Boddy / Rich › React

La musique de Robert Rich et Ian Boddy s’écoute avec une attention particulière tant les subtilités sonores et les modulations nuancées y sont nombreuses. Enregistré lors d’un concert en hommage au 30ième anniversaire de la célèbre émission radiophonique Star’s End, à Philadelphie le 16 Juin 2007, React est le 3ième opus du duo Anglo Américain. Une œuvre qui permet à Rich et Boddy d’explorer leur univers musical respectif, marinant ainsi les structures ambiantes et terrestres du synthésiste Américain aux rythmes séquencés des atmosphères métalliques de Ian Boddy.
Depht Charge ouvre ce spectacle avec un mouvement flottant aux ondes mouvantes et spectrales qui se moulent finement à la séquence cristalline introduisant Ice Fields de l’album Outpost (2001). Cette séquence est limpide et sautille sur une autre, truffée de percussions tablas et une légère pulsation basse qui frétillent sur une guitare aux strates envoûtantes. Un superbe titre qui éclate sur de bonnes percussions et une guitare plus mordante qui entraîne Ice Fields dans une dimension très Redshiftienne. Les séquences aux tintes vitrées se fondent dans les vapes tribales de Sojourn et sa flûte indigène qui souffle sur de brèves éruptions de percussions dans une mer de souffles éthérés. AxD bouillonne de libellules sonores qui croissent dans un univers métallique aux ondes réverbérantes. Le synthé y est intensément enveloppant et déploie de superbes strates statiques dans un monde aux sonorités hétéroclites qui se moule aux résonances échotiques de Veiled.
D’étranges pulsations métalliques moulent la cadence surréaliste de Slow Hand dont la structure sonore s’inspire de Ice Fields et Redshift. Un autre très beau titre qui trempe dans une atmosphère angoissante et un rythme aussi lourd que lent, qui s’échoue sur Messages et son univers ambiant lourd. Lithosphere est un titre plus enjoué qui charme avec un tempo léger et des séquences carillonnées sur une belle guitare aux solos enveloppants. Un très beau titre tiré de l’album du même nom paru en 2005, dont c’était la 2ième collaboration du duo aux sonorités avant-gardistes. Les premiers échos de Blue Moon sont teintés de prismes séquentiels envoûtants, sur une superbe flûte qui unira ses doux mouvements aux chants de sirènes dansantes dans le grand bleu. Un beau titre très poétique qui démontre l’absence de frontières entre Rich / Boddy, dont la recherche et la créativité sonore sont au cœur de leur vision musicale. Boucles synthétisées aux impulsions pulsatives, ourlant sur des percussions assommantes, React flirt avec l’ambiguïté sur un tempo indécis stratifié d’un synthé pénétrant aux diversités hétéroclites. D’ambiant, aux bourdonnements gutturaux sur ondes réverbérantes, le tempo se module auprès de fines séquences qui voltigent sur des cymbales déglinguées et une guitare aux solos déviants, complice d’un synthé tout aussi syncrétique. Un autre bon titre qui dépeint merveilleusement l’univers bigarré sur rythmes non définis qui se poursuit langoureusement avec Edge of Nowhere (Outpost) et sa guitare angoissante sur une fusion percussionnée de dosage métallique.
Cette 3ième collaboration de Robert Rich et Ian Boddy est du bonbon pour ceux qui aiment explorer des univers parallèles aux harmonies toujours attirantes. React est un opus complexe certes. Mais un opus grouillant de rythmes légèrement Redshiftien, dans des atmosphères superbement étranges. Un opus qui réussir à sortir de notre système de son des sonorités dont on en doutait la toute petite existante.