Melvins › Oven

Y’a pas à dire, les 45 tours, c’est formidable. Ca se balade souvent sans pochette et en très grand nombre, du coup, on les balance dans des cagettes pour les vendre à des prix croquignolesques, sans faire attention aux perles transbahutées à l’intérieur, noyées dans un bain de tourbe mêlant singles eurodance et techno-pop. Après les maxis de Fœtus, donc (d’autres arriveront), c’est parti pour une petite série de singles que le format cd, cet ingrat, n’a pas eu la décence de ressusciter. Pourtant, comme me le disait Wotzy récemment, le cd 2 titres est-il autre chose qu’un fac similé pour le vinyle 7 pouces ? Voilà donc un des premiers single des Melvins, tiré du chef d’œuvre nommé OZMA, également l’un des premiers avec leur mythique bassiste Lori Black. Et c’est l’occasion de se rendre compte que les Melvins sont tout aussi magiques en format court. Quelle claquasse que ce Oven, ultra-court, barbare et suant, laissant entrevoir un trou béant en son milieu où le chant de King Buzzo s’ébat seul à seul avec son inséparable batteur, avec les bruits de sa respiration et ceux des cymbales en guise de râles orgasmiques, avant que la basse et la guitare ne reviennent nous écraser la paroi la plus haute de l’âme à l’unisson. La face B (en 33 tours), Repulsion/We Reach contient également un trou d’air en son sein, un passage un apesanteur absolument incroyable commençant à 4min10, où la guitare nous souffle comme les pales d’un hélicoptère géant, ina Tom Morello style. La basse quasi slappée de Lori nous bastonne métalliquement, la batterie siffle comme un serpent à sonnette et la voix de Buzzo est juste impériale, oscillant entre son grognement de grizzli habituel et des intonations plaintives à la Dinosaur Jr. Ce mec semble tout droit sortir d’un comics, où il serait le bad guy ultime, comme sur la pochette… L’antithèse de la figure christique et immaculée que deviendra involontairement leur fan numéro un, qui commençait déjà a avoir plus de succès que ses mentors à l’époque...