Crass › Yes Sir, I will

'Christ, the album' avait pris un an à terminer, trop pour Crass qui cherchait à réagir le plus directement possible à la situation sociale et politique de leur pays. Le groupe opte donc pour un retour à un son plus brut et direct. Voilà pour la théorie car Crass ne seraient pas Crass s'ils n'avaient pas trouvé une ou deux barrières à repousser...Leur ultime album avant le split se présente donc comme une seule pièce de musique répartie sur les deux faces du vinyl, divisée en sept parties sur la réédition cd. Deux interludes coupent le tout, une ballade au piano chantée par Penny Rimbaud ('Yes Sir, I will part 2') et une section plus auto-parodique ('Yes Sir, I will part 4'). Ayant mal digéré l'attitude du gouvernement Thatcher durant les Malouines, le groupe laisse exploser sa rage dans une forme qui frise l'improvisation musicale. Dans un déluge de grincements de guitare, de rythmiques sauvages qui évoquent parfois Virgin Prunes ('Yes Sir, I will part 5'), Steve Ignorant, Eve Libertine et Joy de vivre se déchaînent en prêchant plus qu'ils ne chantent des extraits d'une oeuvre de Penny Rimbaud. Voilà pour moi l'oeuvre ultime de Crass, leur pièce la plus noire et la plus audacieuse; une belle manière de laisser tomber le rideau sur une carrière à nulle autre pareille...Enfin, 'Ten notes on a summer's day' restait encore à venir...