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Suicide › Why Be Blue?

cd1 • 10 titres

  • 1Why Be Blue ?
  • 2Cheat Cheat
  • 3Mujo
  • 4Pump It
  • 5Last Time
  • 6Play The Dream
  • 7Chewy Chewy
  • 8Hot Ticket
  • 9Flashy Love
  • 10Universe

cd2 • 8 titres

  • 1C'est La Vie
  • 2Johnny
  • 3Mambo Mambo
  • 4Rock Train
  • 5Jukebox Baby '96
  • 6Dream Baby Dream
  • 7Night Time
  • 8On Fire

informations

Produit par Ric Ocasek.

Le deuxième disque - encore une fois offert par la réédition - est un live probablement capté avec un dictaphone enfoncé dans le cul d'un trapeziste tellement le son est infâme. Jamais réussi à l'écouter en entier, mais si toi tu as réussi, fidèle lecteur, n'hésite pas à en parler dans les commentaires (même si tout le monde s'en fout)

line up

Martin Rev (instrumentaux), Alan Vega (chant)

chronique

Pourquoi être bleu ? Parce que les schtroumpfs sont des gros shootés au méthylène, tout le monde le sait putain ! On savait que Vega et Rev étaient des gros comiques, mais sortir un album du nom de Why Be Blue avec une pochette rouge, fallait oser, c’était un peu comme la dernière provocation christique du duo le plus subversif de l’histoire du rock (une formule que je vais breveter) avant un silence radio de 10 ans. Et ne me croyez pas ironique quand je décortique le sens de ce titre mystérieux : si j’ai enfilé mon bleu de travail pour vous parler de Y B Blue et de son grand frère A Way Of Life, c’est dans l’espoir de piquer votre curiosité, douces mouettes, de vous amener à franchir la barrière du premier – ou tout au mieux – du second disque de Suicide. Mais on ne s’improvise pas découvreur de jeunes talents sans un minimum d’effort de documentation et d’archives, c’est pourquoi j’ai concocté un petit récapitulatif historique avant d’entamer les hostilités - que vous puissiez un petit peu situer le contexte… Nous voici donc en l’an de grâce 1992, année des Psalm 69 et autres Last Rights. Tandis qu’une nouvelle génération de Micromachines toutes plus dangereuses les unes que les autres émerge dans le domaine déjà bien usé du rock indus et de l’electro flippée (Ministry, Skinny Puppy, je prends les noms au hasard bien sûr), les deux vieux brigands les ayant enfanté sont toujours dans le noir, dans leur petit cabanon, à bidouiller, sachant bien que les jolies Micromachines sèment peste et récoltent chaos tout autour d’eux mais qu’aucune d’entre elle n’échappe à la règle mathématique qui veut que toutes soient rattachées – d’une façon ou d’une autre - aux deux éponymes de Revega, la matrice indiscutable de leur univers. Devant toute l’insolence et l’arrogance de ces bad boys, Alan et Martin auraient pu succomber à la tentation ultime : sortir l’artillerie lourde, y aller au lance-flamme smack my bitch up avec production massive et grosses guitares atomiques, tout faire péter quoi. Mais nan. Fidèles à leur ligne de conduite et à leurs vieilles bicoques, les tontons flingués ont sorti un disque tout chétif, tout étouffé, presque imperceptible, avec une prod mes aïeux, mais une prod… Pour n’importe quel groupe elle aurait été indigne, mais pour Suicide, c’est un cadeau, un handicap de plus sur leur dos, un enfoncement pour une élévation, un des enregistrements les plus aberrants qui soient. J’y pense à l’instant, mais c’est vrai qu’on parle souvent de la production quand on a pas grand-chose à dire dans une chro. Parlons un peu de la production de Why Be Blue, plus précisément du remaster, si vous le voulez bien, différente du boulot d'origine (plus new wave) effectué par Ocasek. Sur la version actuelle, le son de Suicide est engoncé dans la plus profonde des tourbes, franchissant la frontière qui sépare habituellement le "merdique" du "plus que merdique". Les sons de synthé et la voix de Vega en reviennent amoindris, étouffés, asphyxiés. Et quand je dis asphyxiés, le mot est faible : on est obligé de mettre le volume à fond pour percevoir les nuances, et malgré la reverb exagérée et marque de fabrique de Suicide (qui nous donne par moments l’impression que le duo a été obligé de jouer enfermé à l’intérieur d’un silo nucléaire), tout cela sonne recroquevillé, bâillonné, les mélodies sont tuées dans l’œuf, elles résonnent sous un matelas, la voix nage dans le conduit d’évacuation des chiottes, condamnée à faire de la psychose en apnée libre, les pitchs slaloment tant bien que mal dans une boîte à godasses… le traitement est tellement pourri que tragiquement la voix et les instrus finissent par coaguler, par faire du 2 en 1 : ça devient comme un smog qui enveloppe l’auditeur si tant est que sa chaîne puisse permettre un volume assez conséquent pour le ressentir comme tel. Les mélodies sont vaporeuses, moites et volatiles, comme un nuage de méthane qui s’épaissit et s’estompe en même temps… c’est frustrant, agaçant, ça gonfle rapidement… donc c’est génial, dans un sens, car il s’agit de Suicide et que Suicide a pour motif de d’abord t’emmerder pour ensuite te faire triper sec. Question contenu je serais bref comme le détergent du même nom : il y a des perles et des trucs moins excitants, mais ça reste du tout bon, croyez-en le corbeau. De but en bleu je citerais "Why Be Blue", un machin disco bien putassier et mortel fait pour les pistes d’autoscooter ou les soirées karaoké, sur lequel Vega chante comme un Daffy Duck sous amphètes, "Flashy Love" et "Universe", qui sont des bombes new wave en puissance, mais des baudruches fluo remplies d’orange pressée en action, ou "Play The Dream", de la house faite par Suicide pour botter le cul imberbe des Pet Shop Boys, ou encore "Mujo", un des freaks les plus inestimables du combo, une espèce de grumeau tout moche dans le conduit de l’aspirateur, abstraction cold wave hyper cheap et débile mais sublime, comme l’était "Mr. Ray" douze ans avant. Le son fait des vagues sur "Cheat Cheat", Rev joue à la locomotive en plastoc sur "Pump It", les deux lascars ne sont pas encore soignés et n’ont que faire de la modernité et des nouvelles technologies prodiguées par la NASA, préférant le grille-pain au thermonucléaire, l'ULM au concorde, la supernintendo à l'accélérateur de particules, au point de sonner régressifs et de revenir éphémèrement à leurs premiers amours glacés sur "Chewy Chewy". Pour ce quatrième album, Suicide a joué la carte de la strangulation, du condensé, sa cold pop minimale est devenue une dance vaguement technoïde aux allures de vieille traînée à même de mériter le caniveau pour faire le tapin, une machine à tube discopop étouffée dans son vomi, un bug système sans conséquence qui n’intéressera pas grand monde de toute façon, et c’est tant mieux parce que les disques comme celui-là, on aime les garder pour soi.

