurait brûlé ce type. En certains lieux on le vouerait encore, sinon aux flammes, du moins au cabanon. C’est qu’Haino, pour s'exprimer en termes exacts, est un authentique Mystique. Chacune de ses performances est une tentative d’arrachement aux lois de ce monde limité, un appel de transcendance. Cette violence soi-disant gratuite dont on l’accuse parfois est au contraire très ciblée, parfaitement dirigée. C’est une erreur, aussi, assez souvent commise par ses laudateurs comme par ceux qui ne peuvent le souffrir, de croire qu'à ses fins tous les moyens sont bons. Qu’il en use au hasard dans un indicible désordre. Car Haino est un technicien : du geste et de la Geste. De la transe et de la panique. Le choix des instruments, à chaque séance, suit une nécessité insaisissable de l’extérieur. Presque toujours, pourtant, l'on constate après coup que rien, absolument, n'avait été laissé aux bons soins du hasard… L’officiant, en la présente circonstance, délaisse sa guitare pour une boîte à rythme (et sans doute un sampler non crédité, le livret annonçant seulement ‘rhythm machine’) qu'il manipule en direct (l'enregistrement a lieu en public). Le cérémoniel, pour cette fois, est une longue progression au battement d’abord hésitant, incertain, qui s’enfle et s’accélère jusqu’au roulement d’une danse de guerre ou d’exorcisme, jusqu’au pur grondement même. La pièce avance par phases, sécrétant un suspens propre, angoisses et poussées libératrices, montées et suspensions, trous noirs et emballements. À chaque retombée, on pense avoir atteint le dernier plateau, l’état final. Et ça reprend, ça repart : plus fort, plus vite, comme un flot de roches roulées. L’art difficile de l’affolement… Et par-dessus cet apparent chaos plane la voix de l'imprécateur. Haino séquence ses propres lignes de chant, ses incantations, ses énonciations égrainées. Il les met en boucles, les superpose, joue avec leurs vitesses. Ses hululements à nuls autres pareils, ses longues plaintes haut perchées surgies d’un monde d’Esprits inquiets, ses hurlements au-delà de l’humain -tout comme les rythmes qu’il programme dans l’instant- portent à nos tympans l'écho d’une longue tradition. Récitatifs traînants et notes filées du Kabuki, glissés et ruptures abruptes dans l’art des épopées (accompagnées à la biwa ou au koto), ‘vociférant’ du bunraku (théâtre d'impressionnantes marionnettes)… Tous arts du tragique et du métaphysique, du surnaturel ou du sublime irradiant soudain des vies humaines jusqu'alors ordinaires. S’il en brise le dogme, Haino sait bien en rendre la substance. Il l’amplifie, l’intensifie pour nous la rendre audible par-dessus nos mornes rumeurs. S’il s’acharne à visiter, toujours, ses mondes de tourmentes, c’est pour en charrier jusqu’à nous la magie perdue. Magie blanche ou noire, la question est hors-propos. Il faut faire éclater la gangue, le corset trop étroit qui ne saurait contenir, sans l’amoindrir, l’impérieuse nécessité du vivant. La transmutation, l’affranchissement, la fusion en l’éternel devra se faire en pleine existence. Ça ne va pas sans douleur. Ça ne va pas sans extase. Haino l’affirme, le clame au bout du processus, en une ultime poussée dominant le tumulte. Que l’on décide de croire ou non en l'injonction, qu'on la rejette ou bien qu'on la fasse sienne, qu’on y parvienne ou qu’on y renonce, impossible en tout cas de rester sourd aux résonances de ce cri. Une fois de plus, elles vibrent sous nos peaux.

note       Publiée le mardi 2 septembre 2008

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    Horn Abboth Envoyez un message privé àHorn Abboth

    J'espère qu'ils ont gardé la dernière demi-heure du concert ou Keiji Haino s'est transformé en troll de feu.

    ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

    pour ceux qui auraient raté ça (moi deja): le concert à la gaité lyrique avec o'malley et ambarchi (enfin, 1h10 tirés de l'enorme concert) vient de sortir en dobble vinyl pour pas trop cher.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    OK, c'est sans doute une question d'attentes alors. Keiji Haino a toujours refusé qu'on le rattache à la scène noise. Il cherche autre chose. Donc ses moyens diffèrent. Pour moi l'intensité -plus que 'l'ambiance'- était bien là, avec toutes ses variations.

    Note donnée au disque :       
    absinthe_frelatée Envoyez un message privé àabsinthe_frelatée

    Ah oui, mais évidemment que c'était les abonnés et les snobs pédants de service qui ont quitté la salle, j'ai pas prétendu que c'était bien de leur part... juste que les 2/3 premiers "morceaux" étaient bien chiants pour ma part. Quand il a commencé à utiliser son rack d'effet, ouais là c'était mieux et assez immersif mais pas suffisamment à mon goût, ça manquait nettement d'ambiance pour me satisfaire pleinement.

    empreznor Envoyez un message privé àempreznor

    Ouais avec les 2 précédents, c'etait pas forcément parfait de bout en bout (d'ailleurs comment ça se pourrait, quand ton cerveau doit expliquer à tes tympas que le plaisir est viscéral), mais ça va loin, tres loin ( oui Patton, tu m'entends, toi et tes cris de filettes...). Et sinon j'ai vu la partie Internet2 avec le gogol à la roulade comme un hommage à l'Halloween de la rue, celui qui fait que tu croises des gens avec juste un sac plastique noir sur la gueule (la revanche des moches?)