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Fausto Romitelli / Paolo Pachini › An Index of Metals

  • 2003 • Cyprès CYP5622 • 1 CD digipack

12 titres - 49:35 min

  • 1/ Introduzione (3:19)
  • 2/ Primo intermezzo (1:39)
  • 3/ Hellucination 1 : Drowningirl (7:47)
  • 4/ Secundo Intermezzo (2:03)
  • 5/ Drowningirl II (9:47)
  • 6/ Terzo intermezzo (1:20)
  • 7/ Drowningirl III (6:25)
  • 8/ Adagio (3:42)
  • 9/ Quarto intermezzo (0:49)
  • 10/ Hellucinations 2/3 : Risingirl / Earpiercingbells (7:00)
  • 11/ Finale (2:23)
  • 12/ Cadenza (2:57)

informations

Enregistrement live à l'Auditorium de Milan le 11 octobre 2004

L'édition de An Index of Metals comporte deux disques, la version audio sur le premier (CD) et la version vidéo-opéra sur le DVD.

line up

Pan Sonic (intermèdes techno), Fausto Romitelli (conception, musique), Paolo Pachini (conception, vidéo), Kenka Lèkovich (paroles), Donatienne Michel-Dansac (soprano), ensemble Ictus, Georges-Elie Octors (direction)

chronique

"[Fausto Romitelli] avait écrit son propre Requiem avant de franchir le seuil. C’était ‘Index’, cérémonie d’adieu à la matière qui proliférait follement en lui, et qui semblait pourtant se soumettre à sa plume à coups d’impossibles tempos lents" écrit un des proches amis et collaborateurs du compositeur, décédé le 27 juin 2004 des suites d'un cancer contre l'inexorable progression duquel il luttait depuis des mois. L'humanité de cette urgence est certainement la raison pour laquelle An Index of Metals transcende la prétendue inaccessibilité de la musique contemporaine, qui pourtant ferait sens dans l'oeuvre d'un ancien de l'IRCAM, et récuse magistralement son caractère abstrait - à moins qu'il ne s'agisse juste de génie. Un terme peut-être fort, mais éminemment mérité, ne serait-ce que pour cette volonté continuelle de lancer des ponts entre low art et high art, mélangeant structures progressives et accords de guitare électrique à une formation classique, pervertissant les sopranos en couvrant leurs voix d'effets, tirant vers la noise à en faire fuir un public pas du tout préparé à une telle liberté, tirant sa propre inspiration d'oeuvres pop art et collaborant avec des artistes électroniques tels que Pan Sonic. Index démarre de façon presque comique, avec ses faux départs successifs et de plus en plus oppressants, et c'est déjà trop tard. Ceux qui résistent auront déjà quitté la salle. Avec une acuité hallucinante, le métal, la matière elle-même est évoquée sous forme sonore, conservant toutes ses caractéristiques ; et dans cet univers hostile de matière austère, l'incursion de la voix de Donatienne Michel-Dansac ne se révèle que comme artifice trompeur. La fascination pour la "metallic miso soup" dans laquelle se noie la Drowning Girl de Roy Lichtenstein se décline dans sa voix qui peu à peu se déstructure et perd toute musicalité ; se désincarne, littéralement. Entre les glitches à peine perceptibles des Intermezzi orchestrés par Pan Sonic (le second est d'ailleurs directement adapté d'un titre de A), les violons font écho à la performance inhumaine de la soprano, un piano délivre une fois des arpèges légers et ironiques, la fois suivante une suite sauvage de notes désordonnées; les accords saturés contrastent avec les sons acoustiques et électroniques, net et précis. Les pièces semblent suivre un schéma répétitif de dégradation de leur propre structure, chaque cycle ponctué, par exemple sur Drowningirl II, par un ronflement gigantesque de réacteur d'avion. Romitelli mêle structures classiques, adagio, intermezzi, avec le chaos le plus complet - ou plutôt, ce qu'il reste des structures classiques tiennent à peine debout au milieu d'un champ de ruines. Les trois derniers morceaux sont ceux d'une ascension irrésistible - Donatienne Michel-Dansac se jette en hurlant dans la mêlée musicale, contre les éléments, après de profondes respirations, périt engloutie tandis que les esquisses de mélodie de Finale sont déchiquetées, passent rapidement à côté de l'oreille et semblent rejoindre, comme attirés magnétiquement, un océan de matière tourbillonnante, détachée de toute forme ou structure, pure matière réduite à l'état d'atome. Le tourbillon cathartique de la matière primordiale. L'édition d'An Index of Metals en tant que CD/DVD est loin d'être anecdotique; il s'agit d'une preuve supplémentaire de la malice de Romitelli, qui se joue des codes de l'opéra en tant qu'art total, et remplace les décors, les costumes et la narration par sa propre narration et l'accompagnement vidéo de Paolo Pachini, réalisé exclusivement à partir de prises de vue réelles de métaux sous diverses formes, et qui ne fait que renforcer le discours - ainsi les déchets métalliques charriés dans un immense tambour, qui traduisent très directement la structure de Finale et Cadenza. Un art total, absolu, qui saisit sans demander le spectateur et le plonge de force dans le bain de mercure, et une théorie totale du son et de la matière : le son est la matière, le son est le métal, si pur et dur qu'il se matérialise littéralement. Chaque note, de chaque instrument ou voix ou ordinateur, est résolue à son plus petit dénominateur commun : le son. A la lumière de la mort de Fausto Romitelli, le sens d'An Index of Metals s'explicite, même si sa charge émotionnelle est déjà à l'origine plus que sensible pour qui sait endurer une confrontation si franche et directe; on y entend jusqu'une référence à un autre Requiem, celui de Ligeti, dans la précise inflexion de la voix de la soprano. Absolument tout dans le déroulement de cette oeuvre est un adieu et une désagrégation, jusqu'au crescendo noise menant au black-out final; c'est l'invention d'une mort rêvée, le seul moyen de supporter l'insupportable, de se savoir mourir, et d'appréhender l'inconcevable en lui donnant un sens. Une mort rêvée, pas l'agonie sordide et le délitement d'un corps malade dont le contrôle échappe même à l'esprit le plus fort et brillant, mais bien plus similaire à la façon dont, permettez-moi la référence, Ulver décrit in Nowhere/Catastrophe : "Hey you disappear further and further / Into these incalculable rooms / And your personality fades away / Your features evaporate, your body decomposes / And your last thought is that you have become a noise / A thin, nameless noise among all the others / Howling in the empty dark room."

note       Publiée le samedi 10 mai 2008

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    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Supernova !

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    HiM Envoyez un message privé àHiM

    Je découvre juste mais alors quelle claque!

    Note donnée au disque :       
    kama Envoyez un message privé àkama

    Les Professor Bad Trip (le 1er surtout) sont excellent aussi, dans le genre hysterique-dans-ta-gueule.

    Arno Envoyez un message privé àArno
    Un immense chef d'œuvre...
    Note donnée au disque :       
    Solvant Envoyez un message privé àSolvant
    Je ne connais que par brides, mais je ne vais pas en rester là.