Vous êtes ici › Les groupes / artistesRRed › 33

Red › 33

détail des votes

Membre Note Date
Gros Bidon      samedi 15 octobre 2022 - 10:10
azfazz      mardi 1 novembre 2016 - 11:23
2364      samedi 11 septembre 2010 - 16:47
sergent_BUCK      samedi 26 juillet 2008 - 02:57
Dioneo      lundi 14 juillet 2008 - 12:31
nicliot      lundi 23 janvier 2012 - 16:39
Wotzenknecht      samedi 26 juillet 2008 - 23:49
Rastignac      lundi 9 mars 2015 - 23:51
luapluap      samedi 27 mars 2021 - 11:51

cd • 11 titres • 53:45 min

  • 1Talkin’ Williams Lee Song
  • 2Daily Misery
  • 3I’m A Liar
  • 4Life Is Great
  • 5Drunk Train
  • 6Brother
  • 7Cockroaches For Our Supper
  • 8A Fear
  • 9A Good Job
  • 10Empire Of Quiet
  • 11The Beast In Me

informations

Auditorium de Saint-Ouen ; Main d’Œuvre (Saint Ouen) ; Studio 8PM, Lyon ; « à la maison », 2002

line up

Noël Akchoté (guitares acoustiques, guitares électriques, ampli, basse, claviers), Jérôme Excoffier (guitare slide, choeurs), Martine Lanciot (chœurs), Anthony Mowat (banjo), Neman (batterie), Jean-François Pauvros (guitare à l’archet), Red (voix, guitares électriques et acoustiques, claviers, banjo, basse, électronique), Akosh Szelevényi (parole, saxophone ténor), Philippe Tessier (sax ténor), Thomas Belhom (batterie), André Hermann Düne (guitare électrique, chœurs), David-Ivar Hermann Düne (guitare électrique, chœurs), Charlie O. (orgue Hammond), Christian Rollet (batterie, percussion), ZZZeb (batterie)

chronique

  • misérable miracle

Il est venu le temps du lâcher prise. On l’entend dès les premières notes. Il y a même une batterie, c’est dire s’il y a changement. Une espèce de groove s’empare de nos ossements, rampant et vicieux, trop poisseux pour espérer s’en défaire d’une secousse. Pour la première fois Red s’entoure d’un vrai groupe. De toute évidence sa musique n’est plus cette créature attachante et un peu blême, mains crispées sur le manche et mâchoire verrouillée, qui ruminait l’espace clos de ses deux premiers disques. Elle a grandi, pris corps, souplesse et fermeté. On ne l’a pas vu venir… Maintenant elle nous regarde en face. Elle ose. Les arrangements, les arpèges au banjo, l’amplification. Les frottements d’un sax free sur le velours d’un orgue Hammond (Good Job). Le swing des Appalaches même, avec balais sur la caisse claire, glissement sur les cordes et chœurs traînants (Drunk Train, foutredieux, ce truc est complètement addictif !). La voix s’est dénouée, dégrippée. Elle articule chaque mot, parcourt l’étendue de son registre, se risque même à tenter la séduction (A Fear). Bien sûr on se méfie. On commence à connaître le bonhomme. On n’est pas si rassuré de saisir enfin sa parole. Elles ne sont pas que plaisantes, ses histoires. Ça parle encore de misère quotidienne. De peur au ventre et de mensonge endémique. D’un tueur de cafards aussi. De s’envoyer les mêmes bestioles en guise de dîner. Ce type voudrait nous entraîner dans l’Interzone, on n’en serait pas autrement surpris. De fait, une fois encore, ça bascule à la deuxième plage (la montée de clavier rongée jusqu’à la trame qui fait pivot avec le premier titre). Une ligne est passée, sans retour possible. On ne s’en retrouve pas pour autant en terrain neutre ou en mains propres. Il apparaît soudain que tout, ici, s’accomplit avec le même flegme un peu alarmant. Le Cool, en ce lieu, n’est pas une pose. C’est le détachement souverain -métaphysique et terre-à-terre- de ces très vieux blues d’avant les dieux, les guerres de nos aïeux et la bande magnétique. La tranquille détermination de tous les Stagger Lee. La suprême lucidité des états-limite… Le silence habité qui suit les catastrophes. Un vide s’est ouvert, où s’engouffrent et se tressent humour et désespoir, blasphème et pleine acceptation. Sans morale, en toutes conséquences. La vie est géniale, j’ai trente-trois ans et ça me rappelle une certaine histoire. La musique, avec tout le reste, s’affranchit du prétexte. La panique n’a plus de prise. L'angoisse n'a plus d'importance. On boira encore, mais plus pour fuir ou pour guérir. On fêtera et l’on s’endeuillera. On aimera toujours mais plus pour être sauvé. On dansera pour danser. Nous voilà plongés sous l’Empire du Calme, là où rien n’est échappée. Ni douleur ni plaisirs, et pas même le sommeil. On n’a même plus l’excuse de n’avoir plus le choix. Pour nous rendre à nos vies, Red emprunte à Nick Lowe un chant grave, lucide et détendu, seule reprise de tout l’album. (God Help) The Beast in Me... Selon toute vraisemblance ni l’auteur ni l’interprète ne croient en Dieu ni à la Bête. On serait bien en peine, à l'un et à l'autre, de leur trouver des gueules de Martyrs ou de Messies. Mais une bonne chanson, c'est toujours plus qu’une métaphore. C'est toujours littéral. C’est une part d’immanence, cruelle et magnifique. Celle-ci est une grande chanson. Et "33" est un très grand disque.

