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Pistes 1-11 : Power Station Studios, NY 1979. Piste 1-10 enregistrées par Michael Zhilka en 1980. Piste 12-13 enregistrées aux Right Track Studios, NY 1979. Produit par Ric Ocasek.
Martin Rev (instruments), Alan Vega (chant)
La seconde pochette est celle de l'édition originale. Le titre de l'album n'a jamais été clair : "Suicide - Alan Vega and Martin Rev", ou "Alan Vega · Martin Rev" ou signé Alan Vega & Martin Rev et titré "Suicide", il est aussi appelé plus prosaïquement "The Second Album". La première pochette est une photo datant de 1972, à l'époque où Vega et Rev étaient des hippies (presque) comme les autres. Vous noterez également que cette réédition présente une anomalie dans l'ordre des titres: à l'origine "Harlem" était la piste 6 et "Touch Me" la piste 5. Les trois (excellents) derniers titres du premier disque font office de bonus, mais, surtout, la réédition inclus un second disque: "The First Rehearsal Tapes", intéressante compilation de vieilles démos avec un son des plus ignobles (Wesley Willis c'est du dolby surround à côté, pour vous donner une idée). Une bonne façon de découvrir ce que le groupe - né en 1970 - faisait déjà avant le premier disque. On pourra par exemple trouver la genèse de "Ghost Rider" dans "Sneakin'Around".
On parle tout le temps du premier album de Suicide. Que voulez-vous, les gens sont restés bloqués dessus. Bloquer sur le premier Suicide, pour moi, c’est un peu comme se focaliser sur le premier Velvet Underground au détriment du second… Vous saisissez ? Le manifeste du duo le plus subversif de l’histoire du rock a été hissé au rang d’oeuvre culte, fondatrice. Si on peut affirmer en étant un peu cavalier que l’épo numéro uno n’a pas toujours eu le succès et la reconnaissance qu’il mérite - et ce malgré sa canonisation - en comparaison, ce numéro deux fait carrément figure de victime, et a forciori les A Way Of Life et Why Be Blue qui suivront, tous excellents. En fait, pour tout vous dire, le fait qu’il ait été injustement boudé au profit de son prédécesseur décuple le plaisir qu’on a à l’écouter. Par pur égoïsme. Né dans l’ombre de son frère meurtrier, il montre un visage différent, plus mélodieux et en même temps plus pervers. En comparaison la production de Ric Ocasek (chanteur des sublimes Cars) en fait un album au son plus clean, plus "radio" (bien que cet adjectif ne signifie pas grand chose pour Suicide m'enfin bon), plus dans les tons new wave de l'époque, qui offre une liste ininterrompue de tubes échappant au temps, qui gardent en même temps ce cachet propre au duo Revega : les boucles minimales et anorexiques de Martin Rev, la magie qu’il créé à partir de rien – en parfait bricoleur et bidouilleur autiste, et puis en guise de nappage de sucre glace sur cette jolie crêpe bleue, la voix de Vega, souvent déformée, toujours plus possédée - Elvis mode psychopathe ou Iggy version Clockwork Orange, c'est selon - qui fait des bons, des pirouettes, qui se contracte et s’étale, tangue comme un démon dans le flipper, langoureuse, insolente, perverse. Le phénomène n’a pas abandonné ses gimmicks déjà vieux de dix ans : il glapit, et balance ses fameux "wouh !!!" accentués par la réverb qui contribuent au charme hypnotique de Suicide. De ces treize pièces faites de bric et de broc (dont trois offertes par la généreuse réédition de Mute) se dégage une beauté rare, un truc magnétique absolu, vaudou. De l’introduction bubblegum "Diamond, Fur Coat, Champagne" au final d’origine "Dance" avec ses voix d’aliens shootés à l’hélium, on passe par plusieurs standards, que je pourrais tous vous citer : "Shadazz" (sweet sexy laaady), la cold wave obsédante de "Mr Ray", entre Captain Beefheart et Kraftwerk, qui distille un charme vénal au rythme des claps-claps, ou "Harlem", disco-indus flippé, et bien sûr les chansons d'amour 'à la Vega' : la sublime "Sweetheart", cotonneuse et exotique, romantique et chimique avec ses synthétiseurs-grenadine, ou "Dream Baby Dream", une bien jolie variation de l’inoubliable "Cheree". Les mélodies de Rev, toutes cheap et rabougries, aussi stupides que fascinantes – uniques, surtout - font naître de ces moments de magie qui ne tiennent à rien ou presque : un petit bout de synthé, une pulsation merdique, et on emballe. Plus de gloss dans la petite machine qui vibre, plus de rimmel dans la voix de Vega, des titres plus différenciables, plus assimilables, oui, définitivement un meilleur album que le premier. Mon petit atoll poppy lumineux au cœur de l’industrie grisâtre. Mon jukebox rien qu'à moi. Na.
note Publiée le vendredi 21 mars 2008
Note moyenne 21 votes
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Je n'arrive pas à ne pas entendre le fantôme de Mr Arafna dans ma tête quand j'écoute Dance (particulièrement celui typé vocifération du genre Für Immer).
J'aime beaucoup "Fast Money Music" et "Touch Me" mais c'est pas aussi fort que le 1er.
Les "First Rehearsal Tapes", ça s'écoute pas tous les jours, mais quand on s'y met en contemplant des photos du NYC des seventies, bonjour l'ambiance.
Oh ouiii c'est vrai qu'il est classe ce concert! Je pensais en fait aux concerts de cette periode 70's, mais en dehors du concert ajoute a la reedition du premier album y'a pas grand chose malheureusement...merci Frankie N6 :)
Le live fourgué avec "A Way of Life" est vraiment bien.