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Randy Greif › Alice in Wonderland

cd 1 • 12 titres

  • 1The Rabbit Hole
  • 2Down
  • 3Curiouser And Curiouser
  • 4She Looked Down At Her Feet
  • 5Who Am I, Then?
  • 6How Doth The Little Crocodile?
  • 7Every Golden Scale
  • 8Gently Smiling Jaws
  • 9Growing Small
  • 10A Pool Of Tears
  • 11A Queer Looking Party
  • 12Silence All Round

cd 2 • 14 titres

  • 1A Caucus Race
  • 2Prizes! Prizes!
  • 3Only A Thimble
  • 4Hand It Over Here
  • 5In The Distance
  • 6Ferrets Are Ferrets
  • 7A Shower Of Pebbels
  • 8A Shower Of Pebbels (Revisited)
  • 9Who Are You?
  • 10You Are Old Father Williams
  • 11Three Inches High
  • 12Serpent
  • 13The Fish Footman
  • 14Ballad Of The Frog Footman

cd 3 • 10 titres

  • 1Sneezing And Howling
  • 2Speak Roughly To Your Little Boy
  • 3A Handsome Pig
  • 4I'm Mad, You're Mad
  • 5Dog
  • 6A Grin Without A Cat
  • 7I Sleep When I Breathe
  • 8Tea Tray In The Sky
  • 9Treacle
  • 10The Cool Fountains

cd 4 • 11 titres

  • 1This Grand Procession
  • 2You Shan't Be Beheaded
  • 3What A Pity
  • 4A Very Difficult Game, Indeed
  • 5A Furious Passion
  • 6The King's Argument
  • 7Shall I Try The Experiment?
  • 8The More There Is Of Mine, The Less There Is Of Yours
  • 9What Fun!
  • 10Mock Turtle
  • 11Laughing And Grief

cd 5 • 13 titres

  • 1Sobs Choked His Voice
  • 2The Whiting
  • 3The Voice Of The Slugger
  • 4Beautiful Soup
  • 5Twelve Creatures
  • 6Nervous Or Not
  • 7Witness
  • 8The Accident Of The Goldfish
  • 9A Mile High
  • 10An Atom Of Meaning
  • 11Off With Your Head!
  • 12One Hundred Fifty Invisible Horses
  • 13The Dream Of Wonderland

informations

Les CDs sont sortis à l'origine séparément sur Staalplaat entre 1991 et 1993 dans de luxueuses éditions limitées, avec des enveloppes et un jeu de cartes. La réédition chez Soleilmoon comprend une carte de jeu par CD et tous les artworks ont été refaits pour l'occasion.

