Bola › Fyuti

La faune des lecteurs de Guts of Darkness, si sombre et expérimentale soit-elle, a au moins le mérite d'être variée : thrasheurs, goths de la première heure, mélomanes hédonistes, true nihilistes, suiveurs de la Secte de Berl... - pardon, de la Berlin School, true progueux, true black-metaleux... mais s'il y a bien une branche d'audiophiles qui manque cruellement, c'est celle des nerdz à cheveux ras, petit bouc et casquette, qui se trémousse sur du dubstep, IDM & dérivés, pour qui Faust n'est ni un conte allemand ni un groupe de Krautrock mais un langage de méta-programmation pour le traitement du son. Et pour les attirer, il va falloir chroniquer des poulains de Skam, Rephlex, Mego, de Jarring Effects, Mille Plateaux ou que sais-je encore. Du Quinoline Yellow, µ-ziq, Gescom... et du Bola. Chaque chose en son temps, et me voilà à nouveau surpris en train de mettre la note quasi-maximale à cet artiste aux visuels ultra-chiadés qui m'est très cher. Non pas que sa recette soit fondamentalement originale - electronica-ambient avec son lot de rythmiques complexes - mais la qualité du son et surtout son approche de l'émotion pure laisse sans voix. Entre deux titres ambient délicats et cotonneux (le groovy 'Vertiphon' et le très beau final 'Vm8'), c'est tout un paysage électro-trancey genre Plaid-sans-breaks ou Bjork-sans-Bjork qui se déroule dans nos oreilles enchantées, depuis certaines pièces juste gentillettes 'Tibular Vader', 'O,Chuma' jusqu'aux magnifiques et touchants 'Pae Paoe' et 'Magnasushi'. Cetains s'irritent parfois de la répétitivité de ses pièces ou de la ressemblance entre celles-ci ; je dirai pour ma part que cela sert simplement son projet, qu'il approfondit à chaque fois un peu plus sans forcément changer ce qui fonctionne.