LHD › Limbs of the fawn

Il y a tout un tas de disques bruitistes sympa-sans-plus qui ont leur quota de déflagration nécessaire à leur survie chez les cramés du ciboulot sans forcément se démarquer du lot. Et puis il y a ce LHD qui me tombe dessus, et qui rend toutes les autres rondelles juste bonnes à faire fuir les oiseaux sur le cerisier de la maison familiale. ‘Limbs of the fawn’ est l’album de harsh noise ultime ; et pour marquer le coup je ne vais pas vous ressortir les sempiternelles comparaisons (dix avions coincés dans le sous-sol, vivisection sans anesthésie, lobotomie à la perceuse, etc) mais plutôt tenter de vous décrire l’expérience. Tout d’abord, au vu de la quantité de détails qu’on se prend en pleine face, chaque niveau de volume offre une expérience inédite ; comme si l’on se rapprochait d’un tableau pour y voir à chaque fois une strate de variations alors invisible de par leur imbrication avec la couche supérieure. Oui, oui : l’expérience. Eh bien imaginez-vous en train de faire face à un mur puis d’y pénétrer par la force mesmérique, pour ainsi dire fusionner avec la matière environnante. Ouvrez les yeux ; et vous découvrirez un univers concret et sublime où l’air est remplacé par le plein et où la beauté jaillit des interstices. Avec moults efforts, vos membres se déplacent dans le béton et vos mains saisissent la nature même de la matière en se faufilant à travers le vide qui sépare chaque unité. ‘Limbs of the fawn’ est un album abrasif, rugueux, méticuleux ; c’est une orgie sonique de particules dont aucune n’échappe à notre conscience éveillée. Il y a un peu du LHC dans LHD. De la beauté du déséquilibre fondamental de l’univers… attention aux collisions.