note       Publiée le samedi 22 mars 2008

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Ca donne vraiment un nouveau sens à l'expression "prod de merde". C'est merveilleusement déguelasse. Et puis "Play the Dream" est une pépite pop de plus. Suicidez-vous, encore et encore.

    Nicolas_Brulebois Envoyez un message privé àNicolas_Brulebois

    Excellent article, bravo !

    Re-parler de Why Be Blue en 2008 : il fallait être sacrément motivé !

    Vous ne le mentionnez pas dans votre papier, mais la version du disque ici chroniquée est en fait un total remix effectué par Martin Rev (dans le dos de Vega, semble-t-il), qui a eu pour effet d’aboutir à ce son bizarroïde et enfoncé sous les effets paranormaux. Les titres originaux étaient extrêmement différents de ceux que l’on peut entendre sur cette version-ci du CD, et je vous conseille de les découvrir, pour constater la différence : selon les sensibilités, on peut parler de bénédiction ou de massacre ; à voir.

    De mon côté, contrairement à vous, j'aime assez le CD bonus qui accompagne la réédition: 5 inédits sur 8 titres en concert, c'est le meilleur moyen de frustrer les fans sur le coup mais de faire, a posteriori, des lives intéressants. D’autant qu’il ne s’agit, pour la plupart, pas réellement d’inédits quand on connaît bien la discographie du groupe ou ses ramifications parallèles : C’est La Vie est une réplique de Dominic Christ avec d’autres paroles, Night Time était déjà joué live en 79-80, et On Fire a été repris par Vega en solo sur plusieurs pirates, souvent re-titré « Sexy » pour l’occasion. Bref : ce sont des histoires de « puristes »… mais intéressant, tout de même, pour constater l’évolution live de leurs idées musicales sur le long terme...

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar
    on a les merdes qu'on mérite
    Note donnée au disque :       
    Solvant Envoyez un message privé àSolvant
    Quelle honte d'avoir pendu cette merde de Willis à (ce pas fameux, mais bon quand même) Suicide. Vraiment des fois Raven...
    Note donnée au disque :       
    torquemada Envoyez un message privé àtorquemada
    Ecouté il y a longtemps, j'en garde pas un souvenir extraordinaire.