Dr. Dog › Fate

Une douce et délicate voix à la portée pénétrante sur un tapis d’accords ouverts à la guitare sèche. Est-ce une chute studio d’un vieux Simon & Garfunkel ? Non, c’est "The Breeze", la première plage de "Fate", nouvel album des américains de Dr.Dog. Ce culte passéiste que le groupe s’emploie à entretenir depuis ses débuts n’est pas en passe de s’arrêter semble-t-il. Il m’est encore et toujours difficile de me prononcer sur le bien-fondé d’une telle démarche car elle soulève de nombreuses questions, et autant de réponses qui, toutes, se valent selon le point de vue que l’on défend. Pour réussir à composer "à la manière de (complétez du nom de votre choix)", il faut avoir ingéré un nombre considérable d’albums charnières, mais surtout, il faut les avoir compris et percé à jour les petits secrets de fabrication qui donnaient tout leur charme à des disques comme "Pet Sounds" ou "S.F.Sorrow". Un Lennon Spectorisé traverse "Army of Ancients" comme si de rien était et interrompt mon élan... Un sourire bluffé illumine mon visage. C'est ce qui s'appelle se faire avoir en beauté. Des guitares au son pur, quasi sans effets, une orchestration typique de toute une époque et, quant il le faut, violon et cuivres... Si l’Electric Light Orchestra de Jeff Lynne s’évertuait à singer les Beatles, Dr.Dog n’est pas loin de reprendre le flambeau en ce début de nouveau millénaire en extrapolant les propos des High Llamas, c'est à dire avec une approche désuete qui confine à la nonchalence sublime. Plus loin, "100 Years" reprend à sa sauce les inflexions mélodiques du célebrissime "Candle in The Wind" d’Elton John. La comédie a assez duré. Où débute l’hommage ? Où s’arrête le plagiat ? Le débat reste ouvert. Mais une chose est sûre : Dr.Dog a depuis longtemps compris que ce sont dans les vieilles casseroles que l’on fait les meilleures soupes.