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Rapeman › Two Nuns And A Pack Mule

cd • 14 titres

  • 1Steak & Black Onions
  • 2Monobrow
  • 3Up Beat
  • 4Coition Ignition Mission
  • 5Kim Gordon's Panties
  • 6Hated Chinee
  • 7Radar Love Lizard
  • 8Marmoset
  • 9Just Got Paid [reprise de ZZ Top]
  • 10Trouser Minnow
  • 11Budd
  • 12Superpussy
  • 13Log Bass
  • 14Dutch Courage

informations

Inclus le premier EP "Budd" en bonus track (quatre derniers titres)

line up

Steve Albini (guitare, chant), David Wm. Sims (basse), Rey Washam (batterie)

chronique

  • noise rock écorché

Métallique, acide et dangereux : voilà comment on pourrait résumer Rapeman. Second et sulfureux projet de Steve Albini, créé entre ses deux formations les plus connues avec l’aide du futur Jesus Lizard David Sims et de l'ex-Scratch Acid Rey Washam, Rapeman n’aura pas vécu plus de deux printemps, mais aura marqué les esprits avec ce seul disque. Plus agressif que Big Black, plus pervers que Shellac, "Le Violeur" fût en quelque sorte l’exutoire parfait pour le petit gars à lunettes, celui dans lequel il a pu lâcher ses idées les plus obscènes, ses plans les plus vils, son humour le plus pervers ou le plus débile (la reprise meurtrière du "Just Got Paid" de ZZ Top – un riff que je confond toujours avec celui de Walk This Way au passage - ou le fameux clin d’œil aux "petites culottes de Kim Gordon", le ‘love me tender’ qu’on l’entend lâcher à la fin de "Log Bass" ou ce "Hated Chinee" horriblement malsain), ses traditionnelles références aux démons de l’Amérique, ses allusions cruelles au show-business, ses anecdotes sur le microcosme indé, etc. Rapeman fut le groupe d’un seul album, un seul disque sur lequel trois reptiles dépravés se sont livrés à un véritable jeu de massacre post-punk, en injectant du venin dedans, en se torchant avec sans retenue. Si les riffs de Big Black sonnaient déjà comme le gémissement de la tôle découpée à la scie circulaire, ceux de Rapeman sont pire encore : de la limaille de fer dans les tympans, un pare-choc passé à la meuleuse, vous choisirez - à vif, agressifs, transgressifs, tranchants. Le son de guitare le plus grinçant imaginable, le jeu le plus tordu possible, imprévisible et dangereux. Chaque morceau fonctionne au gré des cassures, des fêlures, de l’instabilité en somme. La section rythmique laboure la tripaille, la basse de Sims gronde mais ne prédomine jamais, larguée derrière cette saloperie de guitare qui n’en finit pas de cracher sang et copeaux de zinc : Albini fait gémir le métal, les riffs sont littéralement en train d’agoniser, de couiner, de crisser comme la craie sur le tableau noir, comme des lames qu’on frotte l’une contre l’autre. Dans n’importe quelle direction, sous n’importe quel angle, quel que soit le style voulu ou le mouvement choisi, que ce soient les climax sonores ou les fractures rythmiques, les tours de force (monstrueux "Budd"), les dissonances, le chant énervé, tout dans ce disque sonne comme une défloration, une agression physique - un viol même, n’ayons pas peur des mots - et l’humour tordu du bigleux ne fait qu’en accentuer le caractère malfaisant. La première fois que vous l’écouterez il vous faudra pousser le volume étant donné la faiblesse de la production, il est même fort probable pour que vous trouviez que j’en ai encore fait des tonnes dans ma chronique, mais je suis prêt à parier que quand le disque finira vous aurez comme moi la même image en tête : celle de trois zicos dont il ne reste plus que des moignons en guise de bras. Rapeman rappelle aux jeunes insolents imberbes sans expérience et sans respect dans mon genre qu’avant d’être un sujet de discussion chez les geeks planqués derrière leur écran et leurs idées préconçues, Albini était un tueur, une brute épaisse, un fou furieux capable de mettre au tapis les plus coriaces. Comme autant de lames de rasoirs trempées dans le vinaigre et passées sous la chair de l’ongle, ces 14 titres laissent une odeur de soufre derrière eux. Two Nuns and A Pack Mule est mué par sa violence pernicieuse, ses accès de fureur, sa férocité, sa mesquinerie, sa méchanceté, son inventivité folle ; carnassier, colérique, sec comme un coup de trique, toujours alerte et taquin, toujours flippé et torturé. Albini, Washam et Sims jouent au chat et à la souris en bousillant leur matos, s’amusent et se font peur. Le noise rock aura rarement sonné aussi vicieux que sur cet album. Un groupe hostile. Un disque corrosif.

note       Publiée le jeudi 3 avril 2008

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Même feeling reptilien et ferrugineux, en version "rituel dans les catacombes".

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    commentaires

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    nicola Envoyez un message privé ànicola

    Le titre est une référence à Two acres and a mule (en fait c’était 40), ce qui était censé dédommager les esclaves américains ?

    Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

    Pour ceux qui veulent du rab de steak aux oignons, je vous propose en plat du jour Wood Goblin de Tad. C'est un peu plus copieux mais c'est la même filière de production (appellation Albini contrôlée) et la même période, en version T Bone. Bon appétit !

    Message édité le 14-01-2022 à 12:37 par Giboulou

    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Je m'aperçois, à retardement, être d'accord avec le commentaire d'Heirophant (datant de 2010). Je ne sais quelle conclusion en tirer. J'ai longtemps passé bien plus de temps à écouter les Big Black que celui-ci. Mais la tendance s'est inversée. Celui-ci trône, dorénavant.

    Note donnée au disque :       
    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Avec tout ce boucan j'avais jamais percuté que les paroles de Kim Gordon's Panties venaient direct de "Schizophrenia", sur Sister. Quel con ce Albini !

    cyberghost Envoyez un message privé àcyberghost

    Owi Killdozer, surtout les premiers !!!