Exuma › II

"Damn Fool" surgit lentement des enceintes et, tout de suite, on perçoit l'imperceptible différence qui distingue cette seconde réalisation du premier Exuma ; les producteurs ont voulu marquer le coup en soignant l'enregistrement. Et de fait, le son est plus clair, plus net. L'équilibre entre basses et aigus est rétablie. La voix rauque de Gregory Anthony "Exuma" Mackey plus proéminente que jamais. Qui s'en plaindra, d'autant que cette amélioration ne se fait pas au détriment de la musique, toujours aussi diaboliquement connotée ? Est-ce encore nécessaire de vous faire un dessin quant au sujet traîté sur un morceau comme "Baal" ? Il faudra en tout et pour tout quinze ans de carrière à Tom Waits pour commencer à balbutier quelque chose qui ressemblerait peu ou prou à "Paul Simon Nontooth", une sordide histoire de mort-vivant vengeur qui ne laisse planer aucun doute sur l'influence que celle-ci a bien pu avoir sur notre troubadour américain. Les attraits folkloriques de la musique d'Exuma sont peut-être mis davantage en valeur sur ce disque-ci avec une série de titres qui tablent essentiellement sur le travail des percussions, leur conférant une couleur carnavalesque plus prononcée ("A Place Called Earth", "African Rhythm" et "Zandoo"). Reste "We Got to Go", potentiel single étonnamment développé sur base des accords de "A Love Supreme", pour compléter ce tir groupé de huit nouveaux titres. Le deuxième Exuma ne fait donc que perpétuer le discours engagé dès leur première réalisation avec quelques ajustements d'ordre purement esthétique et une déclinaison de thèmes à même de démontrer la volonté du groupe à varier les approches. Sans quoi il eut été vain de vouloir les départager.