Gianluca Becuzzi › Memory Makes Noise

Gianluca Becuzzi n'est pas un petit nouveau sur Guts ni sur la scène italienne puisqu'il est à la tête de Limbo mais a aussi posé sa patte sur certains Kirlian Camera, a chanté pour Pankow et autres groupes de la même sphère. Il officie aussi seul avec un étrange projet minimaliste influencé par Alvin Lucier sous le nom 'Kinetix' dont je vous parlerai sûrement dans de prochaines chroniques. Pour finir, sous son patronyme, voilà qu'il se livre à des expériences des plus déroutantes dans une pièce électro-acoustique d'environ une heure, où semblent se mêler la topographie de Zbigniew Karkowski et la poésie d'un Luc Ferrari dans un paysage blanc mais jamais vide, a la frontière d'un délire spatial, d'un rêve diaphane et d'une route perdue, dont les seules balises sont les quelques voix, instruments étirés à l'extrême et drones ainsi que certains passages récités (rappelant Jarboe) mettant en abyme sa propre conception du son et de l'effet souhaité. Parfois, c'est l'ineffabilité d'un Pierre Henry qui prend le dessus sur certaines 'chutes' dans le vide, avant de se faire happer par un autre courant, beaucoup plus glacial, qui nous ramènera heureusement à bon port sur la fin. Pour en finir avec le name-dropping, je ferai aussi le rapprochement avec l'aspect à la fois sublime, faussement inerte et réellement imprévisible du Hafler Trio. Mais au delà de toutes ces références, Gianluca Becuzzi n'a rien à prouver à personne au vu de son expérience et de son talent - profitons-en pour apprécier.