Element 4 › T.N.T.

Explosif ? Absolument! Vous aimez ça quand c’est lourd? Quand ça bûche et que le poil de vos oreilles vibre dans vos tympans? Voilà de quoi les entremêler! T.N.T. n’est pas simplement un titre au hasard afin de mettre de la poudre aux yeux. Non! C’est de la poudre à canon pour les oreilles. C’est un album foisonnant de rythmes furieux qui galopent sur les tsitt-tsitt et les boum-boum traditionnels savamment nuancé par un Uwe Saher en pleine forme. Au-delà des Moonbooter, Kraftwerk et des artistes de MÉ qui font de la techno tempéré, Element 4 cogne avec force un peu comme Juno Reactor.
Vrai que l’intro est plutôt du type planant. Une intro plus près des atmosphères écliptiques à la Brainwork. Mais c’est sans doute afin de mieux préparer nos pulsations cardiaques à un déluge de rythmes furieux qui décollent dès les premières pulsations de "Floorflower". Des pulsations lourdes qui martèlent une intro déchaînée et qui sont jumelées à une ligne de basse ondulante aux réverbérations caustiques. Hésitant entre le rythme syncopé ou les ambiances flottantes, mûrit sa direction technoïde sur des strates ambivalentes aux harmonies valsantes. Mais un serpentin métallique glisse au dessus de cette hésitation, moulant la maquette d’une musique explosive sur des séquences saccadées où les tsitt-tsitt et cymbales de même acabit se greffent à des synthés ruisselants de vapeurs mélodieuses. Un passage initiant une techno lourde emplie de courtes bribes morphiques qui flottent dans un univers de planchers de danse torrides. "Silky Pieces" continue dans la même foulée, alors que "Syncrider" et "Driven" sont du genre techno hypno-zombie à faire pâlir Juno Reactor. Avec ses martèlements secs aux tourbillons Kraftwerkiens (Trans Europe Express) "T.N.T." défile sur un synthé aux nerveux accords minimalismes. Les pulsations rythmiques se moulent à d’autres aux sonorités de ventouse sur une ligne frétillante qui encercle une structure techno robotique aux pulsations lunatiques obsessionnelles. Un titre moins débridé, tout comme le mélodieux "In The Wrong Club", qui offre un rythme toujours aussi furieux mais sur une structure plus nuancée. Une structure où harmonies et séquences oscillantes vont de paires avec des pulsations lourdes et un synthé stroboscopique psychédélique. Des pulsations qui accélèrent sur des tsitt- tsitt hypnotiques, "Fullmoon" ondule sur une étrange basse et une structure sans rythme précis. Un univers composite où percussions et effets sonores robotiques magnétisent une structure entraînante sur une basse très élastique. Le tempo du remix est toujours aussi insistant et groove sur une basse aux réverbérations croassantes. Plus frétillant et lourd, "Elastic Beats" offre aussi une rythmique tout en nuance avec une ligne syncopée cernant une structure qui hésite entre le techno pur et la dance music vaporeuse. C’est un autre beau titre où le rythme indécis est truffé de synthés harmonieux aux refrains accrocheurs.
Avec ses 11 titres qui défient en lourdeur et avec ses instincts mélodieux, T.N.T. est un puissant album qui s’adresse principalement à un public friand de la pure techno et de la trance, mais qui peut plaire aussi à un public plus large aimant une MÉ lourdement séquencée et très agitée. C’est un album assez mélodieux où la trance cohabite avec des synthés aux strates enveloppantes et harmonieuses, et ce peu importe la puissance des percussions et des lignes séquentielles syncopées.