A Certain Ratio › Shack up / and then again

On continue notre saga des petits singles qui passent tout seuls avec cet anthologique, que dis-je, cet immémorial « Shack Up » des A Certain Ratio. Un incroyable tube post-punk, qui passe pour être sorti en 2004 tant ce genre de son de guitare et de batterie sèche comme un crackers de Belin est revenu à la mode ces dernières années. C’est donc une machine à danser dont on parle ici. Rien d’étonnant en fait, puisqu’il s’agit d’une reprise d’un obscur groupe de funk au doux nom de Banbarrass, genre musical que le groupe vénérait totalement, tout en crachant sur les références mis en avant par la plupart de leurs congénères de Manchester : Iggy Pop, David Bowie, le Velvet et les New York Dolls… Une reprise ! C’est peut-être cela qui les a empêché d’enchaîner après ce (relatif) succès, pour retomber dans l’anonymat le plus logique qui soit. Pensez donc, un groupe de Manchester, signé sur Factory et produit par Martin Hannett (ils sont la troisième découverte de Tony Wilson, après Joy Division et The Durutti Column, excusez du peu), qui plus est habillé en bermudas et portant de l’auto-bronzant sur scène (pas pour le batteur, il était noir). Et dire que Madonna a débuté en faisant leur première partie… Car avec ce Shack Up, ces types avaient quand même décroché une 52eme place au Billboard américain, ce qui leur a permis une petite tournée des clubs New-Yorkais – ville alors en pleine discomania - genre Roxy et Dancetaria. A Certain Ratio est un groupe emmerdant, qui cumule les paradoxes et ne rentre dans aucune case. Exemple : ce single est distribué par les Disques du Crépuscule, label cold-wave s’il en est, et si la face b, le très expérimental « And then again », peut a peu près passer pour de la cold, « Shack Up » a vraiment tout du funk hédoniste et ultra-sexué. Et tout est ainsi avec ce groupe. Un nom et des visuels totalement cold-wave, mais une musique brûlante… Sans leur batteur et leur auto-bronzant, ils auraient facilement eu une allure de skinheads… Quoique remarque, en Angleterre et à l’époque, être skinhead n’avait absolument aucune connotation raciste, bien au contraire, puisqu’ils n’écoutaient que de la musique noire (de la « northern soul »…). Bref, A Certain Ratio est à ranger aux côtés de Gang of Four, en moins politisé quand même, mais en tout aussi dérangeant. D’ailleurs Shack Up se mixe aisément entre « Damaged Goods » et un bon James Brown : guitares anguleuses, basse athlétique, samples érotiques, batterie qui distribue des soufflets… Et ces breaks gouleyants comme il faut. Bref, une face-A à découvrir impérativement pour ceux qui ne connaissent pas…