Guts Of Darkness

Le space rock n’est pas mort. On a même le sentiment qu’il ne s’est jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui. Signe des temps sans doute où l’on ressent ce besoin irrépressible d’aller trouver refuge dans des paradis artificiels, nous préservant ainsi des tracas de la vie de tous les jours. Le pouvoir d’achat, et tout ça, vous savez… La peur, toujours la peur. De toute évidence, les membres d’Indian Jewelry ont été biberonnés aux champignons dès leur plus tendre enfance tant leur univers pue l’encens, l’opium ou tout autre type d’herbacés aux vertus hallucinogènes. Balançant des grappes de guitares sursaturées, érigeant un mur du son qui n’est pas sans rappeler les regrettés My Bloody Valentine, le chant se noie dans la masse sonore dans un effet de rémanence désespéré. Shoegazing quand tu nous tiens. Huston ? On a un problème, mais putain qu'est-ce qu'on s'éclate ! On prend tout ce qui est à portée de main, boîte à rythme, harmonica avec effet de delay ; tout est bon, tout est prétexte à l’oubli de soi. Puis, quand la fête est finie et que tout le monde est tellement mort torché qu’on ne se formalise plus pour dormir les uns sur les autres, voire les uns dans les autres, dans un fatras de bras et de jambes inextricable, il y aura encore et toujours une pauvre âme esseulée, à l’alcool triste, pour prendre sa guitare sèche et gratter sur un ton apaisé, voire nonchalant, un salmigondis de paroles qui vont nous bercer jusqu’au petit matin. Rien à dire. Rien à faire. Rien que se laisser porter. Rien à voir non plus avec le cadre propret instauré depuis des lustres par Jason Pierce et ses acolytes de Spiritualized dont il faudra que l'on parle un de ces jours prochains. Pour l'heure, "Free Gold" fera l'affaire.