Primitif, basique et parfaitement stupide, voilà en gros ce qu’on pourrait dire de ce skeud, mais ce serait omettre les adjectifs chiant et vain. Y’a pourtant un ex-Treponem Pal, une ex-Gothic et un ex-collaborateur de Stupeflip dedans... avec un tel cocktail je m’attendais à un peu plus inspiré je l’avoue. Fast Forward, bouh que ça fait peur, bouh qu’il y’a balle de bpm frénétiques que ça en deviendrait gabber l’air de rien – bouh surtout, que ça sonne comme du KMFDM/Ministry à la française : c'est-à-dire en plus gentil. Grosses guitares Rammstein, rythmiques hard tech saccadées et speed mais ultra-linéaires et dansantes juste ce qu’il faut, et deux chants sursaturés. Le criard masculin est pas terrible – déjà vu mille fois, Alain en a fait une institution de toute façon, donc j’aborde le truc avec un gros stock de "mouais". Et pourtant le hurlement prédominant, celui de la mignonne, est plus cool, plus aigu comme c’est une femme, plus agressif aussi, façon Lex Icon – se démenant dans l’hystérie avec un délice non feint. La mijaurée fait vraiment du bon boulot (jolie en plus, pour la peine je mettrai pas en dessous de 3 au disque) – même s’il faut dire aussi que la chirurgie de l’électronique fait des miracles, une voix au vingt-et-unième siècle ça se modifie à l’aise hein. N’empêche que je banderais presque avec ces conneries ! Bon, question massacre hardcore déluré déjanté etc etc façon claque-ton-chibre-sur-les-enceintes-avec-frénésie on a raté le coche et c’est bien con, on dira juste pour être coulant que c’est de la presque-boucherie, mais la recette manque d’épices, de bave aux lèvres, de réelle motivation dans le bourrinage bpm de boxeur échaudé – et un gars qui a déjà Making Orange Things dans sa besace est naturellement tenté de jouer les petits cons blasés. Au rayon tueries sympathiques donc, je sais pas… trois-quatre titres maximum, les plus cons et les plus rentre-dedans même s’ils sont quasiment tous identiques : "Flesh To Dust" et "Guerre Totale" peut être, avec l’appui des paroles ("Qu’est-ce que tu veux ? La guerre totaaale !!! Qu’est-ce que tu cherches ? Guerre totaaaaale !!!), ou le quasi-breakcore "Marudiat es Artebatia". Question originalités, on se permet un "Revenge" un poil médiéval, ou un "Sacrifice" plus dancefloor, mais rien de bien sensass. Ce qui est clairement visé par le trio : la violence. Ce qui est atteint : la cadence. Mais question tartes, pains, fougasses rassises dans ta face et autres joyeusetés, j’encouragerai le chaland à aller du côté de petits excités comme Atomsmasher pour un lattage en règle. Mabinogion n’est en réalité diversifié que par ses langues : anglais, latin, allemand, français ; on est plurilingue et ça se sent, mais question musique la monotonie s’installe vite, les gnons sont efficients puis gonflants - et pour peu que notre horloge soit de bonne compagnie, on ne ferait que la regarder et lui prier de faire tourner la grande aussi vite que la trotteuse. Mabinogion propose du ATR en plus raide et en moins gay, ou du Punish Yourself en un plus dark mais en plus monocorde surtout - donc vite saoulant, car une fois la première feinte lancée, on anticipe facilement tes attaques ma choute, pas la peine de refaire le coup du pom-pom chpadaboum cent-cinquante fois ! Heureusement, le dernier titre, lent et plombé, me laisse sur une bonne impression, en fait Fast Forward faut qu’ils fassent du gabber sludge pour que ça avance plus vite ahah. C’est quand même un peu con, l’inventivité je pensais que ça se préparait au début les gars, pas une fois qu’on a lancé la sauce l’air satisfait. Mmmmh… grmbmlbmlbml… Allez, je suis de bonne humeur, je serai pas trop cassant car tu as du potentiel bébé, et que tu peux faire beaucoup mieux je le sens, graisse les jointures et huile les soupapes, ta bécane peut aller plus vite et taper plus fort : je le sais, et j’y crois. En attendant, je me réécoute ta géniale reprise de "Der Mussolini", qui m’avait donné de plus grands espoirs. 3/6 pour ce Slim-Fast qu’on m’a vendu comme du Fast Forward.