note       Publiée le lundi 14 juillet 2008

Dans le même esprit, Dioneo vous recommande...

Sixteen Horsepower - Sackcloth'n'ashes

Sixteen Horsepower
Sackcloth'n'ashes

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "33" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "33".

notes

Note moyenne        9 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "33".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "33".

el gep Envoyez un message privé àel gep

Ah nom de Gottgott! Je suis fan de Red, de 33 spécialement, mais je connais pas tout de lui. Pourquoi? Suis nul, je devrais réparer ça tout de suite. Très beau disque, vi, vi!

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

Eh beh... Ce disque a 20 ans passés. Il les fait pas - il était déjà pas de son temps, on y revient tiens. D'aucun temps et en quelque sorte de tous, quoi.

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

Eh eh, oui, j'avoue que sur la foi de tes premiers commentaires je m'étais dit un peu vite qu'on avait un nouveau membre fan (au sens premier : fanatique) de musiques progressives et électroniques à l'ancienne, du genre bien verrouillé à toute autre musiques... Je me suis trompé et tant mieux ! Bonjour et bienvenue...

Et sinon je pense qu'on est un paquet, oui, chroniqueurs inclus (moi oui en tout cas), à avoir découvert des tonnes de trucs ici, y compris dans des genres/secteurs/etc. dont on pensait parfois avoir "pas mal fait le tour"... Eh bien pour ça aussi : tant mieux !

Note donnée au disque :       
Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

Comme quoi Dioneo on ne se connait pas encore très bien ;-) En tout cas ce Red entre de plein pied dans le style de musique dont je m'abreuve. J'en passe des heures à écouter de la musique, je suis même souvent le premier connecté le matin sur Guts et pourtant vous arrivez toujours à m'étonner avec des artistes incroyables sortis du fin fond des bacs. Bon j'y retourne, ce Red il n'a pas produit qu'un seul album, j'ai encore du travail !

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

Ah, tiens, @Gros Bidon, c'est marrant, je ne t'aurais pas "attendu" forcément sur ce disque mais tant mieux, je ne demande qu'à en lire, des commentaires "que je n'aurais pas attendu" comme ça !

Entièrement raccord, donc, avec ton com : le mec (ici et sur les précédents - l'inaugurale et bizarroïde Felk compris - et sur Nothin' to Celebrate... Il faudra en passant que je réécoute Social Hyde and Seek, tiens, très possible qu'il me cause plus que quand j'écoutais le mec tous les jours et presque exclusivement par moments) a un truc indéfinissable qui fait que ça marche, que ce n'est pas une tentative mi-molle de plus de blues "à la française" façon Paul Personne ou Bill Deraime.

Si jamais d'ailleurs, l'Olivier Lambin en question a continué/est "revenu" ensuite (vers 2010), sous le nom de The Nightcrawler AKA Red ou sous celui (plus tard, à nouveau) de Red tout court encore, et ça faudra que je me penche davantage dessus. J'avais bien aimé l'aspect "retour à un truc plus dénudé" de ce que j'en avais entendu.

Note donnée au disque :