line up

Randy Greif

chronique

  • audio book expérimental > alice in ?d23[

Pour fêter dignement ma deux-centième chronique, je ne résiste pas à vous faire partager ce chef-d'oeuvre aussi ineffable que méconnu, et qui glorifie le mot 'expérimental' dans 'sombre et expérimental'. Etant fan des aventures de la blondinette candide et loquace depuis un certain nombre d'années, j'ai pu rencontrer de nombreuses versions du conte aussi étranges que surprenantes (même Disney n'a pas dénaturé sa bizarrerie profonde, c'est dire la puissance de l'oeuvre), mais aucune ne m'avait préparé à l'ahurissante dissection sonore que Randy Greif, acousmaticien et spécialiste du collage musical et vocal, préparera sur plusieurs années pour sortir CD par CD de 1991 à 1993 sur Staalplaat ; ces derniers ayant eu la gentillesse de rééditer le tout dans un seul coffret. En cherchant ça et là à en savoir plus sur l'objet, je suis tombé sur beaucoup de confrères qui décrivent le tout comme une version 'ambient et abstraite' de l'oeuvre, sans trop en dire plus. Mais mes aïeux, ont-ils écouté la même chose que moi ? Tâchons de décrire ce 'Alice in Wonderland' : il s'agit de l'oeuvre originale dans son intégralité et jouée par des voix inconnues (Randy Greif est parti d'une interprétation obscure trouvé en glanant une brocante), dont les saynètes ont été éparpillées sur un paysage sonore de six heures, rien que cela. Chaque chapitre est donc vécu de l'intérieur et en temps réel (le dernier CD couvre le procès sur plus d'une heure !) et à chaque section correspond un environnement sonore dédié. Et c'est sur le jeu de renvoi entre les voix et le son que la magie se fait : il y a d'une part les dialogues, intelligibles et plutôt bien récités (et puis l'accent british maniéré, c'est toujours la classe), et de l'autre leur écho tordu, rallongé, amplifié, et noyé dans un fond d'une immense richesse, mêlant allègrement cordes et orchestres, électroacoustique, percussions tribales, rythmiques industrielles, field recordings, si bien qu'on se retrouve noyé dans un cauchemar acousmatique proche de ce qu'aurait pu donner un 'livre audio' qui aurait été commandé aux Residents, Nod, Vladimir Ussachevsky, Pierre Henry, Illusion of Safety et Deutsch Nepal, chacun s'acharnant à rendre sa scène plus bizarre que la précédente. Cette joyeuse guirlande protéiforme élude aussi un autre problême : celui de la cohérence. Alors que la plupart des interprétations d'Alice s'acharnent à rester plus ou moins fidèle à l'oeuvre originale, Greif se l'approprie sans honte, déchiquette la trame pour y injecter ses collages, et va jusqu'à déformer les dessins originaux de Sir John Tenniel pour en faire des variantes tchenobylesques qui se noient dans des abstractions nauséeuses à l'intérieur des livrets. Et au lieu de rendre le Pays des Merveilles merveilleux, il nous livre une version mutante, torve et absurde, qui ne renvoie pourtant qu'au point de départ en le sublimant encore plus, si besoin était. J'ai dit torve, et non pas glauque et il y a une raison à cela : il ne s'agit pas de faire une version 'dark' d'Alice comme on en voit dans le visual kei ou dans la version d'American McGee ; mais bien de le magnifier avec une loupe déformante, de le rentre totalement immersif et dangereux car fou et imprévisible. Il commence plutôt calmement sur les deux premiers disques, laissant paraître une bande-son riche et imaginaire parsemée de moments beaucoup plus noirs ('You are old Father Williams' qui sort tout droit de 'The Drift' de Scott Walker) mais plus on s'enfonce dans le terrier du lapin et plus le réel se fait remarquer par son absence. Les sons sont de moins en moins reconnaissables, les boucles s'allongent et prennent plus de temps à installer leur maudite ambiances, souvent par le biais de percussions (le trio 'A grin without a cat', 'I sleep when I breathe' et 'Tea tray in the sky' qui totalise 32 minutes), mettant l'auditeur dans un état latent, presque comme dans une transe où les voix réapparaissent spontanément ; crevant la torpeur pour mieux régénérer la bulle onirique dans lequel on est balloté bon gré mal gré. Et les problèmes commencent réellement sur le quatrième disque, qui s'ouvre sur l'angoissante arrivée de la procession royale sur le terrain de crocket et qui flirte avec le mauvais rêve jusqu'à la montée dissonnante de 'A furious passion', avant de replonger dans l'espèce de trouble caractéristique de l'ensemble. Pour finir, Randy Greif a eu la présence d'esprit de donner toute sa portée au chapitre du Procès (suite à vol de tartes par le Valet de Coeur) en mettant en évidence le paroxysme de non-sens que représente ce final épique. On a même droit à une session jazzy-lounge au début de l'audience ('Twelve creaturres') avant de plonger dans une sorte d'indus rituelle ('Witness'). Alice... Alice Alice... Alice... Alice Alice... répète inlassablement le lapin blanc. S'ensuit une chute abstraite qui semble venir du 'Livre des Morts tibétains' de Pierre Henry et qui nous projette vers une contrée encore plus caverneuse et déstabilisante. Par moment même les dialogues s'enlisent dans le fond, comme si l'attraction du vide déformait la réalité interne du rêve qui semble ne jamais finir... et je laisse un peu de suspense sur le final. Malgré le déballage de comparaisons, dont certaines sont complètement anachroniques, tout le décor est signé Randy Greif et sa singularité n'est pas prête d'être détrôné de sitôt. Concernant la taille conséquente de l'oeuvre ("Ce n'est pas elle qui est trop longue mais vous qui êtes trop courts", rétorquerait Jean Cocteau qui aurait sûrement adoré cet objet par ailleurs), certains préfèreront découvrir disque par disque tandis qu'il y aura toujours quelques allumés pour s'enfiler les six heures d'une traite - mais pour ceux-là, je tiens à leur résumer l'exposition prolongée avec une dernière citation (et comparaison latente) tirée d'Absinthe de Naked City, en deux mots : "...rend fou".

note       Publiée le jeudi 13 mars 2008

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    Kagoul Envoyez un message privé àKagoul

    Mdr mrinquisitor ! mais je l'ai ce disque en plus :-) Tiens faut que j'essaie le trip aussi ^^ (enfin je veux dire l'écoute)

    Raudus Envoyez un message privé àRaudus
    avatar

    Fait moche, fait froid. Un buvard et hop, terrier!

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Quelle oeuvre d'exception; dommage que ça se tasse un peu sur la durée. Mais les deux premiers disques sont tarés. (Je suis le seul à ne pas mettre 6/6, ça pose l'oeuvre).

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    DummyCT Envoyez un message privé àDummyCT

    Ha ouais quand même… Je suis tombé par hasard sur cette chronique, et après avoir écouté 5 morceaux tout au plus sur youtube, le cd était commandé. Hé bin franchement, entre ce quintuple album formidable et un billet pour Killing Joke, on pourra dire que j'ai passé un bon Noël !

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    Thomas Envoyez un message privé àThomas

    Me semble qu'il y a eu récemment une réédition : http://www.amazon.fr/Alice-Wonderland-5cd-Box-Se/dp/B001GBHU7S/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1294939122&sr=1-1